LES SYMBOLES ET LES AMULETTES

Les égyptiens prêtaient aux amulettes des vertus apotropaïques. Les vivants les portaient en pendentif pour se protéger contre le mauvais sort, les maladies, les dangers divers. Elles étaient placées entre les bandelettes des momies afin de protéger le défunt dans l'au-delà.

Chaque amulette a une fonction particulière :

La croix "Ankh": la vie et le souffle de la vie; le signe est aussi utilisé pour représenter la notion de serment, car donner sa parole, c'est engager sa vie et trahir sa parole, c'est perdre la vie. L'amulette ankh est le symbole de la vie éternelle.

Ba : permet au mort d'augmenter ses facultés physiques après la mort. Le "bâ" est un des éléments composant l'être. Il permet au défunt de quitter son corps momifié sous la forme d'un oiseau afin de se déplacer librement hors de sa tombe.

Barbe postiche sous le menton de Pharaon : pareille à la barbe d'Osiris, elle symbolise l'éternité

Ceinture : les ceintures sur les hanches sont un symbole érotique, un symbole de la sexualité féminine ( de même que les coiffures, les feuilles de liserons, lotus, instruments de musique…)*

Ceinture  : La ceinture rouge peut-être le symbole du Nil rouge qui fait suite au Nil vert, le tout étant la première phase de l'inondation. (Richard WILKINSON 'The Complete Gods and Goddesses of Ancient Egypt page 144')

Chevet ou appuie-tête permet au défunt de redresser la tête et de s'éveiller de nouveau à la vie.

Cobra dressé ou "Uræus" : dont le souffle repousse les ennemis; l'oeil-cobra protecteur de Rê, attribut royal par excellence, garantit la protection du défunt dans l'au-delà tout en l'assimilant à un roi. La déesse-cobra, qui est l'oeil du Soleil, se dresse sur le front du roi et brûle de son regard les ennemis du roi.

Fleur de Lotus: c'est le symbole de la naissance d'Atoum, Dieu du Soleil. La fleur de lotus émerge du Nou ou Noum en même temps que la colline originelle. Le lotus est identifié au Dieu Néfertoum

Fouet : ( généralement tenu par Pharaon ou Osiris) insigne de l'autorité

Noeud : symbole puissant qui unit les forces positives et repousse les maléfices. Des bijoux (bracelets noués et ceintures) servaient à la fois de décoration et de protection pour les femmes en age de procréer* - "De nombreuses formules destinées à éviter des fausses couches étaient récitées sur des tissus noués que l’on plaçait dans le vagin comme une sorte de tampon : « Anubis est venu empêcher l’inondation de piétiner ce qui est pur, la terre de Tayt. Prenez garde à ce qui s’y trouve. Cette formule est à réciter sur la frange d’un tissu yaat avec un nœud dedans. A appliquer à l’intérieur du vagin ». Cette formule prend tout son sens si l’on considère que l’inondation évoquée fait écho au flux de sang d’une hémorragie possible. Tayt était la déesse du tissage. Le noeud était le symbole puissant qui unissait les forces positives et repoussait les forces maléfiques". (*Lynn Meskell - Vie privées des Egyptiens – p.89)

Noeud d'Isis ou noeud-tit : symbolise la force d'Isis et sa magie. C'est à l'aide des noeuds d'un cordon qu'Isis a redonné vie à Osiris comme le mentionne le Texte des Pyramides : " Isis et Nephthys ont utilisé leur magie sur toi avec les noeuds d'un cordon, dans la ville de Saïs...". L'amulette est en jaspe rouge, couleur du sang d'Isis. Elle possède un pouvoir protecteur : "Tu as ton sang, Isis; l'amulette qui est la protection de ce grand dieu, qui réprime celui qui lui cause du tort" (chapitre 156 du Livre des Morts).

"Symbole de la déesse représentant peut-être un noeud de ceinture rouge. Il évoque le sang et le pouvoir magique d'Isis (chapitre CLVI du Livre pour sortir le Jour) et est considéré comme la contrepartie féminine du pilier djed d'Osiris. Il constitue une puissante amulette protectrice."

Obélisque : les rayons du soleil et la chaleur

Oeil d'Horus "Oudjat" :  le symbole de la plénitude physique, de l'unité, de la santé. L'oeil d'Horus permet au défunt de retrouver son intégrité corporelle après la mort. Elle est en lapis-lazuli, en agate ou jaspe rouge. L'origine de cette amulette vient des violents combats qui opposèrent Horus à Seth pour la royauté d'Egypte. Ce dernier arracha l'oeil de son neveu et le cassa en six morceaux. Mais Thot, grâce à sa magie, le reconstitua intégralement, permettant à Horus de retrouver toutes ses capacités.

Pilier "Djed" : la durée et la stabilité. L'amulette du pilier djed symbolise la stabilité et la durée. Le pilier djed était associé initialement à Ptah et à Sokaris avant d'être un symbole osirien. Il représenterait le tronc d'arbre ébranché où fut retrouvé le corps d'Osiris à Byblos ou sa colonne vertébrale.

Plume d'Autruche: sert d'emblème à la déesse Maât et sert aussi à écrire le nom du Dieu de l'air, Shou

Némès : Coiffure dont les rayures, symbolisant les rayons du soleil, mettent probablement en valeur son aspect solaire; strict privilège du roi, aucun autre homme ne peut la porter. 

Queue de taureau : symbole divin que le roi porte à la ceinture.

Le Scarabée "Khéper" : symbolise l'existence

La plus importante est l'amulette du scarabée posée près du coeur, le siège de la conscience. De couleur vert sombre (feldspath, serpentine, obsidienne) comme les reflets de la carapace du scarabée, elle est le symbole de la résurrection . Souvent les gros scarabées comportent une inscription du Livre des Morts pour le jugement dernier qui appelle le coeur à ne pas témoigner contre le défunt devant le tribunal divin : "O mon coeur de ma mère, viscère de mon coeur de mes différents âges, ne te lève pas contre moi en témoignage, ne t'oppose pas à moi dans le tribunal, ne montre pas d'hostilité contre moi en présence du gardien de la balance!...N'imagine pas de mensonges contre devant le grand dieu maître de l'Occident! Vois : de ta noblesse dépend d'être proclamé juste" . Parfois même les égyptiens remplaçaient le coeur impure par un scarabée symbolique chargé de témoigner à sa place.

L'amulette du coeur permet au défunt de renforcer ses capacités intellectuelles et recouvrir la motricité de ses membres.

Le nom du scarabée () se rapproche du verbe "devenir, venir à l'existence" (). C'est peut être cette assonance qui a déterminé le choix de cet insecte comme symbole de résurrection et comme déterminatif du verbe . Mais les égyptiens avaient également observé que le scarabée pousse devant lui une boule d'excréments dans laquelle naissent ses larves. De cette image de l'être qui s'engendre, naquit le dieu Khépri, scarabée céleste qui pousse entre ses pattes l'astre solaire qui donne la vie. Khépri fut rapidement assimilé au dieu Rê à son lever, astre en devenir.

Sceptre "ouadj" : appelé aussi "tige des millions d'années". Caractéristique des divinités féminines. Formé par une tige de papyrus et son ombrelle.

Sceptre "ouas" : caractéristique des divinités masculines. Bâton, dont l'extrémité inférieure est fourchue et qui est surmonté d'une tête animale, est le symbole de la puissance divine. La forme de sa tête l'associe au dieu Seth. (glossaire du Musée du Louvre) Il est symbole de pouvoir et de domination : le sceptre Ouas dérive d'un bâton fourchu destiné à attraper les serpents.(Ministère de la Culture- base Joconde)
Sceptre "nekhakha" : sceptre en forme de chasse-mouches, emblème du dieu Osiris, est aussi porté par le souverain dans les scènes rituelles ou funéraires. (glossaire du Musée du Louvre)

Sceptre "heka" en forme de crosse : le roi guidant son peuple; c'est le bâton de berger, la houlette qu'il utilise pour guider son "troupeau", son peuple. Le symbole sera transmis à l'Egypte médiévale et deviendra la crosse des évêques.  Il personnifie l'énergie vitale et symbolise le gouvernement et la bonne tenue du peuple. Ce sceptre est connu pour être, avec le fouet Nekhekh l'un des attributs principaux d' Osiris
 

Tige de papyrus ou "ouadj": symbolise la verdeur, la vigueur et permet au corps de rester jeune. Elle est de couleur verte (feldspath) comme la végétation.

Vautour "Nekhbet": la déesse protectrice du Royaume du Sud

Les symboles érotiques : les feuilles de liseron, le lotus, la ceinture portée par les femmes, les lourdes perruques, les symboles hathoriques, le maquillage,le pot à khôl, les instruments de musique, le collier ménat, les miroirs*

Les amulettes représentant des divinités permettent au défunt de bénéficier de leur protection et de leur pouvoir. Les plus fréquentes sont les amulettes d'Hathor, de Rê et des dieux et divinités aux fonctions funéraires : Horus, Anubis, Isis, Nephthys et les quatre fils d'Horus chargés de protéger la momies et ses vases canopes.

Les amulettes reproduisant des emblèmes royaux permettent au défunt d'acquérir une part de la puissance royale et lui donne une garantie supplémentaire de vie après la mort puisque la résurrection était à l'origine uniquement réservée au roi.

Les effigies des animaux permettent au défunt de bénéficier des vertus et des forces de ceux-ci. De plus les animaux sont souvent les hypostases d'un dieu. Les plus représentés sont la vache (Hathor), le serpent (Rê), la chatte (Bastet)  la lionne (Sekhmet), la grenouille -incarnation de la déesse Heket, divinité qui préside aux naissances- (la résurrection est considérée comme une seconde naissance).

Exemple des amulettes retrouvées sur la momie de Djeher (XXXe dynastie) à Abydos :

A l'extérieur des bandelettes :Scarabée aux ailes déployées; Noeuds-Tit; Piliers-Djed; Amulette de coeur Horus, Anubis, Hathor, Isis, Nephthys; les quatre fils d'Horus

A l'intérieur des bandelettes :Amulette du coeur; Chevet; Piliers-Djed; Scarabées; Yeux-Oudjat; Disque solaire; Noeuds-Tit Isis, Horus, Rê assis, Nephthys
 

Eric Hornung – les dieux de l’Egypte l’un et le multiple

Dictionnaire de la Civilisation Egyptienne - Rachet Guy - Larousse

Desroches - Noblecourt Christiane : Amours et fureurs de La Lointaine : Clés pour la compréhension des symboles égyptiens- Editions Stock/Pernoud - 2000 -

Desroches - Noblecourt Christiane : Lorsque la nature parlait aux Egyptiens - Editions Philippe Rey - 2003

 
Meskell Lynn:  Vies privées des Egyptiens - Nouvel Empire 1539-1075 -  Editions Autrement - 2002*

Desroches - Noblecourt Christiane : le fabuleux héritage de l'Egypte - Editions Telemaque - 2004

Bibliographie spécifique aux amulettes et symboles:

BUDGE E.A. Wallis, Amulets and Superstitions, London, 1930.
BUDGE E.A. Wallis, Amulets and Talismans, New-York, 1961(réédition de 1930).
KLASENS Adolf, Amulet, Lexikon der Agyptologie I, 1972, p.232-236.
LABORIE Isabelle, Article Les amulettes, Catalogue "Egypte Vision d'Eternité", Musée de l'Ephèbe, Le Cap d'Agde, 1999, p.69-75.
PETRIE W.M. Flinders, Amulets, London 1914.
REISNER M.G.A., Amulets I, 1906.
REISNER M.G.A., Amulets II, 1958.

BARGUET P., Le Livre des Morts des Anciens Egyptiens, Paris, 1967.

 

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