Giacometti, Eric – Ravenne, Jacques «Le triomphe des ténèbres» (2018)

Giacometti, Eric – Ravenne, Jacques «Le triomphe des ténèbres» (2018)

Auteurs : Eric Giacometti, écrivain, a été journaliste d’investigation, puis chef de service à la rubrique économie au Parisien I Aujourd’hui en France. Il a enquêté à la fin des années 1990 sur la franc-maçonnerie, dans le volet des affaires sur la Côte d’Azur. En 2016, il est devenu le nouveau scénariste des aventures de Largo Winch en bande dessinée. Jacques Ravenne, lui aussi écrivain, spécialiste de l’étude de manuscrits, est maître franc-maçon.
Il intervient régulièrement dans des conférences et colloques sur la franc-maçonnerie. Conscient du fantasme suscité autour de sa fraternité, et de ses dérives, il reste attentif à une description rigoureuse de cet univers et de ses rituels. Amis depuis l’adolescence, férus de symbolique et d’ésotérisme, ils ont inauguré leur collaboration littéraire en 2005 avec Le Rituel de l’ombre, premier opus de la série consacrée aux enquêtes du commissaire franc-maçon Antoine Marcas. Voir le sujet sur la série : « Série Commissaire Antoine Marcas »
Ce duo, unique, du profane et de l’initié, a vendu plus de 2 millions d’exemplaires en France. La série, traduite dans 17 langues, du Japon aux Etats-Unis, a été adaptée en bande dessinée par les Editions Delcourt. L’Empire du Graal a paru en 2016 aux Editions JC Lattés. Il est suivi, en 2017, de Conspiration. Leur nouvelle série, Soleil noir, a paru en 2018 chez le même éditeur.

Série Soleil noir : Tome 1, Le Triomphe des ténèbres – Tome 2, La nuit du mal – Tome 3, La Relique du Chaos – Tome 4, Résurrection – Tome 5, 669

La saga du soleil noir (Tome 1)
JC Lattès – 04.04.2018 – 476 pages /Livre de poche 15.05.2019 – 592 pages

Résumé :
1938. Dans une Europe au bord de l’abîme, une organisation nazie, l’Ahnenerbe, pille des lieux sacrés a travers le monde. Ils cherchent des trésors aux pouvoirs obscurs destines a établir le règne millénaire du Troisième Reich. Son maitre, Himmler, envoie des SS fouiller un sanctuaire tibétain dans une vallée oubliée de l’Himalaya. Il se rend lui-même en Espagne, dans un monastère, pour chercher un tableau énigmatique.
De quelle puissance ancienne les nazis croient-ils détenir la clé ? A Londres, Churchill découvre que la guerre contre l’Allemagne sera aussi la guerre spirituelle de la lumière contre les ténèbres. Ce livre est le premier tome d’une saga ou l’histoire occulte fait se rencontrer les acteurs majeurs de la Seconde Guerre mondiale et des personnages aux destins d’exception : Tristan, le trafiquant d’art au passé trouble, Erika, une archéologue allemande, Laure, l’héritière des Cathares…

Mon avis :
J’ai retrouvé avec plaisir le duo Giacometti – Ravenne  et fait connaissance des personnages de cette nouvelle série. Je dois dire que Marcas m’a manqué… Mais Tristan est une recrue intéressante qui n’a pas dit son dernier mot. Le coté historique a emporté mon adhésion et je ne vais pas tarder à enchainer sur le tome 2.  Pour le coté histoire, je vous livre en vrac : Le monastère de Montserrat, la fascination de certains nazis pour l’ésotérisme et l’occultisme, les 13000 livres ésotériques d’Himmler, l’arrivée au pouvoir d’Hitler la place de la femme à l’époque du Reich, la rencontre entre Franco et Hitler, l’importance de la chasse sous le 3ème Reich, Churchill, la franc-maçonnerie en Angleterre, L’Ahnenerbe ( institut culturel annexé à la SS et qui s’occupe de recherches archéologiques et ésotériques), la sorcellerie, le Moyen Age, les cathares, le berceau de la soi-disant race aryenne, les accords entre les Nazis et le Gouvernement de Vichy (Coopération en matière scientifique, archéologique) , la mythologie nordique, Hess et sa fascination pour l’astrologie, la swastika, les S.S, Montségur…
Et pour ce qui est de l’intrigue, c’est la recherche du trésor perdu, et je vous laisse parcourir la France en compagnie de Tristan, fouiller Montségur, découvrir le mode de persuasion des nazis, et découvrir aussi la vie et le caractère des dirigeants de l’Allemagne … froid dans le dos assuré !

Extraits :

— Mais le Graal n’est-il pas une légende ?
— Vous ne voyez que l’écorce des choses, pas la sève ardente. Le véritable Graal est tout autre. Il est le soleil noir des aryens.

Dans le Troisième Reich, la chasse demeurait une véritable institution avec ses codes, ses règles, ses amicales disséminées sur tout le territoire. Un réseau puissant, plus ouvert que celui de la chasse à courre en Angleterre, mais tout aussi jaloux de son élitisme de la gâchette. Pour obtenir un poste ou un passe-droit, un solide carnet de gibier était un sésame aussi miraculeux qu’une carte d’adhérent historique au parti

La chasse, c’est l’art de faire couler le sang entre gens de bonne compagnie.

Comme beaucoup d’industriels, le père avait financé l’ascension d’Hitler quand celui-ci était apparu comme l’unique rempart contre la montée des communistes.

Au royaume d’Angleterre, la maçonnerie avait toujours été un pilier de l’ordre établi et jouissait de la protection des dynasties royales. Les Windsor ne dérogeaient pas à la règle, l’actuel souverain, Georges VI, fréquentait assidûment sa loge.

Les nazis entretenaient avec l’art un rapport ambigu. Hitler, qui dans sa jeunesse avait échoué aux Beaux-Arts de Vienne, avait décrété que tout ce qui s’était peint, dessiné ou sculpté depuis sa naissance était un art perverti. Monet ou Picasso, par exemple, étaient des peintres dégénérés, indignes de figurer dans des musées. Une condamnation furibonde qui n’empêchait en rien certains hauts dignitaires nazis de collectionner avec passion les tableaux impressionnistes ou cubistes.

— Saviez-vous qu’au Moyen Âge, la corporation des puisatiers qui forait et entretenait les puits était suspectée de sorcellerie ? On ne s’enfonce pas dans les entrailles de la terre impunément. Un puits, c’est souvent une porte ouverte sur les enfers.

Et pour bien signifier aux catholiques, qu’ils n’avaient plus rien à faire ici, en 1242, des chevaliers cathares ont assassiné le légat du Pape. Quelques mois plus tard, le siège était mis devant Montségur.
— Mais pourquoi ce château précisément, ce ne devait pas être le seul acquis à la cause hérétique ?
— Effectivement, il y a bien d’autres, plus vaste comme Peyrepertuse, mieux défendu comme Queribus… Et pourtant c’est à Montségur que tous les dignitaires cathares ont décidé de se réfugier. Il y avait sans doute une raison secrète…

— L’archéologie ne fait pas de politique.
— En histoire, dès qu’on interprète, on fait de la politique.

Mais de Gaulle, quelle blague ! L’année dernière, il a voulu reprendre Dakar contre les Vichystes. Un désastre, ricana le passeur. Votre général, il est meilleur à la radio que sur le terrain. À mon avis, il a pas beaucoup d’avenir.

— J’avais beaucoup aimé Voyage au bout de la nuit, avant-guerre. Il vaut quoi celui-ci ?
— Pour le style, une merveille. Pour le contenu, un tombereau d’ordures. Je savais qu’il détestait les juifs, et là les francs-maçons en prennent aussi pour leur grade. Une seule idée me semble valable dans ce pamphlet, il propose de ramener la durée du travail à trente-cinq heures par semaine.
Malorley sourit.
— Les trente-cinq heures… Très drôle, voilà une idée bien française.

Depuis le début de la guerre, sa vie sentimentale était aussi animée qu’une lande écossaise en hiver.

C’était l’une des Nornes, les trois sœurs du panthéon de la mythologie nordique. Elles tissaient la tapisserie cosmique du destin des hommes. À Ud, la trame du passé, à Verdandi celle du présent et à Skuld, les fils de l’avenir.

Une longue pratique, en particulier d’Hitler, avait appris à Hess à ne jamais manifester de réaction visible à l’absurdité d’un propos ou à la démesure d’un projet. Depuis longtemps, il avait vite compris que l’impensable n’était pas nazi.

Pour désigner les hérétiques, les premiers chrétiens les traitaient de scorpions : l’animal mortel du désert. L’hérétique se cache sous la pierre de l’Église et sa croyance est venimeuse pour les fidèles. Du coup, tous ceux qui étaient persécutés par la nouvelle foi se reconnaissaient entre eux par le signe du scorpion.

« Swastika. Symbole immémorial d’harmonie et de paix en Asie et plus particulièrement dans l’Inde traditionnelle. » […] Tourné vers la gauche, ce symbole représente aussi l’idée du mouvement, du soleil ou d’une rotation des forces cosmiques. Il apparaît sur des statues du Bouddha au Japon, en Chine et en Inde. La swastika est répandue, dans une moindre mesure en Europe, en Grèce et chez les peuples nordiques.
Comment est-on passé d’un signe de paix à la sinistre croix gammée nazie, qui est orientée vers la droite, comme un inversion des valeurs positives initiales ? Contrairement aux idées reçues, Hitler n’a rien inventé en la prenant pour symbole de son mouvement politique. Elle était très populaire dans les milieux nationalistes racistes allemands qui pullulaient à la fin du XIXe siècle. Elle était pour eux la Hakenkreuz, l’emblème du marteau de Thor, le dieu nordique du tonnerre.

3 Replies to “Giacometti, Eric – Ravenne, Jacques «Le triomphe des ténèbres» (2018)”

  1. Soeurette, tu as écrit « Je dois dire que Marcas m’a manqué »… toutefois, il y en a un autre, non ? 😉

    Cete saga figure toujours dans mon p’tit carnet…
    Le tome 2, « La nuit du mal » sortira en Poche ce mois-ci.
    Quant au 3e tome, « La relique du chaos », il paraît dans 2 jours chez JC Lattès.
    Comme ma pile est encore grande, je crois que je vais attendre pour m’offrir le trio 🙂

  2. Fini le premier tome, enfin, depuis le temps qu’il était sur ma pile !
    Un peu de mal à entrer dans le récit…
    Probable que l’époque concernée me ramenait trop à mon cher Bernie dont nous n’aurons plus aucune enquête berlinoise…
    Toutefois la recherche archéologique et les divers personnages m’ont entraînée avec eux, au point que j’ai démarré le 2e tome dans la foulée

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