George, Elizabeth «Une avalanche de conséquences» (2016)

George, Elizabeth «Une avalanche de conséquences» (2016)

Autrice : Elizabeth George, née Susan Elizabeth George le 26 février 1949 à Warren, dans l’État de l’Ohio, est une romancière américaine, auteur de romans policiers.

Série Inspecteur Lynley : Enquête dans le brouillard(1988) – Le Lieu du crime, Presses de la Cité, (1991) – Cérémonies barbares (1993) – Une douce vengeance, (1993) – Pour solde de tout compte( 1994) – Mal d’enfant (1994) – Un goût de cendres (1995) – Le Visage de l’ennemi( 1996) – Le Meurtre de la falaise, (1997) – Une patience d’ange (1999) – Mémoire infidèle  (2001) – Un nid de mensonges, (2003) – Sans l’ombre d’un témoin, (2005) – Anatomie d’un crime (2007) – Le Rouge du péché (2008) – Le Cortège de la mort ( 2010) – La Ronde des mensonges (2012) – Juste une mauvaise action (2014) – Une avalanche de conséquences (2016) La punition qu’elle mérite ( 2019)

 George, Elizabeth « les enquêtes de Lynley » (Page sur la série)
– Série Inspecteur Lynley – 19ème enquête (j’ai lu tous les précédents mais pas tous commentés car je n’avais pas encore de blog)

Presses de la Cité – 22/09/2016 – 614 pages (A Banquet of Consequences) / Pocket 12/10/2017 – 758 pages – Isabelle Chapman (Traductrice)

Résumé :
Et si le secret de famille était le plus indétectable des poisons ?
Qu’est-ce que Lily a bien pu découvrir dans le journal intime de son fiancé William Goldacre pour que celui-ci se précipite du haut d’une falaise du Dorset? Et est-ce un hasard si, quelque temps plus tard, sa mère, Caroline Goldacre, se retrouve mêlée à une sombre affaire : la mort suspecte de Clare Abbott, l’auteur féministe dont elle était l’assistante
Si le lien entre les deux décès semble ténu, voire inexistant, le sergent Barbara Havers est néanmoins déterminée à faire éclater la vérité. Il n’en faudra pas moins pour restaurer auprès de sa hiérarchie son image salement écornée par une précédente enquête. Elle est soutenue par son supérieur, l’inspecteur Thomas Lynley, qui suit une piste à Cambridge, où le corps de Clare a été retrouvé. Barbara Havers, de son côté, cherche quel mystère se cache dans la campagne du Dorset, d’apparence si paisible…
D’une main de maître, Elizabeth George tire les ficelles d’une énigme troublante où la tragédie côtoie le crime. Lorsque resurgissent des secrets de famille depuis longtemps enfouis se déclenche inévitablement une avalanche de conséquences…

Mon avis :

Je crois que c’est un de mes préférés. Il est un peu lent à démarrer mais ensuite il est palpitant.
C’est dans des romans comme celui-ci qu’on se rend compte que c’est un plus d’avoir lu les précédents qui nous permettent de comprendre pourquoi les personnages se comportent de telle ou telle manière.
Les rapports entre la Commissaire Isabelle Ardery et Barbara ne se sont pas améliorés : La Commissaire fait tout pour détruire Barbara, en lui coupant les ailes, en l’empêchant de faire son boulot, en la cantonnant à des tâches administratives, en bridant son énergie et sa personnalité. Certes elle a abusé en étant nettement en dehors des clous par le passé, mais la maintenir sous pression et l’empêcher de travailler est un non-sens.
Thomas Lynley  fait tout pour que Barbara soit à nouveau considérée à sa juste valeur mais pour cela il doit agir avec doigté car ses rapports avec la Commissaire ne sont pas non plus très harmonieux ( c’est le moins qu’on puisse dire)
La relation entre Daidre et Lynley est un des éléments secondaires du roman qui démontre, s’il le fallait, à quel point Lynley est un être profondément humain.
La relation entre Dorothea et Barbara m’a bien fait sourire. Dorothéa, la secrétaire toujours à quatre épingles qui investit de sa personne pour faire changer Barbara et se met en tête de vouloir la sociabiliser, lui faire découvrir l’amour.
Mais passons à l’intrigue : Barbara est appelée à l’aide par l’assistante d’une autrice militante féministe de la première heure très réputée, suite au décès de cette dernière. Elle l’avait rencontré lors d’une séance de dédicaces et elles avaient échangé leurs cartes de visite.
Lynley va réussir à obtenir de la Commissaire d’envoyer enquêter dans le Dorset, les sergents Barbara Havers et Winston Nkata. Et là tout va devenir palpitant. Suicide ou meurtre ? Ou plutôt meurtres au pluriel. Affaires de famille ? de couple ? de jalousie ? de gros sous ? de réputation ? de vengeance ? Je vous laisse le découvrir.
J’ai douté jusqu’à la fin et j’ai beaucoup aimé l’analyse des personnages. Un excellent moment de lecture. Et je ne vais pas tarder à me lancer dans la vingtième enquête de la série, « La punition qu’elle mérite »

Extraits :

Quant aux rides, sa stratégie était simple : fuir les miroirs.

Elle réapprenait la philosophie que lui avait transmise son père quand elle était petite : « Arrête les frais dès que tu sens que quelque chose n’est pas bon pour toi. »

Alors que, face à un public, elle était dotée d’un sens de la repartie époustouflant, en privé, avec ses proches, elle se montrait toujours réfléchie et prudente. Elle savait très bien que les mots pouvaient blesser, surtout quand c’était elle qui les maniait.

— Les rapports entre les gens sont une question trop complexe pour moi…— Je suis d’accord. C’est pourquoi je les évite. Je préfère les animaux.

Rien que pour tenir sa langue, elle devait serrer les mâchoires, se mordre les lèvres et grincer des dents, quand elle ne se rongeait pas les ongles. Le stress était en train de vampiriser ses forces vitales.

L’amour n’a besoin ni de serment ni de paperasse pour être profond. Et quand l’être aimé n’est plus là, il n’est plus là, alors que les sentiments, eux, sont toujours aussi intenses. Mais ils n’ont plus rien pour les recueillir. Voilà pourquoi c’est si dur. Continuer à vivre dans ces conditions exige un effort de volonté gigantesque.

Elle se disait parfois que le conseil de son père – « Il vaut mieux couper court que de te rendre malheureuse pour rien » – relevait moins du bon sens que de la facilité : elle se retirait d’une relation simplement parce qu’elle avait perdu ses illusions.

Ce petit mot, chéri… C’était une première, le genre d’événement infime qu’au XVIIIe siècle une jeune femme notait dans son journal intime.

— Simple question de procédure, répondit Barbara en appuyant ses paroles d’un geste évasif. Mettre les points sur les t et les barres sur les i.

— Pourquoi ne vous êtes-vous pas occupé de cette cicatrice sur votre lèvre supérieure ? Rien ne serait plus simple… Alors que pour moi, dit-il en désignant d’un geste son visage, cela prendrait un temps fou, et le temps est justement ce qui me manque le plus. Et l’envie…
— Ah, dit Lynley. Eh bien, cette cicatrice me rappelle quel petit con j’étais à seize ans. Si elle disparaissait, je risquerais d’oublier.

Il songeait que la bonté, la pitié et la compassion sont souvent interprétées par celui ou celle qui en est l’objet comme l’expression d’un engagement amoureux.

Quand j’ai vu ta silhouette au sommet de la colline, je me suis sentie comme une héroïne de l’époque victorienne. Tommy, ton imperméable date du siècle dernier. Où l’as-tu déniché ?
— C’était celui de mon père. Et j’ai l’impression qu’il appartenait à son propre père avant. Je ne suis pas certain qu’il soit imperméable en fait, mais j’aime bien cette coupe.
— Ça fait très MI6.
— J’ai toujours rêvé d’être un agent secret. Ça t’impressionne, alors ?
— Oui. Finalement, je crois que je te préfère avec le look… chiffonné.

— Quand vous jouez la bête à deux dos avec la discrétion d’une annonce publicitaire dans les pages de votre journal local, ce n’est pas bon, ni pour vous ni pour le mari.

Le bouquin de Geoffrey Timms s’intitulait Frénésie : trouble de la personnalité borderline. Barbara l’ouvrit à la page 164. Deux courts passages étaient mis entre parenthèses au crayon. Elle lut le premier : Leur peur de l’abandon n’est pas feinte. Elle est directement liée à leur peur panique de la solitude. D’une part l’incapacité de faire face à soi-même et le besoin maladif d’être pris en charge par l’autre. Puis le second : Cette tendance à l’instabilité des relations interpersonnelles d’une intensité inappropriée peut être caractérisée par l’invasion de l’objet par peur panique de le perdre. On remarquera un partage des détails les plus intimes dès le début de la relation.

Elle fut prompte à repérer sur le même rayonnage l’ouvrage de Jacqueline Ferguson : Psychopathologie de la vulnérabilité émotionnelle. À la page 610, un passage était mis entre parenthèses : Dès lors que les émotions surviennent à répétition ou se prolongent plus longtemps que nécessaire au regard des circonstances, il convient de s’interroger. Un second passage était, lui, surligné en jaune : Cette dysphorie est généralement caractérisée par des émotions extrêmes, des tendances destructrices ou autodestructrices, un problème d’identité et le sentiment qu’on est une victime, surtout la victime de ceux en qui on avait placé sa confiance. La raison de cette autovictimisation paraît a priori dérisoire, mais elle est, pour le ou la patiente, de première importance : ce peut être quelque chose d’aussi anodin que l’annulation d’un rendez-vous ou un appel téléphonique resté sans réponse.

« Personne ne peut replonger dans le passé et changer le cours des choses, avait-il repris. C’est une évidence. En revanche, je ne vois pas pourquoi on autoriserait le passé à créer un rempart autour de l’avenir…

Les gens ne sont jamais tout d’une pièce. On voudrait qu’ils le soient, mais ne sommes-nous pas tous à la fois bons et mauvais, simples et compliqués, heureux et malheureux, courageux et peureux ? Tout dépend des moments. On apprend à connaître quelqu’un par petits bouts, mais en réalité c’est l’ensemble que nous aimons, même quand l’autre n’est pas comme on voudrait qu’il soit.

J’attendais que tu mettes ton passé de côté, alors que ton passé est ce qui t’a créée en premier lieu. C’est évident, je le sais maintenant.
— C’est un point d’ancrage, oui. Ou un boulet, si tu préfères.
— Je pensais que tu oublierais tout ça. C’était complètement idiot. Comment faire abstraction de son passé ? Moi, je n’ai jamais pu oublier le mien, et pourtant, je m’étais mis en tête que toi, tu pourrais, d’une manière ou d’une autre, le mettre de côté et lui interdire d’affecter tes sentiments à mon égard.
— Le passé est là, entre nous, et il le sera toujours.

2 Replies to “George, Elizabeth «Une avalanche de conséquences» (2016)”

  1. Tu rattrapes ton retard, Soeurette 😉
    J’avais dévoré ce pavé de 758 pages (édition Pocket)..!
    En ayant de plus en plus de sympathie pour le Sergent Havers… Idem pour ce cher Lynley 😉
    « Et si le secret de famille était le plus indétectable des poisons ? »
    De fait, ambiance particulière pour ce roman dont les divers personnages sont intéressants et complexes.
    Je reste et resterai fan de cet auteur !

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