Garrido, Antonio «Le lecteur de cadavres» (2014)

Garrido, Antonio «Le lecteur de cadavres» (2014)

Auteur : Il fait des études d’ingénieur industriel à l’université polytechnique de Las Palmas. Il est ensuite professeur à l’Université CEU Cardinal Herrera de Valence, puis à l’Université polytechnique de Valence. Il vit à Valence.

Il amorce sa carrière littéraire en 2008 avec le roman policier historique La Scribe (La escriba), dont l’action se déroule dans la Franconie, en l’an 799, à la veille du sacre de Charlemagne. Theresa, la fille d’un scribe byzantin, se réfugie dans l’abbaye de Fulda et devient la scribe du moine Alcuin d’York, grâce auquel elle participe à des enquêtes sur des morts suspectes. L’ouvrage devient un best-seller traduit dans une douzaine de langues. Le Lecteur de cadavres (El Lector de Cadáveres), paru en 2011, est un second roman policier historique, dont le héros, inspiré d’un personnage réel de la Chine impériale du XIIIe siècle, a le don d’expliquer les causes d’un décès grâce à un examen minutieux des corps. Le dernier paradis est son troisième roman.

 

Résumé : Inspiré d’un personnage réel, Le lecteur de cadavres nous plonge dans la Chine Impériale du XIIIe siècle et nous relate l’extraordinaire histoire de Ci Song, un jeune garçon d’origine modeste sur lequel le destin semble s’acharner. Après la mort de ses parents, l’incendie de sa maison et l’arrestation de son frère, il est contraint de fuir son village avec sa petite sœur malade.

Ci se retrouve dans les quartiers populaires de Lin’an, la capitale de l’Empire. où la vie ne vaut pas grand-chose. Il devient un des meilleurs fossoyeurs des « champs de la mort », puis, grâce à son formidable talent pour expliquer les causes d’un décès, il est accepté à la prestigieuse Académie Ming.

L’écho de ses exploits parvient aux oreilles de l’Empereur. Celui-ci le convoque pour enquêter sur une série d’assassinats qui menacent la paix impériale. S’il réussit, il entrera au sein du Conseil du Châtiment, s’il échoue : c’est la mort.

C’est ainsi que Ci Song, le lecteur de cadavres, devint le premier médecin légiste de tous les temps.

Un best-seller captivant et richement documenté où, dans la Chine opulente et exotique de l’époque médiévale, la haine et l’ambition se côtoient, comme l’amour et la mort.

Un roman historique : l’auteur nous dit dans l’épilogue

Song Cí est un personnage réel dont la vie est à peu près inconnue, mais dont on se souvient à cause de son œuvre abondante et féconde. Tous les procédés, procédures, lois, protocoles, analyses, méthodes, instruments et matériaux décrits dans chacune des affaires évoquées correspondent fidèlement à la réalité. Les cinq volumes de son traité légiste, le Xi Yuan Ji Lu publié en 1247, nous sont parvenus à travers les différentes traductions : ils traitent des lois touchant aux juges légistes aux procédures, des différentes étapes de décomposition des cadavres, études des os, du squelette, des causes de la mort, de suicide, des coups et blessures, des enquêtes sur des morts survenues chez des détenus

L’empereur Ningzong et sa suite, le conseiller des Châtiments et le vieux professeur Ming ont réélement existé ; coté historique, la fameuse académie, la situation d’instabilité politique à la frontière, les inventions et les progrès pendant cette période sont des faits avérés

Mon avis : J’ai beaucoup aimé ce roman qui raconte le parcours d’un homme qui a existé sur fond historique bien documenté. Mais c’est bel et bien un roman, et même aussi un polar… avec une machination qui se révèlera à la toute fin du livre. Tous les ingrédients sont là : l’amour, la haine, l’aventure, l’ambition, la mort, l’histoire, les découvertes… Une belle fresque comme je les aime. C’est aussi la lutte d’un jeune qui veut étudier, qui veut apprendre, « un parcours du combattant » pour vivre son rêve. Le héros est attachant et son parcours passionnant. On découvre la Chine du Sud Est et les aventures pleines de rebondissements d’un jeune homme, Cî Song. Cela me fait un peu penser aux livres d’un autre écrivain espagnol, Ildefonso Falcones qui nous entraine dans des aventures passionnantes. De plus je dois dire que j’aime beaucoup le thème : les débuts de la médecine légale (voir aussi les livres d’Odile Bouhier: Les enquêtes du commissaire Kolvair  – mais nettement plus récemment car c’est au début des années 1920). Alors je vous laisse avec un billet pour la Chine Médiévale… si vous aimez le romanesque documenté.. vous devriez apprécier le voyage…

Extraits :

Tu vois, murmura-t-il d’un ton amer, les misérables soupirent après les possessions, l’argent, la fortune, mais la plus grande richesse est celle que donne une descendance qui te garantit les soins dans la vieillesse et les honneurs dans l’au-delà.

La mort était aussi évidente que la vie, mais beaucoup plus cruelle et plus inattendue.

il franchissait à nouveau la lourde porte couleur sang qui, avec son linteau orné de dragons menaçants, semblait vouloir effrayer tous ceux qui se cramponnaient à l’ignorance.

Il se sentait sale à l’intérieur, contaminé par l’ignominie de son père.

L’art de la divination se compose d’une part de vérité, de dix parts de mensonges, et pour le reste d’illusion.

Il découvrit que les procédés employés pour assassiner étaient le plus souvent grossiers et instinctifs quand les mobiles obéissaient à la jalousie, à la fureur ou à une brusque dispute, mais qu’ils augmentaient en raffinement et en ruse lorsqu’ils avaient pour origine l’obsession et la préméditation.

Je veux seulement apprendre. La connaissance ignore les murailles, les limites ou les compartiments. Elle n’entend rien non plus aux préjugés

« J’ai aujourd’hui devant moi une opportunité aussi grande que la vie, car qu’est la vie sans connaissance ? Il n’y a rien de plus triste qu’un aveugle ou un sourd. Et moi, dans une certaine mesure, je le suis. Permettez-moi de voir et d’entendre, je vous assure que vous ne le regretterez pas

Quand nous désirons quelque chose que nous avons vu, il nous suffit de tendre le bras. Lorsque ce que nous désirons est un rêve, nous devons tendre notre cœur.

Mon père m’a dit un jour (sa voix trembla en disant cela) que si je m’obstinais à construire un palais dans les airs, je ne perdrais pas mon temps. Car c’était sûrement là qu’il devrait être. Il suffisait que je fasse suffisamment d’efforts pour construire les fondations qui le soutiendraient.

La doctrine confucéenne interdisait d’intervenir à l’intérieur des corps et la chirurgie se limitait donc aux actes indispensables : la réduction des fractures ouvertes, les coutures de blessures ou les amputations.

Il passait son temps à travailler, isolé du monde. Il n’avait d’yeux que pour les livres et de cœur que pour ses rêves.

Il contempla les salles désertes et tristes, comme contaminées par le chagrin qui l’écrasait lui-même, témoins muets d’une quête vaine et illusoire, d’un rêve dont il devait à présent se réveiller. En passant devant la bibliothèque, il regarda les volumes qui reposaient sur les étagères, attendant leurs maîtres, impatients d’être ouverts pour partager la sagesse que les ancêtres y avaient déposée.

Dans notre nation, un paysan peut devenir ministre, un pêcheur juge, un orphelin percepteur.

Saviez-vous qu’il est conseillé de manger plus sucré en automne, plus salé en hiver, plus acide au printemps et plus amer en été ?

Il se souvint du calme trompeur du scorpion juste avant de lancer son attaque mortelle, et son estomac se noua.

Il se sentait tellement attiré par cette femme qu’il n’osait même pas la frôler de ses paroles.

Essaie de te calmer. Maintenant, tu dois être comme le lac pendant la tempête : la tempête agite sa surface, mais en profondeur il reste calme.

 

 

4 Replies to “Garrido, Antonio «Le lecteur de cadavres» (2014)”

  1. et je remercie Marie-Josephe qui m’a signalé ce livre il y a peu, alors que j’étais dans ma période « chinoise » avec Peter May.

  2. « Le lecteur de cadavres » est un livre extraordinaire d’après un fait et un personnage ayant existé . Ce jeune homme a eu une destinée hors du commun empreinte de remarquables aventures et de terribles désillusions . C’est écrit avec une documentation très fournie, mais très accessible sur cette époque de la Chine ancienne .Antonio Garrido avec toutes ces données nous passionne avec , un roman , policier aussi ,et, captivant du début à la fin .

  3. Ce roman est génial. Je l’ai dévoré, et si rapidement que j’ai dû le relire pour apprécier toutes les descriptions sur la vie quotidienne de la Chine du XIIIe siècle. Pas certaine que j’aurais aimé y vivre, même dans les plus hautes sphères, où votre vie ne tient qu’à un mensonge !

    Je ne veux pas spoiler, alors je m’éclipse en vous recommandant chaleureusement ce roman passionnant.

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