LA SYMBOLIQUE DES ANIMAUX SELON LES ANCIENS EGYPTIENS

 

Les animaux aquatiques

La grenouille : est principalement connue grâce à la déesse Héket, liée à la naissance et à partir du Nouvel Empire, elle est symbole de renaissance, ; elle est garante de la vie future et du renouveau de la vie. Elle est présente dès la création du monde, dans la cosmogonie d'Hermopolis. Au Nouvel An, les Egyptiens offraient des statuettes à son effigie. Issue de la zone du marécage originel, elle a prêté ses traits aux Dieux primordiaux. Elle est symbole de manifestation de la vie spontanée et asure à son possesseur une vie éternellement renouvelée.

"À la jonction des mondes aquatique et terrestre, la grenouille est pour les Égyptiens le symbole même du jaillissement de la vie. À l’expression bruyante de la saison des amours fait suite le grouillement des milliers de têtards éclos tout juste avant l’arrivée de l’inondation annuelle : grenouilles et crapauds, souvent indifférenciés, évoquent alors aux yeux des Égyptiens le principe de la Création, la naissance du monde dans les eaux primordiales du Noun et sa régénération éternelle. Dès le Nouvel Empire, le signe de la grenouille résume à lui seul l’expression « renouvelé de vie ». Personnifiée sous la forme de la déesse Héqet, patronne de la fécondité et des naissances, la petite Rana mascariensis veille particulièrement sur les femmes et les nouveau-nés. D’innombrables amulettes aux vertus apotropaïques associent ainsi, au revers de la représentation du batracien prêt à bondir, un motif de protection : œil-oudjat symbole d’intégrité, emblème de la déesse Hathor, etc. Les matériaux employés, souvent lisses et colorés, évoquent la peau humide et brillante de la grenouille." ( Elsa Rickal - Dossier de presse de l'exposition "des animaux et des pharaons - 2014/2015 Louvre-Lens )

Le scorpion d'eau ou nèpe est un animal qui vit sous l'eau et respire en surface et est le symbole de la respiration pour les anciens égyptiens. Le scorpion de terre lui provoque la mort par asphyxie et blocage de la respiration. Cet animal a donc une double action, à la fois protectrice et dangereuse .Parfois, la déesse Isis revêt l'aspect du scorpion dans une fonction protectrice et guérisseuse. Sinon, le scorpion est l'attribut de la déesse Selkis. La déesse Isis-Scorpion est l'une des divinité de la Nubie.

Le canard est un animal vénéré, dont l'idéogramme est associé au mot "fils". Cet animal et un animal courageux, prêt à se sacrifier pour que sa progéniture puisse survivre. Le canard le plus courant à l'époque et le canard pilet (anas acuta)

Mais le  canard sauvage des marécages est un symbole du démon. C'est le canard sauvage qui mange les récoltes. C'est le désordre (isfet) contre lequel il faut lutter, pour que l'ordre (Maât) continue à régner. 

La tortue semble être une alliée d'Apophis et ferait donc partie des animaux maléfiques.

Remède du papyrus Ebers contre les leucomes : "Remède pour faire disparaître une excroissance blanche de l'oeil; une cervelle de tortue, du miel; les mélanger et les appliquer sur les yeux".

La Tortue, le Scorpion et le Lézard dans l’Egypte ancienne : P. Hyppolyte Boussac, La Revue Scientifique — 10 octobre 1903 (article : http://sciences.gloubik.info/spip.php?article37 )

 

L'hippopotame est un animal bienfaisant quand il est féminin et représenté par la déesse de l'enfantement Thoueris et malfaisant en tant que mâle, quand il est représenté au fond des marécages,engagé dans la lutte des forces du mal. En fait, il était perçu comme dangereux et ravageait les cultures des paysans. Il évoque le chaos : animal néfaste, au caractère ombrageux et imprévisible, c'est la violence aveugle qui menace l'existence du monde  (**p.17) . La chasse à l'hippopotame a pour objectif de mettre la création hors d'atteinte des puissances hostiles représentées par l'animal. (**p.43). L'hippopotame mâle est représenté sur ses 4 pattes.

 L'hippopotame femelle est représenté dressé sur ses deux pattes arrière, avec le ventre arrondi, image de la femme enceinte. Elle favorise les grossesses, assiste les parturientes, étend sa protection au lit, au chevet, aux objets de toilettes. Appelée en égytien "la Grande", "la blanche " ou "Opet" (le harem)elle aurait, si l'on en Croit Plutarque abandonné Seth, son redoutable concubin, pour se ranger du coté d'Horus dans la lutte pour l'héritage d'Osiris. "Dame du Ciel", elle joue également un rôle cosmique ( voir plafond de la tombe de Sethy Ier). Tout comme Mereseger, elle est vénérée en tant que patronne des artisans de Deir el Medineh. Sur ses représentations, elle prend appui sur 2 noeuds magiques de protection "sa". (**p.136).

L’hippopotame était partie intégrante du paysage nilotique. Dès la plus haute époque, on éprouva le besoin de le représenter afin de maîtriser symboliquement sa force destructrice. À la fin du Moyen Empire apparurent ainsi une série de figures originales et suggestives. Le corps du pachyderme, façonné dans une faïence d’un bleu azur brillant, était orné de plantes aquatiques par association avec les marécages où il aimait résider. Telle est la lecture qui s’impose à nous : avec son corps lourd aux courtes pattes, tête baissée, à peine éveillé, l’animal semble sortir de l’eau. Déposé dans la tombe, l’hippopotame prenait une tout autre signification, devenant la figure symbolique du soleil qui surgit de l’onde au matin de la création. C’est pourquoi il accompagnait le défunt dans sa « résurrection ». (Elisabeth Delange - Dossier de presse de l'exposition "des animaux et des pharaons - 2014/2015 Louvre-Lens )


 

Le crocodile est lui aussi un être malfaisant, représenté dans les eaux profondes des marécages. Il fut vénéré sous le nom de Sobek et son temple se situe à Kom Ombo. Il est également présent dans le temple d'Esna. Dans la tombe de Sethi II, dans les litanies du Soleil, les forces néfastes sont représentées par divers animaux dont le crocodile et l'antilope (**188).

Dans le livre des morts (chapitres 31 - 32)  formules pour repousser le crocodile est dépeint comme néfaste et qui est venu pour déposséder les êtres de leur puissance magique dans l'empire des morts. Au Chapitre 125, Sobek est décrit comme "Celui aux dents blanches, originaire du Fayoum"

Au Louvre, une stèle d'époque tardive montre Horus sur les crocodiles. Sa tête est surmontée par la tête protectrice du Dieu Bèe; Horus est debout sur les crocodiles, signe qu'il les domine.

Dès le Moyen Empire, Sobek acquiert des aspects bénéfiques; issu du Noun, il participe à la création du monde et repousse le chaos. Il est synonyme de prospérité végétale.

Un sceau représentant un crocodile et une main, ainsi que des perles d'or et de grenat étaient attachées au cou du jeune enfant pour détruire ou chasser les esprits dangereux. Il y avait aussi d'autres protections , telles le clou de girofle, l'ail et le miel*

Les premiers textes médicaux du Moyen Empire incluent des remèdes pour éviter la grossesse... notamment les excréments de crocodile que l'on insérait dans le vagin*.

Pour soigner le ptérygion (voile conjonctival qui recouvre la cornée) : (Papyrus Ebers 412) L'un des remèdes proposés est : "la fiente de pélican ou les excréments de crocodile ) une partie de miel, 1/8 résine de térébinthe, 1/32 de silex noir pulvérisé" a mettre dans le coin des yeux

- voir article Sydney H. Aufrère, « Crocodilus lacrymans. Les « larmes » et la « compassion » du saurien du Nil », ENIM 7, 2014, p. 1-12. ( http://www.enim-egyptologie.fr/ )

 

 

La Mythologie Egyptienne - Aude Gros de Beler - Editions Molière

Dictionnaire de la Civilisation Egyptienne - Rachet Guy - Larousse

Dieux et Déesses de l'Egypte ancienne -  Dr. Edouard Lambelet - Editions Lehnert & Landrock - 1989 - Les divinités de l'Egypte ancienne et comment les reconnaître.

Eric Hornung – les dieux de l’Egypte l’un et le multiple

Article dans Sciences et Avenir - février 2004
*Meskell Lynn:  Vies privées des Egyptiens - Nouvel Empire 1539-1075 -  Editions Autrement

Desroches - Noblecourt Christiane : le fabuleux héritage de l'Egypte - Editions Telemaque - 2004

**Philippe Germond et Jacques Livet -  Le Bestiaire égyptien - Citadelles & Mazenod - 2001
** Françoise Dunand - Roger Lichtenberg avec la collaboration d'Alain Charron : Des animaux et des Hommes : une symbiose égyptienne - Editions du Rocher 2005

 

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