LA SYMBOLIQUE DES ANIMAUX SELON LES ANCIENS EGYPTIENS
Les mammifères
Le
cochon
/ sanglier sauvage
a connu 2 utilisations mythologiques l'une négative à cause de son assimilation
à Seth, et une positive à travers la
truie; l' Egyptien avait remarqué que la
truie pouvait manger ses petits (forme d'autorégulation en fonction de la masse
de lait à donner) et l'avait assimilée à Nout avalant le soleil, pour le
remettre au monde le matin. Le cochon noir, image de Seth le malfaisant, avale
périodiquement la lune, l'oeil gauche d'Horus(**62)
Le porc était
déjà peu représenté dès l'Ancien empire car peu valorisant (servir à
l'alimentation n'a rien pour enflammer l'imagination) son assimilation au dieu
Seth en a fait un tabou religieux dont l'impopularité a suivi celle de Seth. A
la basse époque le dieu Seth ne portant plus que des valeurs négatives, l'image
du porc est devenue très négative elle aussi, tous ses comportements ont été
tournés en dérision et en particulier sa fécondité (elle persiste de nos jours
dans le langage). Le mythe d'Horus, Seth et le Véra noir est très présent dans
les textes funéraires.(©
thotweb).
L'un des mythes de l'oeil d'Horus en fait le responsable de la disparition du
soleil le soir car Horus se blessera l'oeil ( d'où les ténèbres) en regardant un
verrat noir. Pour ce qui est de la
truie
blanche elle interviendrait dans la marche des étoiles. Elle est associée à
l'image de Nout, qui avale ses petits pour les remettre au monde ensuite.
"On sait le statut ambigu du porc dans l’Égypte pharaonique. La zoo-archéologie a montré qu’il constituait une importance source de protéines animales dans la diète de nombre d’égyptiens. En revanche, sur le porc, particulièrement le porc mâle, pèse un tabou dans les croyances. Un mythe étiologique réutilisé à des fins funéraires rend compte de son interdiction comme offrande. Pourtant, dans certains cas, le porc était utilisé comme animal sacrificiel, en particulier pour Sakhmis, dans la mesure où on privilégiait dans l’ambivalence fondamentale de la victime animale, sa valorisation comme représentant le mal à détruire". (Pascal Vernus)
Le
singe
est principalement représenté sous la forme du cynocéphale, le
babouin
et est la représentation du Dieu
Thot. Il incarne la sexualité
débridée. D'ailleurs le terme babouin viendrait de l'égyptien "bébon"... celui
qui se répand sans cesse. Pascal Vernus émet
l'hypothèse qu'un type de babouin, le gelada, émet des sons proches de la parole
humaine.. d'où une éventuelle assimilation à Thot, qui maîtrise le langage des
Dieux. Le babouin mâle est un animal très agressif qui sert de
représentation hiéroglyphique pour le verbe "être agressif ou très en colère".
Le babouin est aussi le soleil levant (fresque de babouins dans les temples ou sur le socle des statues). Les babouins ont pour habitude de pousser des grands cris au lever du jour, juste avant le lever du soleil; cette habitude leur valut d'être associés à la renaissance solaire car ils acclamaient l'astre à son apparition.
Dans la Tombe de Toutmosis III (KV34) : 9 babouins précédés de 12 serpents accueillent le soleil représenté comme un scarabée sur une barque.
Parfois une imagerie incluant des dessins avec des singes et des gazelles peut avoir une connotation érotique.*
L'autre singe représenté est le Cercopithèque, petit singe vert d'Ethiopie. Ce sont des animaux de compagnie qui n'ont aucun rapport avec le Dieu Thot.
Le
lièvre
: il représente à la fois l'idée de
courir et l'idée d'exister. C'est le temps qui passe. Cet animal est toujours
aux aguets, vif, alerte, symbole de vivacité. L'emploi du lièvre pour signifier
"ouvrir" s'expliquerait par le fait que les yeux de l'animal restent toujours
ouverts(**107).Le
lièvres est aussi connu pour ses qualités de longévité et c'est un excellent
reproducteur.
Le
cheval
: Son apparition est tardive, et se
situe après la rencontre avec les Hyksos. Dès le nouvel empire, il devient un
véritable symbole social. Il est associé aux tâches prestigieuses et ne fut pas
utilisé en agriculture. Nombre de chevaux ont des noms associés à des divinités,
pour apporter la protection divine lors des batailles. Les rois nubiens firent
enterrer leurs chevaux avec eux (Nécropole d'el-Kourrou) L'animal est associé
aux deux déesses asiatiques Anat et Astarté, "maitresse des chevaux et du Char,
Protectrice de Pharaon dans les combats".
(**79)
L'
âne :
Cet animal est assimilé aux mauvais
penchants de l'homme, à la luxure. "L'âne est surtout un moyen de transport.
Avatar du Dieu Seth, ennemi d'Osiris et d'Horus, adversaire du soleil dont il
entrave la navigation quotidienne. Dans la littérature tardive, on parle des 77
ânes qui représentent les forces maléfiques qui mettent en péril le lever du
soleil. Lors de la mise en oeuvre des rituels osiriens de destruction de
l'ennemi, c'est un âne que l'on sacrifie"(**62)
L'éléphant
: Surtout associé à la Nubie et à
l'île Éléphantine. Son hiéroglyphe apparaît sur les
murs du temple de Denderah
La chasse dans le désert (lion, éléphant, taureau sauvage) symbolise la puissance du Roi, qui est capable de vaincre tous les adversaires ( Scarabée commémoratif d'Amenhotep III) (**p. 44)
La
girafe :
voir l’ouvrage La girafe dans l’Égypte ancienne et le verbe śr. Étude de
lexicographie et de symbolique animalière par Christian Cannuyer(
http://egyptologie.univ-lille3.fr/IMG/pdf/Cannuyer_La_girafe_dans_l_Egypte_ancienne.pdf
)
Le hérisson : Les érinacéidés (Erinaceidae) forment une famille de mammifères insectivores, qui inclut la plupart des hérissons, mais aussi les gymnures, animaux d'Asie inermes (sans épines). Dès l’époque du Nagada II on les retrouve représentés sur des vases. Ils semble qu’ils avaient un role magique de protecteurs . Ils seront aussi représentés sur la proue et la poupe de barques royales ( tombe de Pepi anj her ib ( Meir – 5ème dynastie). Cet animal pourrait avoir un rapport avec la renaissance ; il a en effet la capacité de s’approvisionner en aliments et d’hiverner si les temperatures baissent . Il survit fort bien en milieu hostile (désert) et pourrait donc être capable de vaincre les forces du mal qui habitent des zones hostiles ; il a également la capacité de se nourrir de serpents. De plus ses piquants lui servent de défense et lui permettre de se protéger des forces du mal et des génies qui pourraient d’approcher dans l’au-delà. Le hérisson, qui habite ce royaume des morts qu'est le désert et qui loge dans de sombres tanières, anticipe les formes d'existence de l'au-delà. (http://amigosdelantiguoegipto.com/?page_id=12469 )
Associé à deux divinités : Abâset et
Temet
« Située bien loin de la vallée du Nil, sur la frange orientale d'el-Baouiti, la
capitale de l'oasis de Bahariyya, la tombe d'un certain Benaty, qui fut un des
notables locaux au cours de la XXVIe dynastie, est curieusement l'unique
monument où, dans un décor par ailleurs très original, figure deux fois Abâset,
une déesse-hérisson attestée nulle part ailleurs en Egypte. (...) Les moeurs du
petit insectivore, qui ne sort pour chasser que lorsque le soleil a disparu, sa
faculté de voir et de se déplacer la nuit et celle de prendre l'aspect d'une
boule rayonnante de piquants pour se défendre, suffisent probablement à
expliquer ce lien avec le soleil. (...) Abâset est figurée chaque fois comme une
femme se tenant debout, une main le long de la cuisse et l'autre tendue vers
l'épaule du dieu qui la précède. » ("L'Egypte ancienne et ses dieux" de
Jean-Pierre Corteggiani.)
voir article de Faten Hamdi El-Elimi - Deux statuettes de hérisson du Moyen Empire: http://www.culturediff.org/mediasources/epublis/i-Medjat/iMedjat5.pdf - Il y a également un article du même auteur intitulé "L'iconographie égyptienne du hérisson" dans le N° 15 de la même revue mais il n'est pas encore disponible gratuitement sur le site ;)
voir :
https://www.metmuseum.org/pubs/bulletins/1/pdf/3269051.pdf.bannered.pdf (
Dorothea Arnold - Egyptian Bestiary - MET p.22)
La
souris :
Les petits rongeurs étaient une menace
redoutable pour les paysans car ils mangeaient les graines et les récoltes.
Le
rhinocéros :
( L. Keimer, 1948 - Note sur les
rhinoceros de l'Egypte ancienne. Annales du Service des Antiquites de l' Egypte
48: 47-54, figs. 1-5 : pdf :
http://www.rhinoresourcecenter.com/index.php?s=1&act=pdfviewer&id=1301612722&folder=130
) )
La chauve-souris : Il s'agit de fait de roussettes. le papyrus Ebers nous dit : "Recette pour empêcher le retournement des cils dans l'oeil, myrrhe, sang de lézard, sang de chauve-souris; faire l'extraction des cils et après appliquer le remède, l'oeil sera guéri."
Il semble que ces animaux furent considérés comme néfastes, raison pour laquelle ils sont peu représentés - (BIFAO 36 (1936-1937), p. 117-123 - VANDIER D’ABBADIE (Jeanne) : À propos d'une chauve-souris sur un ostracon du Musée du Caire [avec 1 planche]. voir http://www.ifao.egnet.net/bifaos/BIFAO_036/Bifao036_art_06.pdf )
L'hippopotame
( voir dans les animaux aquatiques)
|
La Mythologie Egyptienne - Aude Gros de Beler - Editions Molière |
Dictionnaire de la Civilisation Egyptienne - Rachet Guy - Larousse |
|
Dieux et Déesses de l'Egypte ancienne - Dr. Edouard Lambelet - Editions Lehnert & Landrock - 1989 - Les divinités de l'Egypte ancienne et comment les reconnaître. | |
Eric Hornung – les dieux de l’Egypte l’un et le multiple |
|
Article dans Sciences et Avenir - février 2004 | |
Meskell Lynn: Vies privées des Egyptiens - Nouvel Empire 1539-1075 - Editions Autrement | |
Revue Egypte, Afrique et Orient : N°23 - Novembre 2001 - Speciale canidés | |
Pyramides, temples, tombeaux de l'Egypte ancienne - Lebeau Richard - Editions Autrement - 2004 | |
Desroches - Noblecourt Christiane : le fabuleux héritage de l'Egypte - Editions Telemaque - 2004 |
|
Desroches - Noblecourt Christiane :Lorsque la nature parlait aux Egyptiens - Ed. Philippe Rey -sept. 2003 | |
**Philippe Germond et Jacques Livet - Le Bestiaire égyptien - Citadelles & Mazenod - 2001 | |
** Françoise Dunand - Roger Lichtenberg avec la collaboration d'Alain Charron : Des animaux et des Hommes : une symbiose égyptienne - Editions du Rocher 2005 | |
Mustélidés Pharaoniques : Nicolas Manlius - article Toutankhamon magazine 37 - février 2008 | |
Article sur les Porcs en Egypte ancienne sur le Web - Osirisnet |
(© selkis/cat)