Barde-Cabuçon, Olivier «Tuez qui vous voulez» 2014
la série du « commissaire aux morts étranges » Tome 3
Résumé : Hiver 1759. Alors que s’élèvent les fusées multicolores d’un splendide feu d’artifice donné par le roi à son bon peuple de Paris, un inconnu est assassiné dans une ruelle. C’est le troisième jeune homme retrouvé égorgé et la langue arrachée. Mais cette fois, la victime est russe. Le commissaire aux morts étranges se charge de l’affaire dans une atmosphère aussi singulière que les meurtres dont il a la charge : les miracles se multiplient au cimetière Saint-Médard, et des femmes se font crucifier dans des appartements discrets pour revivre les souffrances du Christ ; les rues de Paris s’enfièvrent à l’approche de la fête des Fous qu’un mystérieux inconnu invite à ressusciter ; la cour, quant à elle, est parcourue de rumeurs au sujet du mystérieux chevalier d’Eon, secrétaire d’ambassade à Saint-Pétersbourg et, dit-on, émissaire du Secret du roi, une diplomatie parallèle mise en place par Louis XV… Les tensions s’exacerbent dans les quartiers populaires. Sartine, le lieutenant général de police, craint des débordements car le peuple est seul maître de la rue. Quant au moine, oubliant son âge, il semble se laisser gagner par l’esprit de cette antique fête, où les fous deviennent sages et les sages fous. La royauté est menacée, les interdits transgressés. L’ordre social est-il en train de s’inverser ? Le commissaire aux morts étranges garde la tête froide et mène l’enquête.
Mon avis : Un peu moins aimé que le précédent. Mais je m’attache… surtout au Moine, qui est mon personnage préféré, plus que le Commissaire. J’aime bien cette période et cette série, très bien documentée. Le chevalier d’Éon est de la partie, personnage mystérieux s’il en est. La « Fête des fous » et son histoire, la peur devant la montée de la contestation, le problème des « convulsionnaires », les jansénistes.. J’aime beaucoup cette période de l’Histoire et cette série, très bien documentée, mais ( petit bémol) parfois le côté Histoire très développé (avec un grand « H ») occulte un peu l’intrigue; tout en appréciant les détails et les informations, je trouve que cela nuit à la fluidité de l’histoire (avec un petit « h »).
Extraits :
— Tu n’arrêteras donc jamais de t’attirer des ennuis ? — J’ai passé l’âge de m’en préoccuper, mon fils ! — C’est bien ça le problème…
Je me suis toujours demandé pourquoi des assassins se plaisent à mutiler le corps de leurs victimes. J’ai ma petite théorie. En mutilant le corps, on mutile aussi l’esprit et, si l’on arrache la langue, c’est qu’elle permet l’expression de la pensée.
… tout tourne autour de la vérité. On tranche les oreilles à celui qui ne veut pas l’entendre, on crève les yeux à celui qui ne veut pas la voir et on coupe la langue à ceux qui ne la disent pas
La jeunesse est capable de tout car elle ne s’est pas encore usée comme nous à la réalité de la vie !
Lorsqu’on est jeune, tout est encore possible. Plus le temps passe, plus le champ de nos possibilités se réduit
Dans son regard se nichait une brillance lactée. Quel dieu égaré avait donc dissimulé en elle tant de lumière ?
Lorsque ton corps est malade, tu l’es réellement. Lorsque ton esprit croit que ton corps est malade, eh bien c’est la même chose !
N’y pense plus, nous donnons le nom d’expérience à toutes nos erreurs
Savez-vous que chacun de nos doigts est consacré à un dieu ? À Mercure l’auriculaire, Apollon l’annulaire, Saturne le médius, Jupiter l’index, Vénus le pouce
La mission de Sartine est de conserver le plus longtemps possible en l’état un monde qui se meurt. Je n’aime pas les gens qui ne souhaitent pas que le monde change
La vérité… Prenez garde ! Elle voyage dans des forêts épaisses et profondes, remplies de pièges et d’étranges détours…
De belles paroles mais son discours n’est que crème fouettée !
Et lorsqu’il s’était endormi, un rêve l’avait entraîné dans un escalier en spirale sans fin dont il ne trouvait pas l’issue. Il l’avait monté et descendu tant de fois au cours de ces dernières heures que tout son corps semblait moulu et brisé de fatigue
Le sommeil n’est pas de mes amis quoique parfois un rêve me transperce.
Mon seul lieu d’origine est le ventre de ma mère. Citoyen du monde entier, je n’ai nulle patrie hormis celle des livres.
Comme les hiboux, elle dort le jour et veille la nuit
Si elle ne s’était sentie un pantin sans âme, elle aurait pu l’aimer. Ou plutôt, elle l’aimait. Autant que pouvait le faire une femme brisée, dotée d’un cœur mort à l’humanité
Sartine ne souriait jamais à ses subalternes, seulement à ses supérieurs. Mais c’était finalement une habitude commune à tous ceux ayant accédé à un poste important
Si, je vous entends mais je vous écoute le moins possible !
dans un couple, le problème, c’est l’autre !
Notre passé est aussi ce que nous sommes
C’était le milieu de l’après-midi mais déjà la lumière faiblissait et les couleurs s’effaçaient les unes après les autres
Il menait une vie des plus inutiles et futiles. Il avait même commencé à lire des livres !
Du pan de son manteau, la nuit habillait les cieux de velours.
Il avait appris à craindre l’ouïe des mouches au cœur même de l’obscurité et rien ne l’inquiétait plus que le silence de la nuit. Par moments, la police de Sartine lui apparaissait comme une seule et gigantesque oreille, épiant chaque habitant de Paris au cœur même de son intimité
Lorsqu’il s’endormait, le chagrin réussissait à s’infiltrer même sous ses paupières. La journée, il sentait le vide prêt à s’installer en lui et s’étirer jusqu’à emplir la moindre parcelle de son être
On m’a donc calomnié devant vous et en mon absence. — Diable, on ne calomnie jamais les gens en face !
Elle paraissait légère comme un rêve
Quelques fragments de souvenirs dérivaient épars dans sa mémoire comme des blocs de glace sur un océan givré.
Mon bonheur tient tout entier dans ce que je suis.
As-tu remarqué comme les gens n’essaient plus de dissimuler leur accent natal lorsqu’ils disent la vérité ?
— Palsambleu, c’est bien curieux ! Ces étrangers ne font rien comme nous autres ! — Eh non ! C’est pour cela qu’ils sont étrangers ! — Certes !
— Avez-vous faim ? — Pas le moins du monde mais apportez donc aussi cette saucisse sèche qui se traîne près de vous. Nous lui ferons un sort, sorciers que nous sommes !
Les gens comme moi sont rares et si un jour vous avez quelque mission à me proposer, vous saurez que vous pourrez me la confier sans crainte car je suis un homme de parole sachant se taire.
Lorsque la société serre les fesses, constata-t-il, les espaces de liberté individuelle se réduisent considérablement !
La vérité voyage dans des forêts épaisses et profondes, remplies de pièges et d’étranges détours…
Cette pierre est de l’azurite, un remède contre la mélancolie
Note : gynophobie : Peur du sexe opposé
article global sur la série du « commissaire aux morts étranges »
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