Nordbo , Mads Peder « La fille sans peau » (2020) 384 pages (Série Matthew Cave tome 1)

Auteur: Mads Peder Nordbo est Danois, mais a vécu au Groenland plusieurs années. Né en 1970, il a fait des études de littérature, de communication et de philosophie à l’université du Danemark du sud et à l’université de Stockholm. Mads a vécu au Danemark, en Suède, en Allemagne et au Groenland. Il a travaillé dans le service de communication de la mairie de Nuuk, où, il a, entre autre, écrit pour le président de la municipalité de Sermersooq, qui s’étend sur la calotte glaciaire du Groenland.
Romans:
Série Matthew Cave : La Fille sans peau (2020) est le tome inaugural d’une trilogie poursuivie avec Angoisse glaciale (2021)
Actes Sud/Actes Noirs – 08.01.2020 – 384 pages / Babel – 06.04.2022 – 379 pages (Niviarsiaq ameqanngitsoq – traduit par Terje Sinding)
Résumé:
Nuuk, Groenland, 2014. Une découverte sensationnelle fait frémir la petite communauté : le corps d’un Viking est extrait de la glace, en parfait état de conservation. Mais le lendemain, le cadavre a disparu et on retrouve l’agent de police qui montait la garde nu et éviscéré comme un phoque. L’épouvantable procédé résonne funestement avec des affaires de meurtres non élucidées datant de plus de quarante ans.
Le journaliste danois Matthew Cave s’immerge dans ces cold cases, révélant le destin terrible de tant de fillettes de la communauté. Mais sa quête menace clairement les intérêts malsains de certaines personnalités importantes de l’île, et il comprend assez vite que sa curiosité risque de s’avérer fatale. Etrangement, la seule à qui il ose faire confiance est une jeune chasseuse de phoques groenlandaise récemment libérée de prison.
« La Fille sans peau » nous plonge dans un monde fascinant et hostile recouvert d’une couche de glace vieille de plus de cent mille ans, dont la beauté envoûtante cache une nature imprévisible et souvent meurtrière. Un « arctic noir » viscéral et addictif qui ne laissera personne indifférent.
Mon avis:
Quand on retrouve la momie d’un homme viking dans la glace et que celle-ci disparait immédiatement pour être remplacée par le cadavre éviscéré et dépecé de l’agent de police qui était chargé de monter la garde sur la banquise car c’est une découverte unique sur le plan mondial, l’émotion est grande dans la ville de Nuuk et Matthew, le journaliste qui écrivait le « scoop » de cette description en est pour ses frais. Interdiction de publier quoi que ce soit. Dans la foulée, le photographe qui avait pris des photos de la momie a été cambriolé et tout son matériel a disparu. Il faut croire que cette découverte dérange !
La façon dont a été tué le policier ( à la manière dont on tue et dépece les phoques) rappelle furieusement des crimes classés, des cold-case des années ’70.
A défaut de couvrir la découverte de la momie, le journaliste va se pencher sur ces cold-case datant d’il y a quarante ans. Le roman va se passer sur deux temporalités : 1973 et 2014. En 2014, quatre hommes ont été tués de la même manière, avec un couteau en forme de demi-lune, qui sert à nettoyer la peau des phoques. En creusant cette piste, Matthew va s’attirer bien des ennuis… Si on ne remonte pas jusqu’à la période des momies, on va par contre lever le voile sur un sujet tabou, qui dérange des personnes en vie il y a 40 ans…
On va découvrir l’histoire de la ville de Nuuk et de ses habitants, nous parler de la place du Groenland dans l’UNion Européenne.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Tupaarnaq , une jeune chasseuse de phoque tatouée, sauvage, qui sort de prison et ne fait confiance à personne. Très beau personnage que j’espère retrouver si je continue a lire cette série.
Attention : c’est un roman dur avec des scènes violentes, tant physiquement que psychologiquement. Mais comment peut-il en être autrement quand on touche au sujet des viols et des abus sexuels sur enfants…
Suspense et tension au programme. Ames sensibles s’abstenir…
Extraits:
Mais je pense surtout aux esprits. Ils n’aiment pas être dérangés. Si ce type est mort depuis plusieurs siècles, s’il est resté aussi longtemps dans cette crevasse, il doit y avoir plein d’esprits autour de lui… Et ils ne sont pas bons. Ce sont des esprits souterrains.
Ça fait partie de notre culture. Mais je ne crois pas aux esprits. Que la roche en soit remplie et qu’on puisse les dresser les uns contre les autres en sculptant de petites figurines de tupilaks, ça me paraît absurde. Cela dit, si des gens veulent y croire, libre à eux. Après tout, moi aussi j’aime notre culture.
Je pense que tout a une âme. Quand les liens sont assez forts, on est unis pour toujours. Avant la naissance et après la mort.
On dit que les fées naissent du rire des petits enfants. Mais peu de gens savent ce qui naît des larmes d’un ange. Moi, je le sais, car je l’ai vu. Quand les larmes d’un ange tombent sur un nouveau-né, ce sera un enfant à part.
Mais souviens-toi : il y a toujours deux versions d’une histoire. Et la vérité se cache souvent dans les détails du mensonge.
Si tu veux comprendre pourquoi une bille se met à rouler, il faut d’abord chercher à savoir ce qui a provoqué son mouvement. Le mouvement n’est qu’un effet, et l’effet est visible à chacun. C’est dans la cause que se trouve l’explication.
Une fois, je lui ai dit qu’en faisant du dessin, on avait l’impression d’être dans un monde différent. Mes mots ont touché quelque chose en elle, je m’en suis rendu compte.
— Les adultes continuent de traîner les blessures de leur enfance. C’est pour ça qu’il est si important d’aimer son enfant. Pour qu’il sache que l’amour existe. Et qu’il comprenne qu’on doit l’accepter et le rendre.