Katherine Pancol « Muchachas » (2014)

Katherine Pancol « Muchachas » (2014)

Aux Editions Albin Michel : 12 février 2014

Résumé de l’éditeur Les filles sont partout dans ce roman. Elles mènent la danse. De New York à Paris, de la Bourgogne à Londres ou à Miami. Des filles qui inventent, s’enflamment, aiment. Des filles qui se battent pour la vie. Et les hommes ? Ils sont là aussi. Mais ce sont les muchachas qui dansent, dansent, dansent. Elles font voler les destins en éclats. Et ça n’en finit pas !

Après quatre ans d’absence, Katherine Pancol revient avec un nouveau roman : Muchachas, premier volume d’une nouvelle série. Des histoires qui zigzaguent de Paris à Londres, de New York à Miami, de Saint Chaland à Cuba, des ferrailleurs bourguignons à l’univers de la mode et aux studios de musique.

Mon avis : Après  Les Yeux jaunes des crocodiles , « La Valse lente des tortues » et Les Ecureuils de Central Park sont tristes le lundi …
Sorti à la veille de la Saint Valentin, un 4ème tome plein de fraicheur… et aussi de noirceur. J’ai retrouvé avec plaisir la tribu Cortès, Hortense, Gary, Zoé, Joséphine, Philippe, et les autres. J’ai aussi fait la connaissance de personnages moins citadins. Au début je ne comprenais pas trop ce qu’ils venaient faire dans l’histoire, puis maintenant que je sais comment ils s’imbriquent dans l’histoire, je me réjouis de les retrouver. Mais je pense que si on a pas lu le début de la saga , on ne va pas apprécier le roman..

Extraits :

Ils apprennent ensemble, ils grandissent ensemble, elle l’étonne, il l’étonne, jamais ils ne se lassent

Son piano fluidifie mes modèles, les notes de Schubert, Bach, Mozart donnent un rythme, une ampleur à mes dessins.

Et si sa vie lui échappait ? Jusque-là, elle a vécu à toute allure dans un film en couleurs, mais depuis quelque temps, elle se débat dans un gris qui lui donne le cafard

Je me trouve à mon goût, ne m’enfle ni ne me tasse, ne me compare à nul autre. Mon bonheur est simple : être moi

Il s’envole, un grand sac de notes dans les bras qu’il sème sur ses portées. Sa main ne va pas assez vite. Les pages du carnet tournent trop lentement. Il saisit enfin la mélodie qui le hantait. Elle bondit, file, s’emporte, il court derrière elle. Il la rattrape, s’en empare, la plaque

Elle a de très beaux yeux, il ne pourrait pas décrire leur couleur, noirs avec des reflets d’argent, de mercure et de plomb, presque liquides, ils s’agrandissent, l’enveloppent. Il tombe dans son regard

Elle l’écoute comme si chaque mot qu’il prononçait égrenait de belles notes. Comme s’il réinventait le souffle du feu dans l’air, le bruit des torrents butant contre les pierres, le murmure endormi des algues des étangs

Elle est ratatinée, parcheminée. On dirait un abat-jour fripé.

On n’apprend rien sur des peaux lisses, le doigt glisse, alors que les rides renferment mille merveilles. Ce sont des îles au trésor.

Il faudrait que je me repoudre le nez, le froid a dû le transformer en radis de potager

Les tableaux chantent et dansent. Matisse surtout, un festival de couleurs qui éclatent en notes dans ma tête

Tous lui répétaient qu’à son âge, c’était i-nes-pé-ré. Elle entendait dé-ses-pé-ré.

Personne ne se souvient, à la fin de sa vie, des nuits où il a bien dormi

Elle collectionne les petits bonheurs

Elle caressait les bleus qui noircissaient sa peau comme pour réparer sa chair tuméfiée. Elle avait envie de demander pourquoi on appelle ça des bleus alors que c’est jaune, violet, rouge et noir ? Mais elle n’osait pas. Elle pensait juste qu’en la caressant la peau repousserait rose et lisse.

Elle a appris à vivre ainsi. En pointillé. L’ombre d’un homme a changé sa vie.

Prie le ciel et les étoiles. La petite étoile que sa mère lui montrait dans le ciel. C’est la plus belle, Stella. Elle a huit branches pour exaucer tous tes vœux. Tu as droit à huit vœux par semaine, un pour chaque jour, et deux le dimanche. C’est ton étoile porte-bonheur. Tu peux tout lui dire. Regarde le ciel, Stella ma toute belle, regarde le ciel, il te répondra.

Ils déambulent dans les rues ocre et rouge de Sienne, des rues qui montent et qui descendent, qui essoufflent, enfoncent des petits poignards dans les côtes, rapprochent les amoureux, séparent les cœurs boiteux

Et dire que je ne savais pas qu’on pouvait s’aimer comme ça ! pensent-ils l’un et l’autre sans oser s’avouer la candeur de leur étonnement. Dire que je croyais qu’il fallait souffrir et se tromper, être blessé, malheureux, calculer, ruser, se taire, redouter.

L’amour me change en statue de pierre. Muette, figée par la peur de tout perdre dans l’instant qui va suivre

Elle veut saisir ce moment et en faire un instant parfait. Une minute de bonheur qu’elle mettra en flacon.

Parce que tu as un cœur, parce que tu as une âme, parce que tu t’arrêtes devant un tableau et que tu restes plantée là bouche bée pendant une heure, parce que je dis « parapluie » et que tu éclates de rire, parce que tu sautes à pieds joints dans les flaques, parce que tu ramasses un pauvre chien pourri dans la rue et que tu l’adoptes, parce que tu parles aux étoiles et que tu crois qu’elles t’entendent, parce que, quand tu aimes, on se croit le roi du monde. Voilà pourquoi je t’aime et je pourrais encore trouver trente-six mille raisons

Tant de beauté jetée là comme par négligence !

Quand les étoiles ne brillent pas, quand la petite étoile au bout de la Grande Ourse n’est pas visible, qu’elle est dans l’impossibilité de clignoter, elle interroge les livres. Ils lui tiennent lieu de ciel étoilé

Ils semblaient cousus ensemble.

On dirait un automate. Impossible de le décoincer, de le remonter avec une clé pour qu’il parle. – Mais pourquoi ne dit-il rien ? – Parce que les hommes ne parlent pas. Ils descendent dans leur caverne, s’enferment, ruminent et ne remontent que lorsqu’ils ont réglé leur problème

Si tu décides d’être heureuse, tu seras la plus forte. Si tu décides de résister, un jour tu gagneras. Il y en a qui préfèrent jouer les victimes et d’autres qui décident de s’en sortir malgré tout. De planter leur clou

Ce jour-là, elle avait compris que frapper quelqu’un n’était pas le seul moyen de le démolir.

L’absence de pensée est l’opium du peuple

Elle me souriait et, dans ce sourire, il y avait tant de tristesse que je préférais encore quand elle ne souriait pas.

Il a le regard d’un homme qui se tient au bord de la vie pour ne pas tomber dans un piège.

.. il y a sûrement un paysage magnifique derrière ce brouillard et que ce n’est pas parce qu’ils ne le voient pas qu’il n’existe pas. La foi en la vie, il ajoute, c’est de croire qu’il y a une place pour toi derrière le brouillard. En ce moment, tu penses que tu es tout petit, tout cassé, sans importance, mais quelque part, derrière ce gris, une place t’est réservée, une place où tu seras heureux

Parfois, les souvenirs déferlent sans crier gare. Ils surgissent en petites séquences tels des bouts de pellicule qu’on aurait coupée par-ci, par-là. Elle les reconnaît ou elle les redécouvre. Elle est assise devant un écran blanc sur lequel on projette sa vie. Souvent, les bouts de pellicule déclenchent des torrents de pleurs

Ce n’est pourtant pas le futur que cette longue femme aux mèches blanches déchiffre. C’est son passé. Elle le redécouvre, étonnée, comme si tout ce qu’elle avait vécu n’avait été qu’un songe. Que rien ne lui avait vraiment appartenu. Il n’y a pas que des bulles noires qui remontent. Des souvenirs heureux ressurgissent aussi. Des bouffées d’émotion qui s’échappent d’un flacon. Ces jours-là, elle pleure des larmes douces, presque acidulées. Elle sourit en les sentant couler, les attrape du bout de la langue, les goûte comme les perles d’un bonheur retrouvé.

Dans mon pays natal, les gens sont indifférents parce qu’ils sont épuisés par un malheur auquel ils ne peuvent rien. Ils n’ont même plus la force d’aimer. Ils se nourrissent des restes de la vie comme les chats errants puisent dans les poubelles

Il sait lire dans ses yeux. Ils n’ont pas besoin de se parler. Savoir quand il faut s’approcher ou au contraire s’éloigner, voilà tout le mystère de l’amour qu’aucun livre n’enseigne.

L’enfant, c’est une promesse faite au temps. Un dessin d’avenir.

Il y a une odeur de bonne humeur dans l’air, quelque chose de subtil, de parfumé, un avant-goût de printemps.

L’écriture sert à voir ce qu’on voudrait oublier.

Je suis restée longtemps sans rien voir. Jusqu’à qu’à ce que je me décide à écrire.

 

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