De Giovanni, Maurizio «Le Noël du commissaire Ricciardi» (02.2017)
Série : Commissaire Ricciardi (Naples 1931)
5ème enquête
(Per Mano mia : Il Natale del commissario Ricciardi – 2011)
Résumé : Après les « Saisons » du commissaire Ricciardi, Maurizio de Giovanni entame un nouveau cycle, celui des « Festivités ». Le Noël du commissaire Ricciardi ouvre ce cycle avec une histoire située au moment de Noël dans la Naples des années 1930.
Le commissaire Ricciardi et son fidèle adjoint le brigadier Maione doivent découvrir l’auteur du meurtre d’Emanuele Garofalo et de son épouse. Membre de la milice fasciste, Garofalo était chargé de la surveillance du port. Mais c’était un arriviste sans scrupules qui avait usurpé la place d’un collègue en le calomniant. Nombreux sont ceux qui avaient des raisons de lui en vouloir. Une enquête compliquée pour le commissaire qui, heureusement, va pouvoir compter sur l’aide du prêtre don Pierino; le pragmatisme de ce dernier et sa science d’historien sur la tradition des crèches napolitaines lui sera d’un précieux secours.
Mon avis :
Nous sommes à quelques jours de Noel. Et en ouvrant le roman je me pose une question… Ricciardi, qui vient d’échapper à la mort (voir tome 4) est-t-il rétabli ? Son cœur a-t-il fait un choix entre les deux femmes qui sont amoureuses de lui… Il faudra attendre la toute fin du livre pour savoir qui de l’une ou de l’autre l’embrassera pour Noël… En attendant un double meurtre va occuper notre Commissaire aux yeux verts et son adjoint va devoir faire face à sa conscience suite au décès du meurtrier de son fils. Naples juste avant Noël, ses traditions : sous partons à la découverte du monde des pêcheurs et des pécheurs, nous allons aussi à la rencontre des créateurs des personnages des crèches de la Nativité et des croyances et coutumes qui gravitent autour. Une fois encore on est en terrain miné car les officiers du fascisme sont au cœur de l’enquête… Alors un faux pas serait dramatique… Sous le regard de Saint Sébastien, symbole de la milice… on avance dans les eaux troubles et glacées… Et dans toute la misère, on essaie au maximum de protéger les petits enfants qui ne sont en rien responsables des agissements de leurs parents mais qui sont à la merci de mauvaises décisions.
Toujours aussi attachée – et même de plus en plus – aux personnages atypiques, sensibles, meurtris et humains de cette série.
Extraits :
Il faudrait bien plus qu’un pare-brise pour me démolir la tête : je suis un gars de la campagne et tu sais que nous, là-bas, nous avons le crâne plus épais que vous en ville.
– En dehors du fait que, comme tu le sais, je suis athée, Noël, à dire vrai, m’a toujours rempli de tristesse. Toutes ces familles qui se réunissent en faisant semblant de s’aimer, alors que nous voyons jour après jour combien elles se haïssent ; ces échanges de sourires et de vœux, pour ensuite se dire pis que pendre par-derrière ; cet étalage de richesse et de bien-être pour subir, les jours suivants, la famine. Quelle horreur. »
Si l’amour est un battement de cœur, si l’amour est une attente, si l’amour est une délicate souffrance, je vous aime. Et mon esprit et mon cœur ne vous quittent jamais.
Garofalo a heurté un couteau par mégarde, trente fois de suite.
On peut voler la vie de quelqu’un, ses rêves et ses espérances. Le plus grand crime c’est celui-là : le vol de l’espérance.
L’espérance, c’est ce qui meurt en dernier, mais elle finit tout de même par mourir.
Noël est une émotion.
Il est fort comme un battement de cœur et imperceptible comme un battement de cil.
Mais il peut être emporté d’un coup de vent, ou même ne jamais arriver.
Saint Sébastien, dites-vous ? Un des premiers martyrs. Il était le chef des gardes de Dioclétien, un empereur romain cruel qui a beaucoup persécuté les chrétiens. Quand il s’est converti, l’empereur l’a découvert, l’a fait attacher à un pal et l’a livré à un peloton d’archers. Ce qui explique qu’on le représente ainsi, frappé par un grand nombre de flèches. C’est pour cela qu’il est le patron…
– … de la milice, oui, je sais.
Comme il aidait volontiers celui qui se trouvait en difficulté, il était peu à peu devenu le confident de tous, une araignée au centre de l’immense toile des commérages qui enveloppait la ville entière
Son sourire me fait peur, elle ressemble à une tête de mort. Je ne m’étais pas aperçu qu’elle s’était autant fanée.
Il était comme une note de musique lorsqu’elle doit s’harmoniser avec une autre.
Le médecin avait prescrit des remèdes, mais autant prescrire de l’or, de l’encens et de la myrrhe, tels qu’en portaient les silhouettes de bois et les visages des figurines des Rois mages.
Les remèdes sont faits pour les riches. Les médecins sont faits pour les riches
La responsabilité de ce qu’il allait faire reposait entièrement sur ses épaules. En fait, il était devenu juge contre son gré, et dans le procès le plus important, celui qui se déroulait dans sa conscience.
La crèche est comme le monde : tout semble y avoir été mis au petit bonheur la chance mais, en réalité, chaque objet a sa signification.
elle disait que, pour les petits, certaines images représentaient la fête, et qu’ils les portaient toute leur vie dans leur cœur.
Il sentit le froid le gagner mais il se rendit compte qu’il venait de l’intérieur.
Obéissant à une très vieille tradition, le 23 décembre transformait une des rues historiques de la ville, celle qui menait des anciens quartiers de l’armée des Aragonais jusqu’au port, en un grand marché à ciel ouvert dédié au prince des tables napolitaines des jours de fête, Son Altesse le Poisson.
Sur le blog : article sur la série des enquêtes du Commissaire Ricciardi
Voir : http://www.quicampania.it/mauriziodegiovanni/maurizio-de-giovanni-bibliografia.html#ricciardi