Goetz, Adrien « Intrigue à Venise » (Pénélope 03) 2012

Goetz, Adrien « Intrigue à Venise » (Pénélope 03) 2012

Résumé : Pénélope ne connaît pas Venise. Un comble pour une historienne de l’art, de surcroît conservatrice au château de Versailles ! Un colloque sur les gondoles, instruments de la conquête vénitienne, lui offre l’occasion de passer quelques jours sur la lagune. Cependant, à Rome, Achille Novéant, membre de l’Académie française et grand amoureux de la Sérénissime, meurt tragiquement. Bientôt, ce sont tous les « écrivains français de Venise », club d’ordinaire paisible et inoffensif, qui sont menacés. Et voilà Pénélope – secondée par son fiancé-journaliste Wandrille – obligée de revêtir ses habits d’enquêtrice. Au cœur de l’énigme, un Rembrandt qui dormirait sur une île et que personne n’a jamais vu.

Beaucoup d’excentricités, quelques personnages masqués, des meurtres en série sont les ingrédients de ce savoureux cocktail vénitien. Thierry Clermont, Le Figaro littéraire.

Mon avis : Et de trois… Cette fois si je trouve que le récit « coule moins »… Trop de références, trop guide ou livre d’histoires.. Trop d’Histoire avec un grand « H » tue la petite histoire.. Incroyablement bien documenté, l’intrigue passe au second plan. Trop de détails et d’informations historiques, surtout dans la première moitié. Après enfin l’intrigue et les personnages qui prennent de l’ampleur. Mais j’ai aimé me promener dans Venise et découvrir des endroits qui sont loin de la Venise touristique. Mais toujours sauvé par mon intérêt pour l’histoire qui passe avant la trame du roman…et par la sympathie que j’éprouve pour les personnages…

Extraits :

Bientôt on pourra dire : pas un chat à Venise ! Leur dernier refuge, ce sont les cloîtres à l’intérieur de l’hôpital San Marco, juste ici, c’est très beau d’ailleurs. Suffit d’entrer, c’est gratuit, les touristes ne le savent pas, ils ne regardent que la façade, mais c’est vrai qu’elle est superbe

Tous les arcs de triomphe sont creux, Wandrille vient de l’apprendre et il est assez fier de donner un cours d’architecture à l’académicien. Ils sont creux, ça les rend plus solides. Craonne murmure : « J’en connais d’autres… »

Vous n’êtes pas en retard. Ici, à Venise, tout le monde s’attend, on finit toujours par se croiser. C’est le seul endroit d’Italie où personne ne se téléphone. On s’assied à une terrasse et on regarde si la personne qu’on veut voir ne va pas passer

À Venise, il faut toujours rester un peu à l’ancienne mode, faire comme dans les films. »

À Venise, une première vague de silence s’établit dès huit heures, les rues et les places se vident, ensuite les jeunes ressortent, envahissent le Campo Santa Margherita et les ruelles qui y mènent, tout s’éteint à nouveau vers une heure. C’est tôt pour une cité qui était au XVIIIe siècle la capitale de toutes les débauches.

la mauvaise foi a des limites, même dans les discussions de vieux couples

Une chambre avec vue, de nuit, quand elle est illuminée par le dessus-de-lit, c’est encore mieux. On peut écouter marcher les chats et les rôdeurs sur le canal, entendre les canots qui passent, sans qu’on puisse jamais deviner pourquoi ils s’aventurent ainsi, vers deux ou trois heures du matin, entre les maisons et les palais

Ce palais n’a rien d’un décor. On y trouve le désordre de la journée. Elle imagine cette femme seule, qui y travaille, accumule ses notes à sa petite table, lit les nouvelles parutions sur ce sofa écarlate.

C’est commencer à connaître un peu intimement Venise que d’être invité dans un palais. On traverse la façade, les mystères apparaissent.

— Venise n’est pas en Italie, c’est une planète à part. — Comme Versailles, dit Pénélope, je comprends ce que vous voulez dire.

Un atelier de restaurateur de tableaux, la nuit, c’est toujours vide. Pour restaurer, il faut la lumière du jour

D’où cette pièce à part, chez tous les restaurateurs, qu’on ne doit jamais ouvrir au client : celle où les tableaux sont nus, écorchés, décadrés. Ils vont ressusciter, mais ils ont l’air d’être des cadavres. La pièce secrète où les plus importantes œuvres d’art des musées ont l’air de croûtes. Celle où les restaurateurs semblent tous être des assassins ou des médecins légistes

Les manuscrits de Vivaldi, c’est comme le pétrole dans les émirats, on en a encore pour soixante ans d’exploitation du gisement

À Venise, on respecte les mystères, on protège les blessés, on sait ne pas poser de questions

En toute femme, à Venise, se dit la pauvre Pénélope, s’éveille une midinette.

— Je suis amoureux d’une historienne. Je suis resté dans la tradition de Cartier-Bresson, vois-tu, jamais je n’abandonnerai l’argentique. Avec ton appareil, tu élimines tout de suite les photos ratées. Une photo ratée, ma vieille, c’est un chef-d’œuvre trente ans plus tard, parce qu’on y voit la grosse poubelle qui faisait que vingt ans avant on trouvait que c’était une photo ratée. Et les photos où on avait l’air moche, trente ans après, on se regrette, on est content de les avoir, tu verras… Notre époque ne va plus produire que des photos réussies, ça va être un désastre artistique de plus

Toi qui connais tout, tu aimes le Bellini de San Cassiano ? — Pourquoi, tu le trouves meilleur que celui du bar de l’hôtel ?

Alors que les vraies valeurs du sport, aujourd’hui, c’est l’amour de l’argent, la compétition mesquine, l’esprit de clocher, les hooligans, les dopés, les drogués, c’est l’école de la triche et du pas-vu-pas-pris, ça apprend la haine de l’autre et le narcissisme, les logos et les sponsors, l’idée que les plus forts piétinent les faibles. Se dépasser, aller plus haut, être plus rapide, plus grand

Carlo était un vrai musicien, et c’est un sport aussi – il avait été pendant trois heures violoniste, accordéoniste, gambiste, triangliste, il avait alterné andante, allegro, allegro molto. Pénélope avait succombé à cet orchestre qu’elle avait fait semblant de diriger du bout des doigts, en vrai Toscanini de l’oreiller. Léopoldine crevait de jalousie.

Nous sommes faits de la même étoffe que nos songes.

Un film se démode, un rêve, non.

Il disait : « Il faut toujours sauver la façade, la façade vous sauvera. » Une philosophie de la vie

Dès qu’elle serait à Venise, elle irait voir sur place. L’avantage avec Guardi, Canaletto et quelques autres c’est qu’on peut, aujourd’hui encore, entrer dans leurs tableaux.

La nuit, à Venise, les places sont des salons vides qu’on traverse sans y penser.

 

les Enquêtes de Pénélope :
Intrigue à l’anglaise (01)
Intrigue à Versailles (02)
Intrigue à Venise (03)
Intrigue à Giverny (04)

2 Replies to “Goetz, Adrien « Intrigue à Venise » (Pénélope 03) 2012”

  1. Waw !!

    C’est autrement bien mieux écrit que ce que je viens de découvrir ici chez Amélie Nothomb !!! Et à mon sens plus intéressant, même si c’est un roman.
    Personnellement, ce que tu estimes « négatif » en entrée de ton commentaire, m’inviterait à lire Adrien Goetz, par ailleurs Directeur de la rédaction du trimestriel « Grande Galerie. Le journal du Louvre » où j’ai eu maintes fois l’occasion déjà d’apprécier sa prose dans le « Billet » qu’il y publie régulièrement …

    1. Pour ma part j’apprécie le coté documentaire des enquêtes de Penelope. Raison pour laquelle j’ai lu les trois premières et je me réjouis de lire la 4ème. Il faut par ailleurs signaler que très souvent je lis des romans ou des policiers « historiques » si je puis me permettre de les qualifier ainsi. Ce que je regrette un peu : le cumul d’informations historiques casse un peu le rythme.. Mais je suis ravie d’engranger les informations!

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