Stevenson, Benjamin « Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu’un» (2023) 456 pages
Auteur : Né en Australie, Benjamin Stevenson est stand-upper et romancier. Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu’un est son premier roman à paraître en France. Les droits d’adaptation de ce livre traduit en seize langues ont été vendus à HBO.
Benjamin Stevenson est un humoriste et auteur primé. Son premier roman, Greenlight , a été sélectionné pour le prix Ned Kelly du meilleur premier roman policier et publié aux États-Unis et au Royaume-Uni. Son deuxième roman, L’un ou l’ autre côté de minuit , a été présélectionné pour l’International Thriller Writers Award du meilleur livre de poche original.
Sonatine – 20.04.2023 – 442 pages – traduit par Cindy Colin Kapen
Résumé
Vous aimez À couteaux tirés et les romans d’Agatha Christie ? Vous allez adorer le thriller australien dont tout le monde parle !
Je redoutais cette réunion de famille des Cunningham avant même le premier meurtre.
À peine la tempête s’est-elle abattue sur notre hôtel perdu au milieu des montages que déjà la neige – et les cadavres – s’amoncelait.
Il faut dire que nous, les Cunningham, on a du mal à se supporter les uns les autres. Je crois que nous n’avons qu’une seule chose en commun : chacun de nous a déjà tué quelqu’un.
Hommage aux chefs-d’œuvre du roman à énigme, Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu’un exige du lecteur une participation active à l’enquête. Vous pensez connaître toutes les ficelles du genre ? Méfiez-vous : Benjamin Stevenson les connaît aussi. Et il vous attend de pied ferme, prêt à jouer avec vous et à déjouer toutes vos attentes. Ne boudez pas votre plaisir et joignez-vous dès maintenant à l’enquête la plus originale, sensationnelle et divertissante de l’année.
Editeur: Benjamin Stevenson vous propose un séjour plein d’humour noir dans les montagnes australiennes, en compagnie d’une famille pas comme les autres, les Stevenson. Quand un cadavre est retrouvé dans la neige, c’est la panique au chalet. Et pour cause : chez les Stevenson, tout le monde a déjà tué quelqu’un, et le coupable se cache forcément parmi eux…
Bref, de quoi changer un peu de la randonnée et des baignades au lac.
Trouverez-vous le coupable avant la fin du roman ?
Mon avis:
Trois arguments mis en avant par les Editons Sonatine : un week-end dans un chalet, une famille dysfonctionnelle, Une partie de Cluedo grandeur nature (et avec de vrais cadavres).
Une réunion de famille en pleine montagne, au milieu de nulle part, une tempête de neige… Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est une famille unie, sans problèmes… Mais cela, vous l’avez deviné. Il suffisait de lire le titre… Je passe la parole à l’un des membres de la famille en question, Ernest – dit Ern – qui écrit des livres sur la façon dont on écrit des livres, écrit au sujet de l’écriture des romans policiers et en connait donc les codes, sans pour autant être écrivain ou policier.
C’set un livre très original et j’ai adoré essayer de suivre les pistes et essayer de récolter les indices pour tenter de trouver le coupable.. Au début j’ai trouvé que c’était un peu longuet, mais j’ai rapidement changé d’avis. Et quel bonheur de replonger dans les romans policiers d’avant, ceux qui suivent les règles de la mouvance Agatha Christie…
Nous faisons la connaissance de tous les membres de cette famille, de la Propriétaire du complexe hôtelier et du policier chargé de mener l’enquête, complètement débordé de se retrouver face à un cadavre, puis un autre… et encerclé par une famille qui est loin d’avoir une bonne réputation… Chaque chapitre est l’occasion de connaitre un personnage plus en détails. Au final … on regroupe tout ce petit monde et on a une famille, et ses secrets…
J’ai bien aimé. Plein d’humour, original. Le livre de vacances par excellence. Et dans les contextes Agatha Christie: huis clos, tout le monde pourrait être coupable.. J’ai essayé de trouver… j’ai changé plusieurs fois d’avis… et même en cas de bonne intuition, encore faut-il pouvoir démontrer…
Extraits:
Tout ce que je vous dirai sera la vérité, ou, du moins, la vérité telle que je la connaissais au moment où je pensais la connaître.
Les liens du sang sont comme la force de gravité.
La façade évoquait un calendrier de l’Avent avec ses cinq rangées de fenêtres derrière lesquelles brillait çà et là une douce lueur jaune.
Avec le bénéfice de l’âge, je sais maintenant faire la différence entre quelqu’un de populaire et quelqu’un dont on parle beaucoup.
Un vent cruel s’engouffrait dans la moindre ouverture de mes vêtements, me fouillant comme si je lui devais de l’argent.
La publicité pour la montre, je m’en rappelle encore, était assez ridicule : Un héritage familial devrait être assez lourd pour traverser les siècles. (Rolex Président)
j’aime considérer les choses sous deux angles différents. Je m’efforce toujours de voir les deux côtés de la médaille.
Mais c’était la clé du système : ne jamais laisser la réalité éclipser l’apparence du succès.
Certes, j’aurais dû apprendre à vivre avec le fait d’avoir gardé le silence, mais j’ai aussi dû apprendre à vivre avec le fait d’avoir parlé, et je ne sais pas ce qui est pire.
Un jour, tu comprendras que la vraie famille, ce n’est pas celle dont le sang coule dans tes veines, mais celle pour laquelle tu es prêt à le verser.
J’ai des souvenirs tendres de lui, vraiment, mais ce qui me vient le plus souvent à l’esprit quand je pense à lui, ce sont les vides qu’il a laissés. Les traces de sa présence davantage que sa présence elle-même.
Les autres semblaient tous se situer sur une échelle allant de l’Incrédulité à l’Acceptation, la plupart flottant autour du Scepticisme.
Un conseil : évitez de chuchoter des secrets qui comportent beaucoup de s – le sifflement se propage dans l’air comme aucun autre son.
– Quand tu rencontres un client pour la première fois, comment fais-tu pour distinguer les gens honnêtes des malfaiteurs ? Je veux dire, je sais que tu dois être impartial, mais parfois, tu dois bien faire la différence entre les causes perdues et ceux pour qui il y a de l’espoir, non ?
– C’est pour ça que j’ai choisi le droit des affaires. Je n’ai pas à me soucier de ce genre de considérations, ils sont tous pourris de toute façon.
– Je lui dois ci, je lui dois ça. Tu n’as que ce mot à la bouche. Une famille n’est pas une carte de crédit. »
– Lorsqu’on a éliminé l’impossible…
– … ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité
Il prononçait chaque mot comme s’il essayait de maîtriser une voiture dérapant sur du verglas, se débattant avec le volant.
Tout le monde sait qu’il est dangereux de s’aventurer sur un lac gelé, car une fois qu’on passe à travers la glace, il est impossible de retrouver le trou par en dessous, mais le vieux cliché de la personne en train de se noyer qui cogne des poings contre la glace transparente ne correspond pas à la réalité. Tout s’arrête dans une eau aussi froide. Quelle déception ça doit être de se voir privé de la possibilité de taper du poing contre la glace.
Il a fermé les yeux, est resté un instant immobile, puis les a rouverts. Je connaissais ce lent clignement. C’est celui que font les gens quand ils aimeraient pouvoir revenir en arrière de quelques secondes.
J’ai toujours pensé que les romans policiers contiennent bien plus d’indices qu’on l’imagine, et pas uniquement ceux que renferme l’histoire. Un livre est un objet physique après tout, qui peut trahir des secrets indépendamment de la volonté de son auteur : le changement de partie ; les pages blanches ; les titres de chapitres.