Leyshon, Nell – La Couleur du lait (RL2014)
Résumé :
En cette année 1831, Mary, une fille de 15 ans entame le tragique récit de sa courte existence : un père brutal, une mère insensible et sévère, en bref, une vie de misère dans la campagne anglaise du Dorset. Simple et franche, lucide et impitoyable, elle raconte comment, un été, sa vie a basculé lorsqu’on l’a envoyée travailler chez le pasteur Graham, afin de servir et tenir compagnie à son épouse, femme fragile et pleine de douceur. Elle apprend avec elle la bienveillance, et découvre avec le pasteur les richesses de la lecture et de l’écriture.. mais aussi l’obéissance, l’avilissement et l’humiliation. Finalement, l’apprentissage prodigué ne lui servira qu’à écrire noir sur blanc sa fatale destinée. Et son implacable confession.
Mon avis :
il a fait partie des 5 romans étrangers de la dernière sélection du jury du Prix Femina 2014.
Un petit roman déroutant ( 175 pages) . Un style bien à part. Pas une seule majuscule. Pourquoi ? Vu que quand elle apprend à lire elle apprend en tout premier le « L majuscule »
La démarche n’est pas inintéressante – loin de là – mais je n’ai pas croché. La vie d’une fillette abandonnée des Dieux et la fascination pour la Bible ; les manquements du père, l’attitude des riches et du serviteur de Dieu. Les hommes ont tous les droits dans le roman. Les seules personnes humaines : un grand-père et une vieille dame malade. La tragédie de la solitude aussi. Un langage pauvre qui fait la part belle et magnifie la puissance simple et la logique terre à terre d’une fillette innocente et pure, qui prend la vie comme elle vient, maltraitée par la nature (patte folle) et par les hommes. Et qui, foudroyée par le destin, souhaitera laisser une trace de sa vie par l’écrit et surtout ne pas laisser une trace vivante qui pourrait à son tour être cible de la méchanceté des hommes. Une jeune fille qui subit depuis toujours la volonté des autres, qui n’ose pas dire non par peur des conséquences… Une histoire très forte, écrite à la première personne mais que, curieusement, j’ai lue mais pas ressentie. Je suis passée à côté.. Pourquoi ? J’espère que quelqu’un pourra me l’expliquer..
Extraits :
moi je suis bien contente que tu sois vivant grand-père. parce que tu mets de la joie dans cette maison. la mère a secoué la tête. qu’est-ce que ça rapporte la joie
et soudain c’était comme si on soulevait un couvercle au-dessus de nos têtes. les nuages ont rapetissé et ils sont partis, le ciel s’est éclairci et les étoiles se sont éteintes. puis le soleil a paru. le jour nouveau était là
il faut toujours qu’elle prenne sa bible avec elle au lit. elle l’ouvre et elle tourne les pages en bougeant la tête et les yeux dans un sens puis dans l’autre. seulement elle sait pas lire
la bible est tombée par terre. ça l’a pas réveillée. et moi non plus vu que je l’étais déjà
les oiseaux sont venus voir ce qu’on faisait puis ils sont partis quand ils se sont rendu compte qu’on ne semait pas
si je pouvais arrêter le temps alors je vivrais cette minute toute ma vie et pour l’éternité. mais une minute ne peut pas durer l’éternité
ça ne se dit pas. et pourquoi puisque c’est vrai ?
il a ri. toi, tu as la langue bien pendue. mais non, elle est normale
je m’inquiète pas. quand je peux rien faire pour changer les choses, je n’y pense pas. si je peux les arranger alors je le fais et je n’y pense plus
l’automne s’est changé en hiver si vite que j’ai cru que j’avais raté des jours.
des fois la mémoire c’est bien car sans les souvenirs il ne reste rien de la vie. mais d’autres fois elle retient des choses qu’on préférerait oublier et après on a beau essayer de s’en débarrasser elles reviennent quand même
il avait passé son bras autour de mes épaules. comme un châle qui me réchauffait
6 Replies to “Leyshon, Nell – La Couleur du lait (RL2014)”
Je n’étais pas trop tentée par le résumé mais avec ton avis, je sais que je ne le lirai pas…
ouf un de moins sur ma tour de pise à lire 😉
Influençable …
Non Marie n’est pas influençable. Mais depuis le temps qu’on se connaît, on se rend compte que si j’aime elle aime et si je n’aime pas, elle non plus.. Alors elle choisit d’autres livres à emprunter à sa bibliothèque..
influençable ? non je ne crois pas ; enfin un tout petit peu peut-être mais je sais que je ne le regretterai pas car comme l’a dit Catherine, nous avons beaucoup de lectures en commun et nos avis se rejoignent très souvent.
Mais de toute façon, dès le départ, je n’avais pas l’intention de le lire et vos commentaires à Catherine et toi me confortent dans ma position d’autant plus que ma pile de lecture en attente déborde de bien d’autres choses qui me tentent tellement plus…
Et malheureusement je n’aurai jamais le temps d’en venir à bout… 🙂
Dès qu’il y en a un en moins d’autres s’ajoutent 😉
Pas d’accord avec ton commentaire, que je trouve rapide, pour ne pas dire express &/ou expédié. Ce n’est pas un livre que l’on dévore, c’est un texte qui vient à soi. Mary a une sensibilité brute qui s’exprime sans détour, car elle n’a pas eu accès à l’éducation intellectuelle formatée, surtout formatée, que nous connaissons aujourd’hui.Elle pense ce qu’elle dit et dit ce qu’elle pense.
Mais c’est une jeune femme de la terre, brute & vivace.
Et son récit est exprimé dans une langue aussi simple qu’elle. phrases courtes. pas de majuscules.des points. a la portée de tout lecteur. a lire avec son coeur, tout simplement.
une quinzaine de lignes quand même le commentaire .. Ce n’est pas si express… Mais le livre n’est pas venu à moi… J’ai lu, je suis d’accord avec ce que tu dis, mais je n’ai pas vibré… Je suis restée totalement « spectatrice », de ce passage des saisons et de l’innocence bafoué . Je ne l’ai pas lu vite, je l’ai lu normalement.. Certes je n’ai pas eu à revenir en arrière pour savourer les figures de style… Pas eu envie de relire certaines phrases non plus… Pour le style à la portée de tout lecteur, je te donne 100% raison… Mais ce doit dire que ce livre ne m’a pas parlé au cœur… déjà car le style – voulu certes – m’a dérangé de bout en bout… Peut-être que si j’avais entendu le texte et non pas lu…