Penny, Louise « Le mois le plus cruel »
La série des enquêtes de l’inspecteur Armand Gamache
Tome 3 : Le Mois le plus cruel
Résumé : Un groupe d’habitants du petit village de Three Pines décide d’organiser une séance de spiritisme pour débarrasser leur commune du Mal. Mais lors de la séance, l’une des participantes meurt de peur. À moins qu’elle n’ait été assassinée… Le troisième volet des enquêtes du délicieux inspecteur Gamache.
Mon avis : Oppressant à souhait.. Après âtre venu en automne et en hiver, l’inspecteur Gamache est de retour à Three Pines pour Pâques. Le printemps arrive, mais au lieu de se retrouver dans le pays du renouveau, il va plutôt se trouver aux prises aux secrets, à une maison hantée.. Et pour ne rien arranger il est victime d’une cabale. Toujours flanqué de sa petite équipe d’enquêteurs, il va encore et toujours faire preuve d’humanité et sa qualité d’écoute va lui être bien précieuse. C’est un être magnifique que cet inspecteur et les habitants de Three Pines deviennent de plus en plus présents. On commence à bien les connaître et je me réjouis de les retrouver. C’est mon préféré des trois car l’inspecteur Gamache devient de plus en plus attachant.
Extraits :
Un artiste, mais qui semblait débranché de son cœur. Il vivait dans un monde profondément rationnel, où l’inexplicable était automatiquement « idiot », « ridicule » ou « insensé ». Même les émotions étaient insensées
Elle savait que, souvent, ce qui caractérise les grands artistes n’est pas le génie, mais la persévérance
La pluie ne vint pas et le dimanche de Pâques fila comme un lapin
Après tout, que désirait-on, sinon être à sa place ?
Les apparences étaient trompeuses. Le monde connu changeait, se reformait. Tout ce qu’il avait tenu pour acquis, pour un fait réel et indiscutable, s’était effondré. Mais pas question que lui-même s’effondre. Ou qu’il permette qu’on fasse tomber ceux qu’il aimait
Il y a des choses auxquelles on n’échappe pas, et la mort en est une.
Comment pouvaient-ils avoir été si bêtes ? Leurs vies étaient-elles si tranquilles, si ennuyeuses, qu’ils devaient chercher et créer le danger ?
Les pensées douloureuses créaient peut-être une dépendance : une fois qu’on y avait goûté, on en voulait encore.
Gamache adorait se rendre chez les gens impliqués dans une affaire. Examiner comment ils avaient aménagé leur espace le plus intime. Voir les couleurs, la décoration. Sentir les arômes. Y avait-il des livres ? De quel genre ? Quelle impression se dégageait du lieu ?
De sortir le matin, fier et fanfaron, mais en prenant soin de dire à sa chatte qu’il l’aimait, au cas où.
Les murs étaient couverts d’immenses photos de diplômés souriants et, sur de petites tables pliantes rouillées et bosselées, de modestes vases ébréchés contenaient de jolies jonquilles, des branches de saule ou quelque minuscule fleur sauvage cueillie par des mains usées pour des yeux qui l’adoreraient.
La plupart des gens s’effondraient graduellement, comme la vieille maison
Cette femme réservée tenait courageusement à distance l’armée du chagrin en maraude, mais, bientôt, cette armée allait donner l’assaut, dévaler la colline et fondre sur elle, et il ne lui resterait plus rien de familier.
Un ancien rituel païen, d’une époque où « païen » voulait dire « paysan » et « paysan » voulait dire « travailleur », et où être un travailleur avait de l’importance
les losers sont les gens les plus dangereux, car, tôt ou tard, ils arrivent au stade où ils n’ont plus rien à perdre.
Vous devez écouter. Lorsqu’on parle, on n’apprend rien, et ce travail consiste à apprendre. Pas seulement les faits. Le plus important, au cours d’une enquête sur un meurtre, est invisible et intangible. Ce sont les sentiments des gens
Vous devez apprendre à dire : Je ne sais pas. Excusez-moi. J’ai besoin d’aide. Je me suis trompé
Dans le silence, vous percevrez un murmure que toute votre vie vous avez pris pour le vent. Mais ce sera un arbre. La nature nous parle tout le temps ; le problème, c’est de savoir écouter et comprendre. Par exemple, je n’entends pas ce que disent l’eau, les fleurs ou les pierres. En fait, oui, je les entends, mais seulement un peu. Mais les arbres ? J’entends clairement leurs voix
On a tous les deux un lien avec la mort, on en profite, si on peut dire. Sans arbres morts, je n’aurais pas de meubles ; sans cadavres, vous n’auriez pas de travail.
Je n’ai pas senti le mot décoché frapper et s’enfoncer comme une balle molle.
C’était comme si on l’avait kidnappée et emmenée dans un monde de chuchotements et de témoignages de sympathie pour un événement auquel elle n’arrivait pas encore à croire
Tout avait changé. Même sa grammaire. Soudain, elle vivait au passé. Et au singulier.
Elle était la parfaite petite usine à affronts, blessures et irritations, affairée jour et nuit à générer de la colère. Elle transformait les bonnes intentions en attaques, les cadeaux en insultes, le bonheur des autres en injure personnelle. Le sourire et même le rire semblaient la blesser physiquement. Elle s’accrochait à chaque rancœur
La guerre contre le chagrin. L’effort héroïque et désespéré en vue d’arrêter l’ennemi aux portes. Mais c’était un combat vain
Son cœur allait finalement la trahir et laisser le chagrin la submerger. La peine, la perte, le désespoir renâclaient et s’impatientaient, se cabraient et se regroupaient pour l’assaut final.
Cette douleur physique, elle la comprenait. L’autre était terrifiante. Elle était noire, vide, creuse et infinie.
« Tout a ses merveilles, l’obscurité et le silence aussi. »
Puis, du silence de l’obscurité, lui parvint la réponse. — Ce sont nos secrets qui nous rendent malades
Tant qu’on ressent de la pitié, il n’y a pas de place pour la compassion. Elle détruit, élimine l’émotion noble.
En repensant à T.S. Eliot, il se disait que, si le poète avait appelé avril « le mois le plus cruel », ce n’était pas parce qu’il tuait les fleurs et les bourgeons, mais parce que, parfois, il ne le faisait pas. Comme c’est difficile pour ceux qui ne s’épanouissent pas lorsque tout, autour, est vie nouvelle et espoir
Toute sa vie, elle avait su que la façon la plus sûre de blesser quelqu’un, de le mutiler, de le paralyser, c’était la gentillesse. Si les gens s’ouvrent, ils meurent. Mieux valait leur enseigner à se blinder, même si cela signifiait pour elle une vie de solitude, privée de chaleur humaine
Nos secrets nous rendent malades en nous séparant des autres. Ils nous isolent. Ils nous rendent craintifs, frustrés, amers. Ils nous retournent contre les autres, puis contre nous-mêmes
Un meurtre commençait presque toujours par un secret. Le meurtre est un secret étalé dans le temps.
La pitié qui se fait passer pour de la compassion. Tout le monde vous voyait comme une sainte, mais votre dévouement avait sa raison d’être. Il vous donnait l’impression d’être indispensable, et meilleure que tous les gens que vous aidiez
Il lui répondait, montrait de l’intérêt, mais les couleurs vives et étincelantes de sa vie avaient pâli
Article général sur la série : Enquêtes de l’inspecteur Armand Gamache
4 Replies to “Penny, Louise « Le mois le plus cruel »”
Tout à fait d’accord avec ton commentaire !!! Me réjouis déjà de vivre l’été à Three Pines et continuer à suivre les aventures de Gamache et la petite communauté québécoise des cantons de l’est
Ah que je suis contente! moi aussi depuis que j’ai lu le premier, je suis devenue accro de Gamache et sa tribu !