de Giovanni, Maurizio «La méthode du crocodile » (2012)

de Giovanni, Maurizio «La méthode du crocodile » (2012)

L’auteur : Né en 1958, Maurizio De Giovanni vit à Naples.

Il commence par créer la série des enquêtes du Commissaire Ricciardi qui enquête dans le Naples des années 30.

En 2012, le roman « La méthode du crocodile », est le début d’une nouvelle série qui met en scène l’inspecteur Lojacono dont les enquêtes ont pour décor la ville de Naples à l’époque contemporaine

Les enquêtes de l’inspecteur Lojacono (tome 1)

Résumé : Dans une Naples fébrile et pluvieuse, un homme guette. Solitaire, tapi dans l’ombre, il observe patiemment sa proie et attend le moment de lui porter le coup fatal d’une balle dans la nuque. En guise de signature, il laisse sur les lieux du crime un mouchoir imbibé de larmes… La presse a tôt fait de surnommer ce tueur « le crocodile », car, comme l’animal, il semble pleurer la mort de ses victimes. Pour l’inspecteur Lojacono, qui a dû fuir sa Sicile natale afin d’éviter un scandale politique, s’engage alors une redoutable chasse au prédateur…

« Le style fait mouche, l’intrigue est tirée au cordeau, pratiquement sculptée dans un bloc de haine glacée. Un terrible roman d’amour. » Gérard Thomas, Libération (Paru chez 10/18)

Mon avis : Une ville de Naples bien loin du soleil et des vacances.. Pas carte postale pour deux sous… sous la pluie et le brouillard, triste et sombre, comme l’état d’esprit des personnages, qui transpirent la tristesse, le drame, la douleur et la solitude ; tant du côté justice et police que du côté victimes et assassin. Le crocodile est une redoutable machine à tuer… froide et implacable. Et un roman qui insiste sur la psychologie de tous les acteurs du drame. Remarquable. Beaucoup aimé.

Extraits :

Silence absolu. Suspendu dans le temps et l’espace, assis devant un bureau vide, à jouer aux cartes contre son ordinateur

Elle aurait bien aimé parler avec lui, sa nature communicative la poussait à rompre le silence qui isolait cet homme tel un voile transparent, mais elle sentait que l’équilibre était fragile

illustrés en images pêchées au fond des verres de vin rouge

Le vieil homme marche le long du mur et nul ne le voit. Il est comme un souffle de vent, comme un rat dans l’ombre. Pourquoi quelqu’un devrait-il le regarder ? Il est comme tout le monde, comme tous ces fantômes animant la ville obscure

De temps en temps, il croise quelqu’un, une femme courbée sous le fardeau des années, un Noir avec un cabas sur l’épaule, un homme au visage marqué par les coups du destin. Il détourne le regard et ils l’imitent, car la mort est vilaine à voir, de même que son présage

Nul ne prend le risque de partager les pensées et les problèmes des autres, fût-ce en croisant leur regard

La vieillesse est un lourd fardeau dont nul ne veut. La vieillesse ressemble à une maladie contagieuse, et provoque le dégoût. On l’évite

Comme tu me manques, mon amour. Il n’y a qu’une chose qui me soutienne à tout instant : la pensée que chaque pas que je fais sert à me rapprocher du moment où je te reverrai. Enfin

Le sommeil transforma ses soucis en rêve

Il avait lu des tas de livres et vu des dizaines de films qui magnifiaient l’importance du premier regard, mais il n’y avait jamais cru. Tout ça n’était que littérature. Comment fait-on pour comprendre une personne de l’intérieur en un simple coup d’œil ? Son passé, ses goûts, ses souvenirs, ses fantasmes, ses désirs ? N’est-ce pas l’ensemble de ces choses qui permet de construire un amour ? Mais un regard avait suffi. Amplement

Se rapprocher, se retrouver tous les deux, faire l’amour : les choses se sont passées de façon naturelle. Naturelle et magnifique, un abandon de l’âme et du corps, des sens et des pensées

C’est difficile, d’annoncer une telle nouvelle. On ignore si elle est bonne ou mauvaise. On le comprend en voyant le visage de l’autre, au moment même où le mot tombe dans le vide entre les deux interlocuteurs et devient solide, une rose ou une pierre, une note de musique ou une lame

Mais ce soir-là, la douleur et la tristesse étaient de retour, aussi épaisses qu’un brouillard hivernal. Et il tentait de les dissoudre au fond de son verre

Tu sais, ici on dit que le fait de rêver de la mort de quelqu’un le garde en vie plus longtemps

Cette douleur est insupportable à regarder, même de loin. Elle avait… elle avait l’air de hurler, mais elle n’émettait aucun son. Ou plutôt, une espèce de soupir, de sifflement

Mais il y a un remède à tout, si on reste ensemble, si on s’aime, si on a un beau sourire à la fin de la journée, même quand le voyage a été pénible

L’insularité vous rend différent et déterminé pour la vie entière

Sa rudesse n’était que l’expression de l’obscurité qui était tombée sur son cœur

L’aube d’un jour de pluie. Les jours de pluie, on ne voit pas l’aube naître. Tout à coup, elle est déjà là, qui vous regarde, elle est arrivée tandis que vous pensiez à autre chose. Vous la sentez dans l’air. Vous voyez la nuit abandonner les gouttes, peu à peu, et soudain il y a une lumière pâle, translucide comme un drap de soie mouillé. Elle descend doucement, telle une maladie. Elle s’appuie sur les arbres gris fumée, couvre les murs de larmes, opacifie les pierres luisantes des rues. L’aube d’un jour de pluie coupe la respiration et ajoute de la douleur à la tristesse de ceux qui sont encore éveillés

Une vie divisée en deux. Plus rien comme avant

Si elle avait le courage qu’elle n’a pas, elle saurait oublier l’amour, petit à petit, et purifierait son âme des sentiments et de la peur de la solitude, qu’elle sent maintenant adhérer aux parois de son cœur. Si seulement. Mais le courage lui fait défaut. Il n’y a que douleur et silence dans son âme

J’utilise chaque instant de la journée, j’essaie de combler l’espace laissé par… l’espace vide. Je cherche toujours quelque chose à faire. Mais si je regarde à l’intérieur de moi, je ne vois rien. Si je regarde au-delà de l’urgence, de la matérialité de ce que je fais, je ne vois rien

Elle savait très bien à quel point les mille petits gestes quotidiens semblent irréels quand on porte constamment un fardeau énorme sur le cœur

il disait qu’il était le seul à être encore vivant dans la vallée, alors que les autres se bornaient à respirer

Je le sais, il y a des nuits qui ne sont pas faites pour dormir. Pas à cause de l’inquiétude ou de la peur de ne pas être à la hauteur d’une tâche ou d’une épreuve. Simplement, les désirs sur le point de se réaliser vous maintiennent éveillés. C’est un peu comme la nuit de Noël pour les enfants. Un mélange d’attente et d’appréhension

 

2ème enquête : (voir article)

2 Replies to “de Giovanni, Maurizio «La méthode du crocodile » (2012)”

  1. Ce premier livre que j’ai lu de cet auteur ,me donne envie de lire les deux autres .J’ai aimé l’ambiance ,bien différente de l’ambiance napolitaine telle que l’on nous la décrit sur les brochures touristiques .C’est un implacable roman où on passe de l’amour à la haine l’intrigue se déroule méthodiquement sans une faille .Et l’inspecteur Lojacono ,pauvre « éxilé »
    avance avec courage et détermination en cherchant le fameux lien entre les personnages.J ‘ ai bien aimé.

    1. non seulement les deux autres mais il y a également l’autre série ! Les enquêtes du Commissaire Ricciardi dans les années 30 !

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