Seurat, Alexandre «La maladroite» (2015)

Seurat, Alexandre «La maladroite» (2015)

Résumé : Inspiré par un fait divers récent, le meurtre d’une enfant de huit ans par ses parents, La maladroite recompose par la fiction les monologues des témoins impuissants de son martyre, membres de la famille, enseignants, médecins, services sociaux, gendarmes… Un premier roman d’une lecture bouleversante, interrogeant les responsabilités de chacun dans ces tragédies de la maltraitance.

Mon avis : Petit premier roman de 128 pages que tout le monde devrait lire. Pour ouvrir les yeux ; et surtout tous ceux qui travaillent avec les enfants ! Pour ne pas oublier, pour ne pas céder, pour suivre ses intuitions, pour ne pas laisser tomber. Un petit livre percutant. Pas de temps morts, un livre qui agresse sous des dessous bien polis. Pas un mot plus haut que l’autre, pas un cri. Des sourires. La façade et l’envers du décor. Les voisins, des gens si ordinaires, lisses et qui ne font pas de vagues… Et pourtant…

Maintenant à savoir si je classe cela dans la catégorie Roman ou dans les témoignages de société.

(Inspiré de « l’affaire Marina Sabatier », cette petite fille décédée en 2009, à 8 ans, des suites des maltraitances que lui ont continûment fait subir ses parents, lesquels ont ensuite tenté de faire croire à son enlèvement pour expliquer sa disparition)

Extraits :

…je n’avais rien pu répondre, juste un trou se creusait en moi mais sans bord et sans fond, où je basculais

.. toujours à vous harceler, chercher à vous détruire avec des mots comme des cailloux, qui toujours semaient le doute, pour rien, pour le plaisir

Je ne sais pas pourquoi parfois je cède, il doit y avoir au fond de moi un noyau qui n’est pas aussi dur que l’écorce

Elle souriait, je l’évitais, je préférais ne rien savoir, nous ne nous disions plus grand-chose, et tout se passait dans la maison comme si elle était vide

Alors je lui ai dit qu’il fallait qu’elle se fasse une raison, qu’on verrait bien. Mais on n’a pas vu grand-chose, parce qu’ils n’ont plus donné signe de vie

Ce n’était pas la bonne façon d’aborder le problème, mais est-ce qu’il y avait une façon d’aborder le problème avec elle ?

Un conte de fées qui se termine dans un tunnel la nuit, sur une voie rapide en pleine ville au bord d’un fleuve. Une voiture entre dans un pilier, prend feu, et la princesse meurt brûlée vive. Ce n’est plus à présent qu’un cadavre encastré dans la tôle. Voilà ce que c’était Diana, pour moi, et pas seulement pour moi, je pense

quand ils sont arrivés, j’ai tout de suite senti que quelque chose ne tournait pas rond – ils étaient indissociables, soudés, comme les mécanismes d’une machine, et la machine marchait toute seule

Quand l’un se taisait, l’autre enchaînait, ils se regardaient parfois, souriaient à ce que disait l’autre ou approuvaient de la tête, et même si avec l’un il y aurait peut-être eu l’espace de reposer la question qu’ils s’employaient à contourner, l’autre faisait diversion, ils m’enveloppaient avec leurs paroles

Les dessins de Diana étaient à son image, cabossés, déformés, bizarres, pathétiques, ils me prenaient au cœur

Mais je me heurtais à un mur : au téléphone, ils ont dit, C’est la procédure.

 

4 Replies to “Seurat, Alexandre «La maladroite» (2015)”

  1. Je viens de le lire en 2 fois car j’ai dû m’arrêter à la moitié tellement j’étais secouée . C’est bouleversant , à cause du martyre de cette enfant mais aussi à cause de l’impuissance de ceux qui la côtoyaient. On a envie de leur jeter la pierre , c’est facile, je pense qu’il faut surtout se demander ce que nous aurions-nous fait ou pu faire . Les parents étaient si manipulateurs et habiles . La machine administrative et judiciaire est tellement dure à bouger . Et puis tant de choses entre en jeu , sentiment d’impuissance , déni , lâcheté ordinaire , peur … Ce livre m’a été offert pour mon anniv’ , je l’ai lu tout de suite pour en discuter avec l’amie qui me l’a choisie mais il ne me sort pas de la tête.

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