Siegel, James «Là où vivent les peurs» (2009)
– paru sous le titre « Ultimatum » en mai 2008 aux Editions France Loisirs
Auteur : Âgé d’une trentaine d’années, James Siegel est directeur de création dans l’une des plus grosses sociétés de publicité américaines. Il vit à Long Island.
Résumé : Jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour sauver ceux que vous aimez ?
« Impossible à lâcher. Un livre plein de surprises, de rebondissements, qu’il serait criminel de divulguer » The New York Times Tout commence comme un conte de fées. Paul Breidbart est analyste de risques pour une compagnie d’assurances new-yorkaise. Il forme avec sa femme Joanna un couple uni et heureux. Seule ombre à leur bonheur : ils ne peuvent pas avoir d’enfant. Aussi décident-ils d’en adopter un dans un orphelinat colombien. Joelle, adorable petite fille d’un mois, est tout ce dont ils pouvaient rêver. Pour se terminer par le pire des cauchemars. Quelques jours plus tard, toujours à Bogotá, Paul et Joanna sont pris d’un doute terrible. De retour à leur hôtel, après l’avoir confié quelques heures aux soins d’une nourrice, leur bébé leur semble différent. Est-ce bien Joelle ? Sinon, que s’est-il passé en leur absence ? Ce n’est que le début d’un terrible chantage, et bientôt Paul, pris dans un piège infernal, va se trouver dans la pire des situations : tout risquer pour sauver la vie de ceux qu’il aime. Entre mensonges et manipulations, les coups de théâtre s’enchaînent à un rythme d’enfer dans ce roman qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page et impose d’emblée James Siegel comme l’un des très grands noms du thriller. Les droits d’adaptation de ce livre, déjà best-seller dans plus de dix pays, ont donné lieu à des enchères finalement emportées par la Paramount. Jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour sauver ceux que vous aimez ?
Avis : Il s’est invité en catimini dans mes lectures de l’été et je ne le regrette pas. Adopter un bébé, c’est le parcours du combattant… on ne croit pas si bien dire… Plongée en Colombie, dans le monde de la drogue, dans l’angoisse, dans la corruption… et aussi dans l’émotion…
Extraits :
La foule avait l’air d’une nuée de supporters de football après une défaite – bruyante, grouillante, menaçante.
Je suis censé tourner en rond comme un lion en cage ou quelque chose ?
— Quelque chose.
— Eh bien, je tournerais bien en rond. Mais il n’y a pas assez de place. Dis-toi que je tourne en rond mentalement.
Peut-être auraient-ils dû interpréter ça comme un signe, un présage augurant de ce qui allait arriver. Mais c’est ça le problème avec les présages : ils ne deviennent des présages qu’une fois que l’on connaît la suite des événements.
Ils avaient bientôt entamé la tournée épuisante des médecins, en quête de réponses de plus en plus insaisissables, tandis que faire l’amour se transformait lentement et douloureusement en un acte purement procréatif.
De toute évidence, une loi naturelle était à l’œuvre, qui transformait deux personnes intelligentes en idiots transis d’amour.
C’était une expérience nouvelle – aller quelque part en laissant derrière soi une partie de soi-même. Il se sentait… incomplet. Le cercle avait besoin d’être refermé.
Xena, la guerrière, était passée en mode combat. Le chat sortait ses griffes. Sauf que ce n’était pas un chat, mais plutôt un diable de Tasmanie, quelque chose de gros, de carnivore, de répugnant.
Ils passaient le temps ainsi.
À parler du passé pour éviter d’avoir à songer à l’avenir.
Leur situation avait quelque chose d’absolument irréel. Est-ce que ça leur arrivait vraiment ?
Il était de ces personnes dont le nom est toujours suivi de l’expression « soi-disant ».
Mais elle trouvait maintenant que pleurer était à la fois terrible et magnifique. Ses larmes la faisaient se sentir humaine. Savoir qu’elle était encore capable d’être émue par la tragédie d’un autre, même au beau milieu de la sienne.
pourquoi étaient-ce toujours les mêmes personnes qui disaient toujours les mêmes choses aux mêmes postes de pouvoir, pourquoi, pourquoi, pourquoi
Alors ils avaient attendu, chacun dans son cocon de douleur. Attendu un printemps qui risquait de ne jamais revenir.
Que tant qu’elles se toucheraient, elles ne pourraient être séparées.
Elle se trompait, naturellement.
C’est ça qui est bien dans mon boulot. On rencontre toutes sortes de gens qu’on ne rencontrerait normalement pas.
Il sentit une douleur, comme un coup de couteau sous le cœur. Si l’expression « avoir le cœur brisé » était impropre, si les émotions résidaient quelque part dans le cerveau et non plus bas, pourquoi était-ce précisément là que ça faisait mal ?
Ils attachèrent une extrémité de la chaîne au radiateur depuis longtemps hors service. L’autre fut passée autour de sa jambe gauche.
Ce n’était pas physiquement gênant. La douleur était psychologique. On entravait son existence même. Elle était désormais littéralement mise aux fers.