de Villenoisy, Sophie «Joyeux suicide et bonne année !» (2016)
Résumé : « Tu fais quoi à Noël ? Moi je me suicide et toi ? Bien sûr, dit comme ça, ça peut paraître sinistre, mais à quarante-cinq ans c’est ma meilleure option. Ce n’est pas comme si je faisais des malheureux autour de moi. Comme si j’abandonnais mari et enfants. Je n’ai ni chien ni chat. Même pas un perroquet pour me pleurer. Et puis ça me laisse deux mois pour faire connaissance avec mon vrai moi. Deux mois c’est court. Ou long, ça dépend de ce qui se passe, en fait. Tour à tour hilarant et émouvant, Joyeux suicide et bonne année est un antidote à la solitude, un hymne à la vie raconté avec finesse et impertinence par Sophie de Villenoisy.
Mon avis : Livre de Noël par excellence. Plein de bonne humeur, avec la toile de fond : Solitude à Noël et envie de tout planter là… La parfaite petite parenthèse … Certes il ne va pas vous laisser un souvenir impérissable mais c’est un livre sympa.. parfaite transition pas prise de tête entre deux livres plus sérieux. Ecriture fluide.. Une petite comédie avec des bons sentiments à la « Meg Ryan » et une pensée à ceux qui se sentent seuls …
Extraits :
Je suis périmée. Périmée pour avoir des enfants et périmée pour avoir un homme aussi, on dirait.
Si je devais changer mon statut Facebook, je dirais que désormais je suis la fille de personne.
J’ai mal partout, je suis cassée comme un vélib coincé sous un camion-poubelle.
Je l’adore, mais quelques heures avec elle et j’ai comme une envie de me jeter sous un train.
Certains jours j’ai l’impression d’être déjà morte. Je me sens vide. J’ai un corps, un cœur qui bat, mais mon âme est partie. J’ai éteint la lumière ou le fusible a sauté. L’œil ne brille plus. Le bernard-l’ermite a déserté sa coquille.
Il a beaucoup de cheveux pour un homme de son âge. C’est vrai, de nos jours un homme chevelu est une denrée rare. C’est une espèce en voie de disparition.
Il a des cheveux blancs mais ça lui va bien. C’est injuste, on doit avoir le même âge, et ce qui me vieillit le rend séduisant. Ses rides sont charmantes, les miennes sont tristes. Ses cheveux blancs font ressortir ses yeux bleus, les miens trahissent mon âge.
Certaines marques de thé arrivent à me faire voyager. Les parfums qui s’en échappent, les couleurs attrayantes, la calligraphie raffinée de certains emballages, leurs origines exotiques sont pour moi autant de petits mirages en carton, de leurres touristiques.
Le sens de la mesure, et surtout du ridicule, m’a toujours incitée à faire l’amour de façon convenable, raisonnable. Bon, je n’ai jamais pris mon pied c’est vrai, mais le brushing restait nickel.
Tu les aimes comment ? Brun ? Blond ? Roux, avec ou sans cheveux ? Musclé ? BCBG ? Grand ? Barbu ? Tatoué ? Mince ?
J’ai l’impression d’être chez le marchand de glaces, indécise devant trop de parfums.
Crise cardiaque. C’était tellement brutal, tellement soudain, tellement injuste. Avant sa mort je n’avais pas réalisé qu’elle était mortelle. Elle était mon tout et elle est partie sans préavis.
Je suis heureuse. Je n’ai jamais rien vécu d’aussi romantique. Le Titanic à côté, c’est la pêche à la sardine.
En quoi est-ce si dérangeant de choisir sa propre mort ? On va tous mourir. On finit tous dans la même boîte. Et s’éteindre en son âme et conscience n’est pas moins absurde que de passer sous un bus. Ou de s’effondrer dans la rue un sac de commissions à la main.
À force de ne pas les fréquenter, j’avais oublié à quel point les gens peuvent être bêtes.
Mais je note au passage qu’il a peur pour moi. Il pense à moi. Il veut me voir, s’assurer que je vais bien. Je suis dans ses pensées. J’existe dans sa tête. Je suscite de l’inquiétude, de la compassion. Je n’ai pas dit de la pitié. J’existe.
Les premières larmes tombent en silence, comme des feuilles d’automne.
J’ai envie de flâner, profiter, de regarder tous ces gens autour de moi, tous ces vivants qui font battre le cœur de Paris.
La solitude c’est moche, c’est sale, c’est triste, ça pue et personne n’a envie de la voir. Ça a été un vrai électrochoc.
Pour la première fois depuis longtemps, j’ai l’impression de courir après le temps. Avant je le regardais qui s’étirait péniblement. J’étais cette vache qui regarde passer les trains, en attendant l’heure de la traite. Aujourd’hui j’ai sauté dans le train et il roule à vive allure.
Tu ne t’en rends pas compte, mais ton chagrin, ton esprit de vengeance ne font de mal qu’à toi-même. Ils t’isolent.
2 Replies to “de Villenoisy, Sophie «Joyeux suicide et bonne année !» (2016)”
Coucou cath, le pitch me donnait bien envie et puis ton avis en demi teinte et ces quelques extraits font que je vais passer mon tour même si j’ai bien compris il se laisse bien lire entre deux sauf que j’ai soif de lourd de très lourd…
Superbement imagé par tes soins, la boule de Noël brisée ! Tu as l’art de choisir de très belles photos, des photos fortes. Ton blog est si beau.
c’est un petit sympa.. pas du lourd c’est certain! merci pour la remarque sur les illustrations.. J’adore chercher pour illustrer mon impression sur les livres lus..