Del Arból, Victor «Par-delà la pluie» (01.2019) «Por encima de la lluvia» (09.2017)
512 pages – Editions Destino – Septembre 2017 ( lu en version originale) – Sortie en français en janvier 2019
Résumé : Miguel et Helena font connaissance dans un Home pour personnes âgées à Tarifa, à un âge ou ils pensent avoir déjà tout vécu. Miguel a peur de voler. Helena est terrorisée par la mer. Tous deux ont des enfants adultes et ont l’impression d’être considérés comme des potiches. Le suicide dramatique d’un résident va leur ouvrir les yeux. Ils ne veulent pas passer le temps qu’il leur reste à vivre dans le passé en se remémorant des temps qui devaient être surement meilleurs. Ensemble, ils décident d’entreprendre le voyage de leurs vies et ils vont découvrir que rien n’est définitif tant qu’il reste des rêves à vivre
Pendant ce temps, à Malmö, dans cette ville éloignée de Suède, la jeune Yasmine, fille d’immigrants marocains qui rêve d’être chanteuse vit sous la coupe d’un grand père autoritaire, Abdul, méprisée pas sa mère qui la considère comme une honte car elle travaille pour un suédois au passé trouble et vit une romance secrète avec le chef adjoint de la Police suédoise, un homme âgé et influent.
Ces trois personnages dessinent une histoire sur le sens de l’amour et montrent à quel point des personnes normales peuvent se révéler extraordinaires.
Passé, présent et futur s’entrelacent dans ce voyage qui commence à Tanger en 1955 et s’achève à Mälmo en 2014, métaphore d’un voyage beaucoup plus important : vivre toujours intensément.
Mon avis : Une fois de plus, l’eau est là, dans le titre… la pluie, les gouttes d’eau, toujours de l’eau avec cet auteur…
Pour mon plus grand bonheur, une fois de plus le thème récurrent du lien avec le passé, la mémoire, l’Amour, les relations parents/enfants, le thème des femmes maltraitées/ battues, mais le ton de ce roman est différent des autres. Ce n’est pas un roman « fresque historique et il ne parle pas de vengeance en tant que telle. Des personnages qui sont à la fin de leur vie, qui s’accrochent, ne baissent pas les bras face aux difficultés et qui nous parlent du sens de la vie. Ce qui rend vieux, c’est la peur d’aller de l’avant… Il pose beaucoup de questions sur les relations humaines … Faut-il sauver les personnes même si elles ne se souhaitent pas ? Parfois c’est plus simple de fermer les yeux et de passer son chemin que de faire ce que l’on croit juste et s’attirer la haine de ceux que nous aimons… Entre amour et égoïsme … Certains passages font écho au livre « Les loyautés » que j’ai lu récemment…
Ce roman est fort et il m’a beaucoup remuée, comme tous les romans de cet écrivain qui est mon écrivain contemporain préféré. De plus, dès qu’on évoque le sujet Alzheimer, je suis toute chamboulée… J’ai toutefois beaucoup moins adhéré à la partie suédoise … très violente à tous les niveaux … et avec des personnages dont je n’ai pas eu envie de faire connaissance dans la vraie vie… contrairement à Miguel et Helena. C’est un livre percutant, dérangeant qui nous prend aux tripes (mais je le savais avant de le commencer) mais ce n’est pas celui que je préfère… Coté historique, il m’a permis de me documenter sur « El Valle de los Caídos » en français : la vallée de ceux qui sont tombés)
Dans ce roman nous faisons un bout de chemin avec Helena et Miguel. Nous accompagnons leur cheminement psychologique mais pas que. Nous mettons nos pas dans leurs traces et partageons les souvenirs des lieux qui les ont marqués, leurs amours passées. C’est la recherche de l’amour, la recherche de ce que peut nous apporter l’autre et nous rendre complémentaires. Dans le roman, Miguel et Helena s’apportent ce qui leur manque (le courage d’aller de l’avant et d’accepter le passé – affronter la peur de l’air – voler – et la peur de l’eau – nager). Miguel ne va pas se résigner et ne pas s’incliner face à Alzheimer. Les personnages luttent, avancent. La logique et l’instinct se rejoignent, se complètent. Une fois encore nous avons l’impression de connaître les personnes, de suivre la vie de personnes qui existent vraiment. Il n’invente pas mais il interprète la réalité … et il nous force à nous poser des questions sur notre vie et sur la vie de nos anciens. On regarde en arrière et on envisage le futur… Que ce passe-t-il quand les enfants se débarrassent de « leurs vieux » en les mettant dans des maisons de retraite ? Que se passe-il dans la tête des personnes qui se retrouvent dans un environnement qui n’est rien d’autre que l’antichambre de la mort… deux solutions : se résigner ou aller de l’avant… La vieillesse est inéluctable mais on peut décider de la vivre bien ou se laisser dominer par l’attente de la mort. Alors vivre ou survivre ? Vivre dans ses souvenirs, mourir à petit feu ou décider de continuer la route et se créer de nouveaux souvenirs ? Se construire encore ou se reconstruire? Boucler la boucle des regrets, des souvenirs, pour avancer en paix, dans la lumière et la sérénité.
Comme le dit si bien l’auteur dans une interview : « Nous sommes ce que nous sommes car nous avons été ce que nous avons été. Le passé est un endroit sûr dans lequel nous évoluons en sécurité parce que nous le connaissons et que nous pouvons le réinventer. » Il compare ce livre au « Cante Jondo » (référence au flamenco) : un cri qui vient du plus profond de l’être, de la souffrance, pour faire sortir la douleur de l’être et tenter de l’exorciser. Il explore les racines de la souffrance pour pouvoir aller de l’avant.
Et maintenant j’attends de le relire en version française… En attendant, il faudrait que je me fasse La « bande son » du livre…
Extraits ( en espagnol et en Français) :
La enfermedad incurable del recuerdo
La maladie incurable du souvenir.
Ella se pasó la vida muriéndose, primero por dentro y después por fuera, incluso tuvo tiempo de sobra para ser consciente de su declive y, al final, cuando más falta le hacía la locura, recobró la lucidez para saber que se iba.
Pas question de pourrir la vie des autres pendant des décennies, à l’instar de sa mère, qui avait passé sa vie à mourir, d’abord de l’intérieur, puis de l’extérieur, elle avait même eu largement le temps de prendre conscience de son déclin, et à la fin, alors qu’elle avait plus que jamais besoin de folie, elle avait retrouvé assez de lucidité pour comprendre qu’elle s’en allait.
Era demasiado pequeño para parecer un hombre, pero su mirada era demasiado vieja para fingir que era un niño
Il était trop petit pour avoir l’air d’un homme, mais son regard était trop vieux pour qu’il ait l’air d’un enfant.
No importa, seguro que me lo has contado muchas veces, pero uno de los privilegios de la vejez es que no debemos fingir que prestamos atención a los detalles que no nos importan
Qu’importe ! Tu me l’as sûrement déjà raconté, mais un des privilèges de la vieillesse, c’est de ne pas faire semblant de s’intéresser aux détails dont on se moque.
El mundo y yo viajamos en trenes distintos. Me aturde tanta rapidez
— Le monde et moi, nous ne voyageons pas dans le même train. Toute cette rapidité me donne le vertige.
Nada nuevo sobre el horizonte. Viejos y soledades
— À l’horizon, rien de nouveau. Vieillards et solitudes.
Si alejas el futuro no te queda más remedio que ceñirte al presente
Si on éloigne le futur, on est bien obligé de s’atteler au présent.
El caso es que tu ojo izquierdo es más azul que los lagos de Laponia, pero tu ojo derecho es marrón como esa tierra de la que viene tu abuelo. Es como si no hubieras decidido lo que eres
En tout cas, ton œil gauche est plus bleu que les lacs de Laponie, mais ton œil droit est marron, comme la terre d’où vient ton grand-père. À croire que tu n’as jamais décidé de ce que tu es.
No se pueden alterar las reglas, o el juego dejaría de tener sentido. La compasión podría ser confundida con debilidad, ¿entiendes? Y en mi mundo, los débiles mueren
On ne peut pas altérer les règles, ou alors le jeu n’aurait plus de sens. On pourrait prendre la compassion pour de la faiblesse, tu comprends ? Dans mon monde, les faibles meurent.
tenía cierta habilidad técnica pero carecía de ingenio, era eficaz pero no brillante, era tenaz pero carecía de genialidad
elle avait une certaine habileté technique, mais elle manquait d’esprit. Efficace mais pas brillante, tenace et sans génie ; en fin de compte, la fille de son père.
él venía de una época en la que los gestos se economizaban: pocos besos, pocos abrazos. Y pocas palabras
de son temps, on économisait les gestes : peu de baisers, peu d’embrassades. Et peu de mots.
La vida de la gente está llena de cosas que podrían haber sido y no fueron
La vie des gens est pleine de choses qui auraient pu être et ne l’ont jamais été,
Tal vez aquella visión entraba por una resquebrajadura de su cerebro y se aprovechaba de esas pequeñas manchas que causaban, según le habían explicado los neurólogos, su enfermedad: manchas que eran como espacios desiertos que se iban expandiendo por su masa gris. En los desiertos hay espejismos tan reales que pueden conducir a la locura a los guías más experimentados, los obligan a salirse de sus rutas, los adentran entre las dunas y se los tragan para siempre
Cette vision s’introduisait peut-être par un interstice de son cerveau et profitait de ces petites taches causées, lui avaient expliqué les neurologues, par sa maladie : des sortes d’espaces ouverts qui se répandaient dans sa matière grise. Dans les déserts, il y a des mirages si réels qu’ils peuvent pousser à la folie les guides les plus expérimentés, les obliger à quitter leur chemin, à s’enfoncer dans les dunes qui les avalent à jamais.
Los muertos se quedan en la edad en la que se los recuerda. Una extraña paradoja
Les morts restent à l’âge où on se souvient d’eux. Étrange paradoxe.
Tal vez descubrir cosas insospechadas significa ver una parte de uno mismo que no te gusta y que debería quedarse enterrada para siempre. —¿Y eso por qué? Negar lo que eres no hace que desaparezca
— Découvrir des aspects insoupçonnés de sa personne, c’est peut-être découvrir une part de soi qu’on préférerait enfouir à jamais.
— Pour quelle raison ? Nier ce qu’on est n’a jamais rien effacé.
le preguntaban cosas de su vida anterior, como si tácitamente se diera por sentado que al traspasar las puertas de la residencia el pasado era lo único que contaba
on lui posait des questions sur sa vie antérieure, comme si tacitement il était entendu qu’en franchissant les portes de la résidence, le passé était la seule chose qui comptait encore.
Sí, limbo. El mundo entre los vivos y los muertos. Porque eso es exactamente este lugar, por si no te has dado cuenta, por mucho que se llame residencia Paraíso. Una estación de espera
Oui, les limbes. Ce monde entre les vivants et les morts. Car ce lieu est exactement cela, au cas où tu ne t’en serais pas aperçu, même si on l’appelle la résidence Paraíso. La résidence Paradis ! Une période d’attente.
Tienes corazón, ¿verdad? Pues tu corazón debería emocionarse, sorprenderse, dar brincos. Y eso ocurre cuando no sabes qué vendrá a continuación. ¿A ti no te asusta lo desconocido? No hay una regla para cada situación
Tu as un cœur, n’est-ce pas ? Eh bien ton cœur devrait s’émouvoir, s’étonner, sauter en l’air. C’est une chose qui arrive quand tu ne sais pas ce qui va survenir. L’inconnu ne t’effraie pas ? Il n’y a pas de règle pour chaque situation.
Helena y Miguel eran esencialmente diferentes y, sin embargo, contra toda lógica, se sentían a gusto juntos y se buscaban el uno al otro. De manera natural, se fueron acercando como una imagen a su reflejo y descubrieron que encajaban extrañamente y se complementaban igual que la luz necesita del contraste oscuro para tener sentido
Helena et Miguel étaient essentiellement différents et cependant, contre toute logique, ils avaient plaisir à être ensemble. De façon naturelle, ils se rapprochèrent comme une image de son reflet et découvrirent qu’ils s’emboîtaient étrangement et se complétaient de la même façon que la lumière a besoin d’un contraste obscur pour acquérir un sens.
Recordar no es malo. Significa que hemos vivido.
Il n’y a pas de mal à se rappeler. Cela signifie que nous avons vécu.
Yo creo que el pasado es un punto de fuga. Un lugar a donde escapar cuando no quieres estar aquí. Todo el mundo quiere estar en otra parte, ¿no te parece
Je crois que le passé est un point de fuite. Un lieu où s’échapper quand on ne veut pas être là. Tout le monde veut être ailleurs, tu ne crois pas ?
Siempre estamos huyendo, desengáñate. La diferencia, lo que nos convierte en viejos, es que nosotros huimos hacia atrás y los jóvenes huyen hacia delante
Détrompe-toi, nous fuyons toujours. La différence, ce qui fait de nous des vieux, c’est que nous fuyons en arrière, alors que les jeunes fuient vers l’avant.
Hay personas hechas de aire y otras de tierra. Eso es todo. Y supongo que no pueden entenderse
Il y a des personnes qui sont constituées d’air. Et d’autres de terre. C’est tout. Et elles ne peuvent sans doute pas se comprendre.
Pasaron algunos minutos de un silencio que ya no era tan sólido, sino que goteaba y se deshacía
Quelques minutes s’écoulèrent dans un silence moins compact, qui fondait, se décomposait.
esperaba del amor todo: la pasión, el deseo, la aventura, la erupción de un volcán cuya lava jamás se solidificase
j’attendais tout de l’amour : la passion, le désir, l’aventure. J’étais un volcan en éruption dont la lave ne serait jamais figée.
Ella, como su madre —y antes, su abuela—, confiaba en el plan divino que se manifestaba a través de los naipes, de las señales y de los presagios que había aprendido a leer desde niña
Elle, comme sa mère – et avant, sa grand-mère –, s’en remettait au Plan Divin exprimé par les cartes, les signes et les présages qu’elle savait lire depuis son enfance.
¿Por qué todo debía ser muerte, vergüenza y pasado? ¿No había nada bueno a lo que recurrir?
Tal vez por eso me he decidido a escribirte otra vez, sin preguntarme si vas a leer mi carta o si la romperás sin abrir el sobre. Espero que no te importe que lo haga. No es por ti, es por mí. Necesito contarte, que sepas. Podemos fingir que eres un amigo invisible, o que eres un océano a donde de vez en cuando puedo arrojar una botella con un mensaje
Los muros eran cosa de adultos.
Todavía era demasiado joven para pensar en los viejos tiempos con nostalgia
Los recuerdos eran como las termitas, agujereaban el presente y lo enfermaban
Les souvenirs étaient comme les termites, ils trouaient le présent et le rendaient malade.
No era desprecio, era mucho peor. Algo que él odiaba. Era indiferencia
Decidir por sí misma cómo y dónde vivir sus últimos días. No quería languidecer encerrada en sus recuerdos como todos aquellos viejos de mirada resignada con los que se cruzaba cada mañana
Él siempre vio el matrimonio como una suma de posibilidades y no como una competencia de individualidades
Seguid con vuestras narices pegadas a los cristales viendo pasar la vida.
Las lagunas mentales, los espacios temporales recorridos sin consciencia, como si se teletransportase de un universo al siguiente sin tiempo para asimilarlo. Igual que los tripulantes del Enterprise en Star Trek, una forma de ahorrarse aterrizajes forzosos
Les lacunes mentales, les espaces temporels parcourus en toute inconscience, comme s’il était télétransporté d’un univers au suivant sans avoir eu le temps de l’assimiler. Comme l’équipage de l’Enterprise dans Star Trek, une façon de s’épargner les atterrissages forcés.
El futuro era Europa, decía. Como si un futuro fuera distinto a otro, como si en realidad importase el horizonte
L’avenir était l’Europe, disait-elle. Comme si un avenir était différent d’un autre, comme si en réalité seul importait l’horizon.
Esos ojos que aprendieron a mirar como el filo cortante de un iceberg pero que, si se contemplaban de cerca, estaban llenos de juventud, de necesidad, de inseguridades
ces yeux qui avaient appris à regarder, tel le fil tranchant d’un iceberg, mais qui, à les examiner de près, étaient pleins de jeunesse, de besoins, d’insécurités.
¿Cómo se dejó enterrar en vida? —El laberinto de un alma herida es inexpugnable para los que pretenden abordarlo con razones y lógica
Le labyrinthe d’une âme blessée est inexpugnable pour ceux qui prétendent l’aborder avec raison et logique.
A veces hay que tomar decisiones por otro que no está dispuesto a tomarlas, aunque con ello nos ganemos su desprecio
l faut parfois prendre des décisions pour un autre qui n’est pas capable de les prendre lui-même, même si cela doit nous valoir son mépris.
Echaba de menos los cigarrillos que condensaban el aire hasta hacerlo irrespirable. Ahora ya no podía fumar
Il regrettait les cigarettes qui condensaient l’air et le rendaient irrespirable. Maintenant, il ne pouvait plus fumer.
para qué hablar de lo que ya no existe. «Para que siga existiendo, abuelo.» La juventud creía demasiado en el poder de la memoria, confiaba demasiado en las palabras.
à quoi bon parler de ce qui n’existe plus. “Pour que ça existe encore, grand-père.” La jeunesse croyait trop au pouvoir de la mémoire et se fiait trop aux mots.
Hacemos cosas y los actos traen consecuencias que no podemos eludir
Nos actes entraînent des conséquences que nous ne pouvons éluder.
Qué belleza —musitó, extasiada. Tuvo ganas de llorar pero se contuvo; no habría sabido cómo explicar que la felicidad a veces está tan cerca de la tristeza. Como cuando algo se alcanza para comprender que se está a punto de perderlo. A su alrededor todo era tan hermoso, tan perfecto, que se sintió abrumadoramente sola
— Quelle beauté, murmura-t-elle, extasiée.
Elle se retint de pleurer : elle n’aurait su comment expliquer que le bonheur est parfois tout près de la tristesse. De même qu’il faut parfois posséder une chose pour comprendre qu’on a failli la perdre. Autour d’elle, tout était si beau, si parfait, qu’elle se sentit inexorablement seule.
Lo que me pregunto es si te ha traído hasta mí aquel niño o este viejo. —¿Acaso importa eso? —Desde luego. Porque cada uno de ellos tendrá motivos diferentes. El viejo busca paz; el hombre, venganza o justificación, pero el niño solo quiere comprender
Je voudrais savoir si c’est ce gamin ou si c’est le vieux que tu as amené jusqu’à moi.
— Est-ce vraiment important ?
— Pardi ! Parce que chacun a des mobiles différents. Le vieux veut la paix ; l’homme, la vengeance ou la justification ; mais l’enfant veut avant tout comprendre.
Su madre le entregó su vida. No únicamente su cuerpo, su alma, sus sueños; todo, incluso la cordura
Sa mère lui avait donné sa vie. Pas seulement son corps, son âme, ses rêves ; tout, même sa santé mentale.
Sabías que la marihuana es un psicotrópico que se obtiene de la planta del cáñamo? Cannabis sativa. Los romanos se embriagaban inhalando sus vapores y los egipcios ya la utilizaban como alucinógeno y con fines terapéuticos
— Tu savais que la marihuana est un psychotrope qu’on extrait du chanvre ? Cannabis sativa. Les Romains se soûlaient en inhalant ses vapeurs et les Égyptiens l’utilisaient déjà comme hallucinogène à des fins thérapeutiques.
Fue extraño estar allí sin él, con la muda presencia de sus cosas, que no me decían nada, que me observaban como una extraña
Il était étrange de se trouver là sans lui, avec la présence muette de ses affaires, qui ne me parlaient pas et me regardaient comme une étrangère.
Creía querer a mi familia, estar preparada para ser una buena madre, una buena esposa. Me esforcé cuanto pude, pero no bastó. Tal vez tengamos dentro un gen autodestructivo que es hereditario. Podría llamarse el gen del desastre, o el gen que le jode la vida a los que quieres…
Je croyais aimer ma famille, être une bonne mère, une bonne épouse. Je me suis donné beaucoup de mal, mais cela n’a pas suffi. Peut-être hébergeons-nous un gène autodestructeur qui est héréditaire. On pourrait l’appeler le gène du désastre, ou le gène qui gâche la vie de ceux qu’on aime…
la vida de aquellos a los que queremos nunca es suficientemente larga. No importa si están enfermos, si sufren; somos egoístas, no queremos dejarlos ir y quedarnos solos, encerrados con sus fotografías, oliendo su ropa, evocando recuerdos y echándolos de menos.
la vie de ceux que nous aimons n’est jamais assez longue. Peu importe s’ils sont malades, s’ils souffrent ; nous sommes égoïstes, nous ne voulons pas les laisser partir et rester seuls, enfermés avec leurs photographies, flairant leurs vêtements, évoquant des souvenirs et pleurant leur absence.
cariño, sin asentir ni negar; me ofreció, en cambio, la certeza de su presencia y el amor infinito de su mirada
Pero, a pesar de todo, de ser testigo del dolor inmenso que causa perder el timón de tu vida, a pesar de comprender el tremendo peligro de cifrar la propia felicidad en la existencia de alguien y quedarte luego solo, yo querría ser como fue mi madre
Sin que se diera cuenta, se le había marchado la vida
Somos dos personas buscando saber si somos los que fuimos… Así que no sirve nada decir que no importa, porque sí importa
Miguel se fijó en la rama muerta de un platanero. Nada la haría revivir y, sin embargo, permanecía aferrada al tronco, solidificada con él. Pero solo era un resto fosilizado e inerte. Cuando los jardineros municipales lo podasen, el árbol solo sentiría alivio al librarse de aquel peso muerto
Sabía lo que quería y por fin se atrevía a dar un paso adelante. No pensaba dejar que la literatura del amor sustituyera otra vez la realidad. Estaba cansado de coleccionar momentos para recordarlos después. Quería vivirlos aquí y ahora. Legítimamente, tenía derecho a esperar mucho más de sí mismo
El alzhéimer se comerá estos momentos. Ni siquiera sabré que esto ha existido. Es cruel encontrar algo, disfrutarlo un instante y olvidarlo para siempre.
Confiar era ceder todas las fragilidades y los miedos a otra persona, ponerse en sus manos con los ojos cerrados. Confiar era un acto de fe, de coraje, de estupidez
El problema son los espejos, por eso no hay ninguno en esta habitación. En los espejos se ve el reflejo, y a veces uno ya no tiene entrañas para mirarse a la cara, se asquea de uno mismo. Podemos engañar a los demás, incluso durante toda una vida, pero no a nosotros mismos; no si nos miramos y nos vemos. Nadie tolera las confidencias de su reflejo, las murmuraciones que adivinamos en la mirada que nos mira
Le han dicho que vive en el pasado pero no es cierto; el pasado es su presente. Y es un presente que solo es paisaje porque ya no distingue sensaciones de realidad y ha alcanzado esa verdad del instante donde se comprende que son la misma cosa
Info : Valle de los Caídos : https://fr.wikipedia.org/wiki/Valle_de_los_Caídos
10 Replies to “Del Arból, Victor «Par-delà la pluie» (01.2019) «Por encima de la lluvia» (09.2017)”
je découvre ce texte du poète poète chilien Nicanor Parra, apôtre de l’« antipoésie », décédé mardi 23 janvier 2018 , à l’âge de 103 ans et qui me semble en rapport avc le thème du livre ..
Ultimo brindis ( Nicanor Parra)
Lo queramos o no
sólo tenemos tres alternativas:
el ayer, el presente y el mañana.
Y ni siquiera tres
porque como dice el filósofo
el ayer es ayer
nos pertenece sólo en el recuerdo:
a la rosa que ya se deshojó
no se le puede sacar otro pétalo.
Las cartas por jugar
son solamente dos:
el presente y el día de mañana.
Y ni siquiera dos
porque es un hecho bien establecido
que el presente no existe
sino en la medida en que se hace pasado
y ya pasó…
como la juventud.
En resumidas cuentas
sólo nos va quedando el mañana:
yo levanto mi copa
por ese día que no llega nunca
pero que es lo único
de lo que realmente disponemos.
«Dernier toast» (Nicanor Parra)
Que nous le voulions ou non
Nous n’avons que trois possibilités:
L’hier, le présent et le lendemain.
Et pas même trois
Car comme dit le philosophe
L’hier c’est hier
Il n’est à nous que dans le souvenir:
Lorsque la rose a défleuri
On ne peut plus lui ôter de pétale.
Il n’y a que deux
Cartes à jouer:
Le présent et le lendemain.
Et pas même deux
Car c’est un fait bien établi
Que le présent n’existe
Que dans la mesure où il devient passé
Et il est passé…,
comme la jeunesse.
Tous comptes faits
Il ne nous reste que le lendemain:
Je lève mon verre
À ce jour qui n’arrive jamais
Mais qui est le seul
Dont nous disposions en réalité
Merci Catherine pour ce commentaire qui donne vraiment envie de lire ,s’il en était besoin.Victor Del Arbol est aussi mon auteur contemporain préféré.
Je lirai ce livre en français,il va sûrement au printemps.Ma fille n’étant finalement pas allée en Espagne (Girone) à cause des événements de Catalogne,nous ne l’avons pas eu en espagnol .Mais je ne pourrai pas lire les livres de Victor en espagnol ,parce que je les dévore et mon rythme de lecture est très lent en espagnol.
Comme toujours il écrit sur des sujets qui parlent fort au lecteur qui les bouleversent,mais quel bouleversement salutaire .
Intéressante référence au Cante Jondo : tristesse poignante, accablante fatalité, chant de l’absence et de l’abandon (selon la définition encyclopédique) et c’est vraiment ce que j’ai ressenti à la lecture.
Sachant aussi, comme les personnages le révèlent peu à peu, que les souvenirs sont souvent « arrangés », la mémoire pas toujours exacte et les chants un peu démesurés. Mais avec cette note d’optimisme : autant profiter de la vie, après avoir refermé les portes.
Oui Kochka. Quand l’auteur a évoqué le Cante Jondo en interview, j’ai aussi ressenti la justesse de ce parallèle. Je suis contente de partager avec toi cet intérêt pour cet auteur qui est sans conteste mon auteur contemporain préféré.
D’abord, je ne te remercierai jamais assez de m’avoir fait connaître cet auteur dont c’est le 3ème roman que je lis . Merci, merci…
Voilà donc mon sentiment sur « Par delà la pluie » :
Comme je sortais de la lecture de « la Tristesse du Samouraï » et de « Toutes les vagues de l’Océan » -2 romans exceptionnels du même auteur, Victor del Arbol – au début de « Par delà la pluie » j’ai eu un peu l’impression que ce serait un ton en dessous et puis au fur et à mesure que j’avançais dans ce roman, j’ai été prise par la profondeur de l’analyse. Submergée même. C’est un roman bouleversant sur l’âge et la mémoire, sur notre choix de ce qu’on peut/ veut faire du temps qui reste.
Les personnages nous entraînent dans des drames familiaux, dans les violences conjugales ou la prostitution .
Mais aussi dans l’Histoire qui a brisé les parents et – thème cher à Del Arbol – au poids de ce passé sur les générations qui suivent . A travers un beau passage d’hommage, Del Arbol nous ramène à l’Histoire du franquisme et dans « la vallée de ceux qui sont tombés »
Il y a les hommes méprisables mais qui, sous la plume de Del Arbol, sont simplement bassement humains : Abdul, Enrique, Sture, Gövan , Gustavo. Leurs vies ont en commun, leurs passions et leurs lâchetés , la violence, le viol , le meurtre .
Mais surtout dans ce roman, il y a 5 beaux portraits de femmes, Héléna , Natalia , Yasmina, Fatima, Carmen qui luttent chacune à leur façon contre ce que la vie et les hommes ont voulu faire d’elles . Il y a des pages sublimes autour de chacune d’elles.
Et puis , il y a Miguel qui , au bout de sa vie, au moment où sa mémoire se délite , essaie de reconstruire l’essentiel, de donner du sens à sa vie . L’épilogue est d’une grande beauté .
Ces personnages continuent d’exister bien après qu’on a refermé le livre.
J’attendais de lire enfin le dernier livre de Victor Del Arbol ,je n’ai pas été déçue une fois encore ,je sais que je ne suis peut-être pas tout à fait objective!! Dans ce livre ,il y a des histoires extraordinaires ,émouvantes la rencontre d’Helena et de Miguel dans une résidence pour personnes âgées ,leur sursaut et leur envie de vivre d’autres rêves en se soutenant l’un ,l’autre Des histoires très dures avec des hommes d’une extrême bassesse et pleins de tyrannie ,des femmes méprisées ,en grande souffrance ,mais d’un grand courage .Par moment on a l’impression d’être aspiré par ce livre tant le déroulements des faits est intense .Un excellent livre dont on ne sort pas tout à fait comme avant de l’avoir lu .
Mais tous les livres de Victor laissent des traces… On referme le livre et un petit bout de Victor est en nous, ses personnages ne nous quittent plus.. C’est cela qui fait de lui un auteur si spécial..
C’est exactement ça !
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Vous lisez et vous aimez : Par-delà la pluie de Víctor del Árbol
[site] “Victor Del Árbol signe ici un de ses grands romans.” | avenues.ca
[presse] “Par-delà la pluie est un livre sur l’amour et la mort.” | Le Temps
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