Bosc, Adrien «Constellation» (08.2014)
Auteur: Adrien Bosc a fondé les Éditions du Sous-Sol qui publient les revues Feuilleton et Desports. En janvier 2016, il est nommé directeur adjoint de l’édition, aux côtés de Ludovic Rio, des éditions du Seuil.
Constellation est son premier roman qui a pour sujet l’avion Lockheed Constellation du vol Paris-New-York Air France qui s’écrase le 3 sur le Pico de Vara, une montagne de l’île São Miguel, dans l’archipel des Açores avec 48 passagers et membres de l’équipage de l’avion dont Marcel Cerdan et la violoniste Ginette Neveu. Le roman est dans les premières sélections du prix Goncourt, du grand prix du roman de l’Académie française, du prix Renaudot, du prix de Flore, du grand prix des lectrices de Elle, et figure parmi les quatre finalistes du prix Jean-Giono. Pour ce roman, Adrien Bosc reçoit en septembre 2014 le prix littéraire de la Vocation et en octobre le Grand prix du roman de l’Académie française. En 2018 il publie « Capitaine », (éditions Stock)
Editions Stock – 20.08.2014 – 192 pages / LdP – 26.08.2015 – 216 pages
Résumé : Le 27 octobre 1949, le nouvel avion d’Air France, le Constellation, lancé par l’extravagant M. Howard Hughes, accueille trente-sept passagers. Le 28 octobre, l’avion ne répond plus à la tour de contrôle. Il a disparu en descendant sur l’île Santa Maria, dans l’archipel des Açores. Aucun survivant. La question que pose Adrien Bosc dans cet ambitieux premier roman n’est pas tant comment, mais pourquoi ? Quel est l’enchaînement d’infimes causalités qui, mises bout à bout, ont précipité l’avion vers le mont Redondo ? Quel est le hasard objectif, notion chère aux surréalistes, qui rend « nécessaire » ce tombeau d’acier ? Et qui sont les passagers ? Si l’on connaît Marcel Cerdan, l’amant boxeur d’Édith Piaf, si l’on se souvient de cette musicienne prodige que fut Ginette Neveu, dont une partie du violon sera retrouvée des années après, l’auteur lie les destins entre eux. « Entendre les morts, écrire leur légende minuscule et offrir à quarante-huit hommes et femmes, comme autant de constellations, vie et récit. »
Mon avis : Alors là.. Je ne comprends pas l’engouement suscité par ce « premier roman ». Je vous la fais façon recette de cuisine :
– le crash d’un avion à une date « X »
– la liste des passagers à bord (avec 2 « étoiles » : le sport et la musique)
– la liste de ceux qui auraient pu être à bord et celle de qui n’y sont pas mais qui auraient dû/pu y être
– Donner ces éléments à un journaliste et lui demander de mener l’enquête en sachant qu’à cette époque il n’y avait pas de boites noires pour tenter de savoir ce qui a bien pu arriver.
– Parallèlement lui demander de faire la nécro des 48 personnes à bord
– Faire cela dans le style journalistique.
Pendant ce temps, faire quelques jolies phrases poétiques et sur le sens de la vie et de la mort, du hasard et des coïncidences, rajouter de jolies citations en début de chapitre. Un petit coup d’empathie pour la fin si tragique des personnes qui se réjouissaient de prendre l’avion et l’arriveront jamais à destination… Ne pas oublier le laïus vendeur sur la difficulté d’identifier certains passagers et les drames y afférents. Parler aussi des drames que la mort d’un proche peut déclencher dans les familles…
Comme l’avion était un « Constellation », faire un petit topo sur les étoiles célestes et terrestres.
– les étoiles (de la voute céleste)
– l’horoscope et l’astronomie.. (Sous la constellation du Taureau, du scorpion…)
– Marcel Cerdan … la lune en Taureau qui s’affronte à Jake La Motta, (le Taureau du Bronx) dont le fils périra dans l’accident du vol Swissair 111 (coïncidence)
– Parler des étoiles de la musique (un petit coup de violon sur la destinée de Ginette Neveu) et du sport
Quand à la coïncidence de retrouver des objets appartenant aux disparus sur le lieu de l’accident et l’émotion engendrée en montrant ces objets à la télévision en direct à un luthier… Alors ça ! Si vous croyez au signes et au hasard…
Lier avec des rapprochements en fonction des jours et des dates. En dernier lieu, faire un petit hommage à Blaise Cendrars et l’incorporer à la sauce au travers des coïncidences (il se marie le jour ou l’avion tombe).
Vous devinez ? La sauce n’a pas pris… Une jolie idée, quelques belles phrases.. mais je me suis ennuyée à lire ces nécros de gens connus et inconnus qui ont eu leur vie brisée quand l’avion est tombé !
Crash et dégommage … La Totale ! et pourtant, Le « Constellation » est un si bel appareil !
Le plat fut banal de chez banal.. Je m’attendais à un **** , mais le plateau repas servi à bord ne m’a pas plu du tout…
Extraits :
Paul Valéry : « Nous ne supportons plus la durée. Nous ne savons plus féconder l’ennui »
Plus l’oracle est précis, moins on l’écoute, telle est la leçon de Cassandre. Et quand il est entendu, tout geste contraire concourt à son accomplissement, se débattre, rebrousser chemin fait partie du jeu, telle est la leçon de l’oracle de Delphes. En somme, nul n’échappe à son destin
Et puis, aux premières lueurs du jour, arpenter les grandes avenues, s’inscrire en flâneur entre chien et loup dans l’invisible parenté des solitaires matinaux
l’air frais du matin accompagné d’une lumière resplendissante donne ce je-ne-sais-quoi de grandeur que l’on ne peut ressentir dans la journée. Les rares promeneurs ne parlent pas, ils contemplent… Mais, dans deux heures, les pédants auront repris possession de ces avenues, l’enchantement sera dissipé
ces nombreux hasards objectifs, omniprésents, invisibles à nos yeux jusqu’à leur rapprochement, tout comme ces astres scintillants dans le ciel agglomérés en constellation par l’œil et l’esprit. Des points numérotés et reliés d’un cahier de coloriage. Coïncidence forcée ou force du destin, nul ne sait, sinon qu’à ce jeu des dates les plus incroyables associations naissent
Les viscères métalliques de la carcasse n’ont rien livré du secret du Constellation
La fiction d’un je omniscient enfilant les vêtements des victimes comme l’on se glisse dans les costumes d’un petit théâtre d’époque n’existe pas
l’adage absurde qu’une succession d’erreurs trace une prédestination des catastrophes : « Tout ce qui peut mal tourner va mal tourner. »
Faire parler les morts, tourner les tables et convoquer les âmes pour leur extirper un dernier rappel, une voix bissée de l’au-delà. Gangrène des survivants, rongés par le manque, des creux de haut mal en haut-le-cœur. Armée d’inconsolables implorant un signe devant des tombes sourdes, réveillés en pleine nuit par l’appel qui n’est que l’absence martelant sa présence
La morne vie des mères de banlieue, elle ne s’y faisait pas. Des armées de névrosées, de cocues et de bigotes enfermées dans un idéal de réussite. Les amitiés qui n’en sont pas, les discussions vides de sens, la fausse convivialité, l’ennui qui vous frappe et ne vous lâche plus, les crasses habitudes, et la joie de vivre remisée au placard.
On y boit son chagrin, on partage celui de son voisin, on y répare des amitiés malmenées par les longues traversées. Chacun, dans ce refuge, y cherche, y trouve, en âme naufragée, le souvenir de sa peine, et boit au-delà du raisonnable le salaire de ses regrets
Les grammairiens sont pour les auteurs ce qu’un luthier est pour un musicien. Voltaire, Pensées, remarques et observations
Quand tu aimes il faut revenir. Une vie à casser la boussole, à s’ouvrir aux points cardinaux, et puis, au bout du monde, le lieu commun. Quand tu aimes il faut revenir. Une vie à jouer à cache-cache, à tromper l’ennui, à tromper la mort, et au seuil, la vieille cabane, l’origine, le trésor. Quand tu aimes il faut revenir. Maudit, désespéré, en vrac, l’esprit bariolé d’animaux étranges et de paysages utopiques, découvrir au tréfonds de la forêt première l’âme sœur, patiente et protectrice. Quand tu aimes il faut revenir
« Le bout du monde c’est le Père-Lachaise. »
2 Replies to “Bosc, Adrien «Constellation» (08.2014)”
Ce livre n’est pas inintéressant, je l’ai lu sans ennui mais pour moi il se rapproche plus d’un documentaire, d’un docufiction comme on dit que d’un roman.
Quant à lui attribuer le prix du Roman de l’Académie française, c’est un peu trop.
Non , il n’est pas inintéressant. Mais quand on te le présente comme le roman révélation, Grand Prix Académie Française 2014
Prix littéraire de la vocation Marcel Bleustein-Blanchet 2014
Dans la 1ère sélection du Goncourt, du Renaudot, du Flore, du Prix Goncourt des Lycéens, du Prix Décembre, du Prix des libraires, dans la 2ème de l’Interallié
tu t’attends à un roman qui tienne la route… J’ai pas trouvé de roman à l’arrivée et pas non plus un style exceptionnel…