Bannalec, Jean-Luc «Étrange printemps aux Glénan» (2015)
Auteur : Jean-Luc Bannalec est le pseudonyme d’un écrivain allemand (Jörg Bong) qui a trouvé sa seconde patrie dans le Finistère sud. Après Un été à Pont-Aven (2014), il écrit la suite des aventures du commissaire Dupin dans Étrange printemps aux Glénan (2015), Les Marais sanglants de Guérande (2016) L’Inconnu de Port Bélon (2017) , Péril en mer d’Iroise (2018) , Les disparus de Trégastel : Les vacances du commissaire Dupin (2019). Tous ses romans ont paru aux Presses de la Cité.
Les aventures du commissaire Dupin – tome2
Presses de la Cité avril 2015 / Pocket avril 2016 (384 pages)
Résumé : Bienvenue au paradis de la voile, les Glénan, archipel paradisiaque au large de Concarneau. En ce matin de mai, la mer bleu lagon est tachée du sang de trois cadavres échoués sur le rivage. Accident ? Naufrage ? Le commissaire Dupin, qui n’a pas le pied marin, flaire l’embrouille. L’une des victimes est un homme d’affaires lié à la politique locale. Une autre, un navigateur hors pair qui possède une célèbre école de voile. L’immersion en eaux troubles commence pour le commissaire. Au fil de son enquête, il va devoir apprivoiser l’archipel et ses habitants – pilleurs d’épaves, biologistes militants, intrigants divers. Et révélera des secrets explosifs aux enjeux écologiques dramatiques…
Avec le retour du commissaire Dupin égal à lui-même : ronchon, imprévisible, caféinodépendant, mais diablement efficace !
Mon avis : je les lis dans le désordre mais toujours avec grand plaisir… Je ne connais pas encore la Bretagne mais cela donne envie de découvrir cette région. Et encore un personnage de Commissaire que j’aime bien ! Un exilé, qui vient de Paris. Cela fait 5 ans qu’il est en poste à Concarneau, mais c’est toujours le « flic de Paris » … On est breton ou on ne l’est pas… et quand en plus les cadavres sont retrouvés aux Glénan, un flic de la terre ferme est d’autant plus ressenti comme un étranger. Que serait Dupin sans sa fidèle secrétaire Nolwenn…. Encore que… cette brave Nolwenn est sur la terre ferme, la Bretagne est hostile, la météo s’en mêle, la tempête se lève, le réseau téléphonique inexistant à peu de choses près. Les Glénan sont des iles sauvages et entendent le rester… enfin… il y en a toujours qui veulent faire passer le tourisme et l’argent avant la préservation des sites (Corse / Bretagne même combat… vu que je viens de terminer le livre de Bussi, Michel « Le temps est assassin »). J’aime cette découverte de la Bretagne, de ses paysages, de sa cuisine, de ses légendes, de ses secrets.
Extraits :
le Finistère, donc –, comme Nolwenn ne se lassait pas de le lui répéter, s’avançait loin, très loin, presque jusqu’au milieu de l’Atlantique nord. « Tel un monstre d’antan, l’Armorique tend sa tête dentelée comme un dragon tirant la langue. » Il aimait cette image – et sur les cartes, on reconnaissait vraiment une tête de dragon.
Groac’h, la fée malfaisante responsable de nombreux naufrages. On raconte qu’elle était démesurément riche, plus que tous les rois réunis, que son magot était dissimulé au fond du lac relié à la mer par un souterrain, et qu’un courant magique aspirait tous les trésors des bateaux naufragés jusqu’à son palais sous-marin.
la « Tigresse de Bretagne », Jeanne de Belleville, la première femme pirate avérée de l’histoire. Une femme à la beauté époustouflante, issue de l’aristocratie d’une Bretagne encore indépendante à cette époque. Aidée de sa « flotte » de trois navires et de sa grande témérité, elle avait eu raison des innombrables bâtiments armés jusqu’aux dents de son ennemi juré, le roi de France.
Cela faisait longtemps, déjà, qu’il avait cessé d’affirmer que la mer était bleue. Ce n’était pas vrai : la mer n’était pas simplement bleue. Pas ici, dans ce monde magique fait de mille lumières. Elle était azur, turquoise, cyan, cobalt, argentée, bleu d’aquarelle, plomb, bleu nuit, pourpre… Dix à quinze tonalités de bleu et une infinité de nuances. Parfois elle était verte, vraiment verte, ou alors marron – quand elle n’était pas d’un noir profond.
Le secret de toute cuisine de la région était le suivant : « Si tu es un vrai Breton, prends du beurre. Matin, midi et soir. Du beurre, c’est tout. »
l’effet de l’humidité dans l’atmosphère était étonnant. Le bleu était plus doux, plus souple, comme velouté, mais toujours aussi profond, sans la luminosité transparente de la veille. La brume modifiait la lumière, l’éclat du soleil, les couleurs, la saveur et l’odeur de l’air, tout était amolli. Elle étouffait les bruits, et même le silence semblait mat.
Pour eux, le passé n’existait pas. Il n’était pas passé. Rien ne passait. Tout ce qui avait été était encore et serait éternellement.
La vie est un véritable imbroglio, aussi emmêlé qu’une pelote de laine.
Info :
école de voile « Les Glénans » (avec un « s », au contraire des îles qui n’en prenaient pas)