Perry, Anne «La disparue d’Angel Court» (2015)

Perry, Anne «La disparue d’Angel Court» (2015)

30ème enquête de Thomas Pitt

Résumé : Londres, 1898. Lorsqu’ échoit au commandant Thomas Pitt la mission de protéger une jeune Espagnole en visite dans la capitale, il ne comprend pas tout suite en quoi ce travail relève de la Special Branch, organe des services secrets britanniques. Jusqu’à ce qu’elle disparaisse au milieu de la nuit dans le quartier d’Angel Court. Sofia, fondatrice d’une nouvelle religion controversée, prêchait des idéaux que certains diraient blasphématoires, et sa vie avait été menacée. Mais Pitt sent qu’il y a une raison plus profonde et plus dangereuse à son enlèvement ; si c’est bien de cela dont il s’agit. Et alors que les ramifications de son enquête s’étendent jusqu’en Espagne, il sait que le temps est compté et que la sécurité de la Nation pourrait être en jeu.

Édition agrémentée d’une préface de l’auteure, d’une carte et d’une bibliographie présentant les épisodes de la série.

Mon avis :  Si l’intrigue, les tenants et les aboutissants de l’enquête sont passionnants, je ne peux que regretter le manque d’implication des personnages secondaires. On y croise certes Charlotte et Lady Vespasia, mais de si loin… Ce qui fait le charme de cette série, ce sont les enquêtes parallèles des proches ; depuis que Pitt est à la Special Branch, c’est de moins en moins le cas et j’espère que cela ne va pas disparaitre…

Mais je dois dire que si je n’étais pas si attachée aux personnages secondaires, je n’aurais pas de critiques à faire. En effet le sujet est bon et le suspense total. Une jeune femme disparait et tout de suite on se pose une question : la disparition est-elle politique ? Pourrait-elle affecter les relations internationales ? Qui est en réalité cette femme ? Que cache-t-elle ? La remise en question du passé, la remise en question des croyances et de la religion, l’importance de la personnalité, la place des femmes, le problème de la dépendance, le poids des fautes et des haines … Tout cela en fait un excellent polar.

 Extraits :

Souvenez-vous des croisades, de l’Inquisition espagnole, de la persécution des cathares et des vaudois, du massacre des huguenots en France.

Son humeur était aussi changeante que les reflets de l’ombre et de la lumière sur l’eau.

L’histoire regorgeait de femmes qui, ayant eu des visions, avaient été profondément convaincues d’être les envoyées de Dieu

Le salut ne peut venir que de l’épanouissement du cœur et de l’âme. Et voilà ce qui effraie tant de gens. Cela change toutes les règles que nous pensions connaître. Il n’y a pas de hiérarchie, sauf dans la capacité à aimer. L’obéissance ne suffit pas, elle n’est qu’un début – un détail, comparé à la compréhension

Mais je ne peux nier ce que je sais être la vérité. Sinon, il ne me resterait plus rien

— Est-il gentil de raconter des mensonges parce que c’est moins dérangeant à entendre ?

Je n’ai pas toujours raison, admit-elle en détournant les yeux. Il y a différentes manières de dire ce qu’on pense. Certaines sont destructrices. D’autres sont maladroites, trop faibles ou trop violentes. Il faut du temps et de la patience pour convaincre les gens de changer.

Trouve-t-on jamais le bon moment de dire aux gens ce qu’ils ne veulent pas savoir ? Si on attend qu’ils aient envie de l’entendre, il est sûrement trop tard

Les gens effrayés sont dangereux

Soudain, la réalité s’imposa de nouveau à lui, tel un vent froid qui efface des mots tracés dans le sable

Elle a des rêves… sans rêves nous ne sommes rien…

Pour lui, la foi n’était pas une passion, plutôt une présence réconfortante à l’arrière-plan. Chaque village possédait son clocher ou son campanile. C’était un symbole de sécurité à travers les âges, fiable et constant.

En cette fin de siècle, le monde était en crise, déchiré par des troubles sociaux et religieux. Certains remettaient en cause des valeurs respectées depuis le Moyen Âge. Trop de questions demeuraient sans réponses. L’anarchie pointait jusque dans la foi : on ne se demandait plus quel Dieu était le vrai Dieu, mais si Dieu existait vraiment. Ce doute s’ajoutait au malaise croissant qui affectait les systèmes politiques partout en Europe

Elle semblait être le genre de femme qui, quand on la connaissait bien, vous manquait quand elle n’était pas là

Je suis navré si je vous semble sans cœur, mais il y a une limite au nombre de fois où on peut secourir quelqu’un qui s’acharne à se détruire et qui est prêt à vous entraîner dans sa chute.

Il ne sert pas à grand-chose de se lancer dans une campagne pour dire qu’on est d’accord

L’incapacité à aimer était une affliction, non un péché

Il voit ce que son cœur lui dit de voir, que ce soit réel ou non

Je ne suis pas sûr d’aimer beaucoup la religion. Tantôt c’est ennuyeux, tantôt c’est dangereux. Au fond, l’ennui est sûrement préférable

Soit on opte pour la sécurité, soit on prend des risques. Les risques peuvent faire souffrir, mais au moins on a essayé. Et parfois, c’est merveilleux

Elle lui sourit et il eut l’impression que la chaleur revenait dans la pièce

Comment pourrait-il expliquer ce qu’il ne comprend pas

Un froid soudain l’avait envahi, comme si on était en janvier au lieu de mai.

Si on croit en soi, on peut accomplir presque n’importe quoi, et sinon, on n’essaie même pas, alors bien sûr, on échoue.

Et pourtant, un moment non saisi risquait d’être regretté longtemps, et jamais complètement rattrapé

La peur est une chose terrible, Lady Vespasia, une maladie qui se propage comme le feu d’un esprit à l’autre, et qui consume ce qu’il y a de meilleur en nous. Nous cessons d’écouter et nous passons trop vite à l’attaque au lieu de réfléchir.

Si on se protège de la vie, on la perd entièrement, les bons moments comme les mauvais

Tricher en sport est méprisable. C’est une tache sur le caractère d’un homme. Mais tricher lors d’examens déterminants pour sa future carrière, voilà qui est infiniment plus grave. C’est un mensonge qui porte sur l’avenir, sur tous ceux et toutes celles qui ont confiance en vos compétences. C’est une insulte envers ceux qui ont jugé vos connaissances et engagé leur honneur en affirmant que vous possédez les aptitudes nécessaires. Quand on va consulter un médecin, c’est parce qu’une institution l’a déclaré capable de prescrire des médicaments, voire de vous ouvrir l’estomac. Avec un architecte, on croit que la maison qu’il a conçue sera solide. Si on a besoin d’un avocat pour défendre sa vie ou sa liberté, on pense que cet homme est versé en droit, et qu’il peut le faire.

Les règles de la chasse : on ne blesse pas sa proie car un animal blessé est dangereux. Soit on le tue, soit on le laisse tranquille.

Il songea de nouveau à sa mère. Elle avait créé pour lui une sécurité, un temps de bonheur qui n’avait pas été assombri par la peur, parce qu’elle avait placé son bien-être avant le sien propre

Sortez la tête hors des nuages de votre philosophie et voyez la réalité en face

La foi, ce n’est pas que des mots qu’on marmonne le dimanche et qu’on oublie le reste de la semaine. La façon dont on vit reflète ce qu’on croit vraiment, quoi qu’on en dise

La foi est censée donner de l’espoir, non vous éblouir au point que vous ne discernez pas les ténèbres, ni la nécessité de travailler, d’affronter la vérité avec toutes ses joies et ses chagrins.

 

Perry, Anne : Toute la serie des « Charlotte et Thomas Pitt »

 

 

2 Replies to “Perry, Anne «La disparue d’Angel Court» (2015)”

  1. Merci pour ce commentaire. J’ignorais qu’un nouveau « Thomas Pitt » était sorti. Je vais vite rattraper mon retard !

    1. Tu es l’une des premières à m’avoir parlé de cette romancière.. Contente de voir que cette fois je te fais découvrir la suite 😉 et j’espère lire ton avis sur ta lecture..

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