Pitlor, Heidi «Quelques heures à tuer» (2017)
Autrice : Nationalité : États-Unis – Né(e) à : Concord, Massachusetts – Diplômée de Creative Writing, Hedi Pitlor a travaillé pendant plusieurs années chez Houghton Mifflin Harcourt, où elle a été éditrice.
Elle est professeur de MFA program à l’Université Regis à Denver, Colorado. »Quelques heures à tuer » (The Daylight Marriage), son second roman, a été publié en 2015.
Elle vit avec son mari et ses deux filles jumelles à côté de Boston.
Actes Sud – 7.6.2017 – 256 pages – Alain Defossé (Traducteur)
Résumé : Quand Hannah a rencontré Lovell, elle sortait d’une rupture difficile et cherchait juste « quelqu’un de bien ». Lui n’avait pas l’intention de passer à côté de la femme de sa vie. Dix-neuf ans plus tard, mariés et installés dans une banlieue résidentielle de Boston, ils sont presque devenus l’un pour l’autre des étrangers. Au lendemain d’une dispute, Hannah décide de bousculer sa routine domestique.
Ayant quelques heures devant elle, elle prend sa voiture et part « à l’aventure ». Sur la plage où elle s’arrête, un homme l’accoste et engage la conversation. Il l’inquiète autant qu’il la trouble. Depuis combien de temps n’a-t-elle pas ressenti cela ? A la nuit tombée, Hannah n’est pas rentrée. Puis les jours passent. Sans nouvelles. Et l’anxiété grandit. Essayant de faire bonne figure vis-à-vis des enfants, Lovell est contraint pour la première fois d’examiner la trajectoire de leur couple.
Et tandis qu’il cherche à savoir ce qui a pu arriver à sa femme, nous sont révélés, à travers les yeux d’Hannah, les événements de la journée. Entremêlant avec virtuosité les misères de la vie conjugale et le mystère entourant une disparition, Heidi Pitlor livre un roman inexorable, émotionnellement complexe, qui hantera le lecteur longtemps après les dernières pages.
Mon avis : Il est spécialiste en « réchauffement climatique et intensité des phénomènes extrêmes ». Elle travaille quelques heures par semaine chez une fleuriste. Ils ont deux enfants. Mais surtout ils viennent de milieux sociaux différents et s’éloignent de plus en plus. D’ailleurs se sont-ils aimés une fois ? Lui l’a aimée, c’est certain. Quant à elle, elle s’est mariée par défaut, et quand elle a perdu son statut social, qu’elle a dû adapter son train de vie à ses ressources, elle est devenue une éternelle insatisfaite… Alors quand éclate une violente dispute et qu’elle quitte le domicile conjugal sans rien dire, en abandonnant mari et enfants, tout le monde pense que c’est la fin du couple, précipitée par cette altercation. Mais les jours passent, et elle ne donne toujours aucune nouvelle…
Lui va devoir tenir la baraque à bout de bras, affronter les reproches de la famille, faire connaissance avec ses enfants, car il faut bien avouer que plus les années se sont écoulées et plus il a abandonné la famille pour son travail… Et se poser bien des questions…
Pendant ce temps, Hannah, partie sur un coup de tête, revisite son passé, mais pas que…
Pour le savoir, il faudra lire ce roman. Il est court, ne me laissera pas un souvenir impérissable, mais il set néanmoins très révélateur des situations que peuvent engendrer l’usure des couples mal assortis, qui ne se parlent plus, ou presque. . « Post hoc, ergo propter hoc. À la suite de cela, donc à cause de cela … » C’est valable pour le climat, c’est également valable dans la vie…
Extraits :
— Est-ce que tu écoutes vraiment ce que je te dis ? Ou simplement le… je ne sais pas, le ton de ma voix ?
— Le ton en dit long.”
Tous étaient d’un pragmatisme dénué d’affect, conventionnel et pétri de logique, telles des tortues dont la carapace dissimulait le cœur – fragile d’être trop peu utilisé –, ne leur laissant qu’une tête, un cerveau pour affronter le monde et lui donner un sens.
Mais peut-être qu’être heureuse à quatorze ans, c’était trop tôt, c’était dépenser trop vite une ressource qui se révélait finalement limitée.
“Le temps s’est arrêté dans cette banlieue résidentielle. Les droits civiques et la révolution sexuelle semblent n’être jamais arrivés jusqu’ici.”
Juste ciel, elle se faisait l’effet d’un disque rayé, avec lui.
Elle était censée incarner le calme, le contrôle de soi et, plus que tout, la stabilité. Elle était censée réagir à tout de manière prévisible, ne jamais provoquer quiconque, ne jamais rien susciter.
— Je travaille dans un magasin de fleurs.
— Vous travaillez avec des choses mortes ? Des choses dont on a coupé les racines pour les coller dans des vases, pour que des gens puissent les admirer pendant une semaine, le temps qu’elles finissent de crever ?”
Le ciel était devenu gris, et elle sentait ce gris tomber sur elle, elle en était certaine, comme une épaisse couche isolante qui l’enveloppait, l’emprisonnait.
“Au lieu de claquer les portes, de jeter un livre contre le mur, pourquoi est-ce que tu ne parles pas, Lovell ?”