Yvars, Alain «Conter la peinture» (2020)

Yvars, Alain «Conter la peinture» (2020)

Auteur : Ayant toujours vécu dans la région parisienne, Alain Yvars, depuis la fin de sa vie professionnelle dans la gestion d’entreprise, a gardé intacte la passion de sa vie : la peinture. Après avoir peint de longues années, le blog qu’il a créé, « Si l’art était conté », est consacré à des récits, nouvelles, et écrits divers sur l’art. Il aime imaginer dans leur contexte historique les peintres qui ont fait l’histoire de l’art. Ainsi, il les regarde peindre et vivre, ce qui lui permet de s’inspirer de leur talent pour écrire ses récits.
Son premier roman « Que les blés sont beaux » se veut un hommage à Vincent Van Gogh universellement admiré de nos jours. Des années de recherches dans l’impressionnante correspondance de l’artiste, divers documents, et de nombreuses visites dans les archives de la BNF ont été nécessaires pour donner une âme au livre. Il nous fait découvrir l’artiste qu’il a suivi au jour le jour durant deux mois à Auvers-sur-Oise : l’homme nous apparaît avec sa sensibilité, sa culture littéraire et artistique, son amour de la nature et des gens.

Résumé : Les ombres des grands peintres disparus… Pourquoi la vision de leurs œuvres alimente-t-elle ainsi mon imagination ? Marcel Proust dans son roman « À la recherche temps perdu » met en lumière la troublante relation qui existe entre la peinture et l’écriture, deux arts s’influençant mutuellement. Ainsi, il fait mourir Bergotte devant le tableau de Vermeer la « Vue de Delft » : « Il attachait son regard, comme un enfant à un papillon jaune qu’il veut saisir, au précieux petit pan de mur. « C’est ainsi que j’aurais dû écrire, disait-il. Mes derniers livres sont trop secs, il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce petit pan de mur jaune ». Tout au long des douze nouvelles de ce recueil, j’ai souhaité faire connaissance avec ces hommes et femmes qui ont fait l’histoire de l’art, les regarder peindre et vivre. Subtilement, de la même façon que Bergotte devant « le petit pan de mur jaune », un jeu de miroir a fini par s’établir entre les œuvres et mes mots, créant parfois un dialogue imaginaire avec les artistes.

Mon avis : un petit livre qui se déguste. Comme il est petit et divisé en douze nouvelles, j’ai décidé de le lire en douze étapes. Comme le petit chocolat avec le café, pour ressentir les impressions distinctes et isoler les impressions relatives à chaque tableau.

Chaque lecture a été une rencontre. Ce qui est fantastique avec cet auteur c’est qu’il donne vie tant au peintre qu’à ses personnages : Amedeo Modigliani, Henri de Toulouse-Lautrec, Winslow Homer, les artistes de l’art rupestre préhistorique, Johannes Vermeer, Claude Monet, Georges Seurat, J.M.N. Whistler, Georges de La Tour, Auguste Renoir, Johannes Vermeer, Rembrandt van Rijn : ils sont tous là, et bien présents.
Modigliani et ses excès, Lautrec entouré des danseuses du Moulin Rouge, Winslow et sa nièce face à la mer … Me retrouvant à Giverny, je ne peux m’empêcher de repenser au livre de Michel Bernard « Deux remords de Claude Monet ». Grâce à la plume de l’auteur, j’ai vécu les tableaux et partagé un moment la vie des peintres et de leurs œuvres… je n’ai plus été la simple spectatrice mais je suis entrée dans la vie des personnages ; j’étais à Montparnasse, à la terrasse de la Rotonde, dans la salle du Moulin Rouge, assise face à la mer avec le violon qui jouait un air entraînant… J’ai posé ma main sur la paroi de la grotte pour y laisser mon empreinte, je me suis cachée dans une armoire à balais pour voir les réactions suscitées par la remise d’une lettre… J’ai l’espace d’un instant fréquenté Berthe Morisot, Georges Seurat… Fréquenter les peintres ouvre aussi d’autres horizons… c’est qu’il n’y a pas que les expositions, les peintures, les rendez-vous au bistrot ; il y a aussi les rayons de lune sur la Tamise… et le procès qui opposent le peintres et les critiques d’art qui ne comprennent pas grand-chose à la peinture… Et les bohémiennes pickpockets à l’œuvre sous les yeux de Georges de la Tour. J’ai passé des après-midis au bord de l’eau avec Renoir, j’ai fait la fête avec lui et Aline, j’ai rencontré tous les joyeux fêtards et les canotiers de Chatou. J’ai même été visiter Delft : la Delft de Vermeer et la Delft actuelle … et je dois avouer que la vue du XVIIème siècle fait davantage rêver que celle d’aujourd’hui… Parfois, il vaut mieux garder en mémoire la première image et ne pas la confronter à la réalité… Et j’ai fini mon voyage avec Rembrandt…

J’aime la proximité que l’auteur installe entre le peintre et ses sujets, entre nous et les tableaux. La distance disparait, la vie et la communion s’installent, par-delà les siècles et les différences ; seule l’émotion demeure, et l’envie de faire plus ample connaissance avec des mondes et des artistes qui vivent par leurs personnages et les histoires qu’ils nous content en couleurs.

Extraits :

L’impression visuelle était saisissante. L’océan, comme mu par une force incontrôlable, semblait accompagner les danseuses. Les vagues se soulevaient et redescendaient au même rythme que la musique. Ce soir, la lune, immense, s’était invitée à la fête. Une tendre complicité reliait les puissances de la nature à deux jeunes filles tourbillonnant indéfiniment.

Winslow Homer
L’impression visuelle était saisissante. L’océan, comme mu par une force incontrôlable, semblait accompagner les danseuses. Les vagues se soulevaient et redescendaient au même rythme que la musique. Ce soir, la lune, immense, s’était invitée à la fête. Une tendre complicité reliait les puissances de la nature à deux jeunes filles tourbillonnant indéfiniment.

Vermeer
La toile de la vue de Delft vous attire parce qu’elle dégage une impressionnante présence physique lui donnant vie, et cette lumière magique inoubliable… Elle nous enchante et nous fait rêver, n’est-ce pas l’essentiel ?

Je vous mets le lien si vous souhaitez vous procurer ce petit livre. C’est un livre auto-édité et l’auteur reverse les bénéfices de ses publications à  l’association Rêves pour enfants malades :  https://www.amazon.fr/Conter-peinture-Alain-Yvars-ebook/dp/B084HL3K6M

2 Replies to “Yvars, Alain «Conter la peinture» (2020)”

  1. Tu n’as oublié aucun peintre, Catherine, et j’ai fait à nouveau une sacrée balade, au fil de la peinture, dans le monde des peintres que j’ai pris plaisir à conter dans ce recueil.
    J’ai vraiment eu la sensation que tu as aimé cette façon de parler de peinture autrement. J’en suis heureux.
    Un grand merci pour ta lecture et ce ressenti coloré.

    1. Ah oui j’ai aimé ! J’aime la manière que tu as de nous immerger dans la vue des peintres et dans leur quotidien… J’espère avoir le plaisir de découvrir d’autres histoires peintes par ton calame.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *