Ledig, Agnès «Marie d’en haut» (2011)

Ledig, Agnès «Marie d’en haut» (2011)

Auteur : romancière française née en 1973. Mère de trois enfants, elle a commencé l’écriture après le décès de l’un de ses trois fils, atteint d’une leucémie. Pour répondre aux questions que posaient tous ceux qui se préoccupaient de Nathanaël, elle tenait un bulletin hebdomadaire. Un professeur de médecine qui suivait l’enfant lui a révélé son don de transmission et l’a encouragée à écrire. « Marie d’en haut« , a remporté le « coup de cœur des lectrices » de « Femme actuelle ». « Juste avant le bonheur » (Albin Michel, 2013) a remporté le prix Maison de la Presse. « Pars avec lui » paraît en 2014, « On regrettera plus tard« , paraît en 2016, et « De tes nouvelles » (la suite) en 2017 aux éditions Albin Michel.  «Dans le murmure des feuilles qui dansent» (2018) toujours aux éditions Albin Michel.

Résumé :

À trente ans, Marie a un caractère bien trempé et de la ressource. Lorsqu’Olivier, lieutenant de gendarmerie, débarque chez elle sans prévenir pour une enquête de routine, elle n’hésite pas à le ligoter pour lui faire comprendre explicitement qu’il n’est pas le bienvenu.Mais cette carapace de femme forte dissimule ses fêlures. C’est grâce à Antoine, son meilleur ami, et Suzie, sa fille, que Marie trouve un sens à sa vie.Et contre toute attente, Olivier va rejoindre le trio. Entre lui et Antoine, la guerre est déclarée. L’enjeu ? Le coeur de Marie.

Coup de coeur des lectrices du prix Femme actuelle

 Mon Avis : Très joli premier livre d’Agnès Ledig. Un livre sur la difficulté de faire confiance, après des expériences qui ont fait mal et qui ont poussé à se retrancher derrière une carapace blindée. Un livre sur l’amour, mais surtout sur l’amitié. Un livre sur la force de caractère et la volonté de vivre en adéquation avec soi-même, même si ce n’est pas dans la « norme », en trainant derrière soi les douleurs d’une enfance dévastée. Et qui donne confiance en l’avenir. Une ode à l’espoir, avec des mots simples et touchants. Aucun misérabilisme, pas de pathos, juste une belle histoire de rencontres… Et des thèmes importants abordés : la vie des agriculteurs, l’homosexualité en milieu rural, l’insémination, la violence ; et le regard des autres.. surtout le regard des autres ; celui des proches et des étrangers… le tout avec beaucoup d’humour et de tendresse.

Comment se construire après une enfance dévastée ? Avec de la confiance en soi et en ses propres valeurs, avec une passion, une ligne de vie, une envie de vivre, et en s’ouvrant aux autres, à ceux qui vous entourent et qui vous aiment…

Extraits :

Elle serait personnage de bande dessinée, des éclairs sortiraient de ses yeux

Je n’ai jamais été bien riche, mais là, c’est Padirac

Il a les sourcils froncés comme s’il réfléchissait en permanence. Ça m’étonnerait que ce soit le cas

Un mot peut-il à ce point vous obnubiler, que vous le voyez partout, vous l’entendez sans arrêt

On se construit sur ce qu’on a vécu, en reproduisant ou en exorcisant

Qu’est-ce que le temps peut bien faire contre ce genre de sentiment ? Rien. Un jour, on se rend compte que c’est trop tard. On y pense un peu plus souvent, et le cœur bat dans les tempes, et partout ailleurs

Je sais que pour la plupart des femmes, l’homme idéal est viril et fort. Moi, je les aime humbles, fragiles et émouvants.

Elle voulait mieux me connaître. Et en me questionnant, elle me révélait. Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’avoir vécu en négatif depuis toujours. Elle est en train de développer la vraie photo, sur papier glacé

C’est trop tôt pour réfléchir. — Sûrement. Mais comment je vais faire sans elle ? — Autrement

Il pleurait fort. Comme une pluie d’orage qui vous mouille jusqu’aux os en moins de trente secondes. C’était cette violence-là.

Je n’ai jamais vraiment grandi. Toujours peur des araignées, peur de m’engager, peur qu’on me fasse du mal, peur des autres, de leur bêtise et de leur méchanceté. Je me réfugie dans mes dessins comme les gamins dans leur monde imaginaire. Je suis grand et costaud, mais à l’intérieur, c’est un grand placard noir dans un coin duquel un petit garçon se cache pelotonné sur lui-même, les mains sur la tête et le regard triste

Elle me demande de quelle marque sont mes vaches, je la questionne sur la race de ses chaussures

Parfois, je me dis que je suis en train de devenir sauvage. Les palpitations me guettent quand je vais en ville, et je sens l’apaisement au fur et à mesure que je remonte dans ma montagne.

J’ai commencé à me dire que c’était trop beau. Typique de ceux qui sont programmés pour le malheur. À force de voir la pluie tomber, on en vient à se dire que le soleil est une vue de l’esprit

J’avais mal au cœur. Brisé en deux. Comme un petit beurre. Plein de miettes partout

 

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