Duperey, Anny « Les chats de hasard » (2001)

Duperey, Anny « Les chats de hasard » (2001)

Résumé : En racontant l’histoire des chats qui ont accompagné sa vie depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte, l’auteur s’interroge sur son itinéraire et rend hommage à ces personnes animales rares qui apportent paix et simplicité un temps dans l’existence.

Mon avis : ce livre est un bijou. Il est tendre, vrai, émouvant. J’ai reconnu mon petit compagnon, j’ai souffert, souri, aimé avec l’auteur. L’écriture est belle, l’émotion est à chaque page. Elle livre sa vie, son coeur, son ame… Ce livre ne va plus quitter la chambre à coucher. Il a sa place avec les poètes . J’avais déjà acheté Les Chats mots, un recueil de textes sur les chats par différents auteurs et
j’avais été séduite par certains extraits de textes d’Anny Duperey, qui avait publié ce choix de textes. Alors là, en passant à la Fnac quand j’ai vu le livre « les chats de hasard » en édition de poche ( Points P853) j’ai craqué…  et je ne regrette pas mon coup de coeur pour le moment.

Fusionnel, magique. Pour ceux qui aiment les chats… tendre, émouvant, bouleversant, l’auteur se livre au travers des chats  – ou l’absence révélatrice de chats – qui ont jalonné sa vie.

Extraits:

« Accepter qu’une bête entre dans sa maison, s’y installe à demeure, inclut du même coup l’engagement de lui rendre la vie la meilleure possible, suivant ses moyens, de l’aimer et d’en prendre soin jusqu’à sa mort, quoi qu’il arrive. C’est comme un mariage ou une véritable adoption. Si c’est un chat ou un chien on « en prend » pour 15 ou 20 ans. C’est dire si c’est grave et s’il faut bien réfléchir avant d’ouvrir sa porte et son coeur. Rien ne doit être fait ou décidé à la légère. Dans cette optique, c’est une personne à part entière qui va s’installer chez vous, une personne-chat, une personne-chien ou une personne-cheval, en tout cas quelqu’un dont il faut découvrir le caractère, avec ses qualités et ses défauts, et avec qui il faut chercher à avoir une relation particulière, parfois surprenante, l’entretenir et l’enrichir ensuite – sans parler des soins physiques ».

 » Les gens qui aiment les chats évitent les rapports de force. Ils répugnent à donner des ordres et craignent ceux qui élèvent la voix, qui osent faire des scandales. Ils rêvent d’un monde tranquille et doux où tous vivraient harmonieusement ensemble. Ils voudraient être ce qu’ils sont sans que personne ne leur reproche rien.

Les gens qui aiment les chats sont habiles à fuir les conflits et se défendent fort mal quand on les agresse. Ils préfèrent se taire, quitte à paraître lâches. Ils ont tendance au repli sur soi, à la dévotion. Ils sont fidèles à des rêves d’enfant qu’ils n’osent dire à personne. Ils n’ont pas du tout peur du silence. Ils ne s’arrangent pas trop mal avec le temps qui passe,leur songe intérieur estompe les repères, arrondit les angles des années.

Les gens qui aiment les chats adorent cette indépendance qu’ils ont,car cela garantit leur propre liberté. Ils ne supportent pas les entraves ni pour eux-mêmes ni pour les autres. Ils ont cet orgueil de vouloir être choisis chaque jour par ceux qui les aiment et qui pourraient partir librement, sans porte fermée, sans laisse, sans marchandage. Et rêvent bien sûr que l’amour aille de soi,sans effort, et qu’on ne les quitte jamais. Ils ne veulent pas obtenir les choses par force et voudraient que tout soit donné.

Les gens qui aiment les chats, avec infiniment de respect et de tendresse, auraient envie d’être aimés de la même manière -qu’on les trouve beaux et doux, toujours, qu’on les caresse souvent, qu’on les prenne tels qu’ils sont, avec leur paresse, leur égoïsme, et que leur présence soit un cadeau.

Dans le doute de pouvoir obtenir pour eux-mêmes un tel amour, ils le donnent aux chats. Ainsi cela existe, cela console.

Les gens qui aiment les chats font une confiance parfois excessive à l’intuition. L’instinct prime la réflexion. Ils sont portés vers l’irrationnel, les sciences occultes. Ils mettent au-dessus de tout l’individu et ses dons personnels et sont assez peu enclins à la politique. Les tendances générales, les grands courants, les mouvements d’opinion, les embrasements de foule les laissent aussi circonspects que leur animal devant un plat douteux. Et si leur conviction les pousse à s’engager, une part d’eux-mêmes reste toujours observatrice, prête au repli dans son territoire intime et idéaliste, toujours à la frange, comme leurs compagnons, d’un pacte avec la société et d’un retour vers une vie sauvage dans l’imaginaire.

Les gens qui aiment les chats sont souvent frileux. Ils ont grand besoin d’être consolés. De tout. Ils font semblant d’être adultes et gardent secrètement une envie de ne pas grandir. Ils préservent jalousement leur enfance et s’y réfugient en secret derrière leurs paupières mi closes, un chat sur les genoux. »

Mais l’indicible était mon paysage intérieur, celui qui m’était familier depuis si longtemps, et si j’essayais de le formuler, ce n’est pas pour autant qu’il ne restait pas mon « chez moi ». Et il se trouve qu’il était aussi son « chez elle ». Elle posait quelquefois son front animal sur ma tête, se couchait le long de mon cahier ou sur un fauteuil touchant le mien. Elle n’essayait pas de me consoler, ni de me conseiller, ni de formuler à ma place. Elle était là, avec sa tendresse et sa chaleur, c’est tout.

 

et en photo, ma chatte de hasard, Penélope qui répond aussi aux noms de  Pene, SGF (Sans Gamelle Fixe) ou Sud-Rail ( Reine de la manif quand elle a faim)

 

 

4 Replies to “Duperey, Anny « Les chats de hasard » (2001)”

  1. J’ai eu une Pénélope aussi, qui nous a quittés, après vingt ans de bons et loyaux ronronnements, de siestes sur les genoux, de manifestations intempestives devant le frigo pour exiger son lait du soir…..J’ai lu ce livre il y a un bout de temps mais ce beau petit papier me pousse à le reprendre en main (il faut d’abord que je le retrouve sous les triples couches des bibliothèques de la maison…;-) ) Merci pour cette belle évocation ! Ingrid

    1. Oh moi aussi je l’ai lu il y a longtemps, mais il est dans un petit bout d’étagère « chats » et jamais très loin… Merci d’avoir pris la peine de mettre ce petit mot, cela fait bien plaisir

  2. Je suis comme Ingrid, heureuse de cette piqûre de rappel.

    Je ne reprends pas « Les chats de hasard » mais dès aujourd’hui je commence « Une soirée » de la même auteure.

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