Hawkins, Paula « La Fille du train » (2015)

Hawkins, Paula « La Fille du train » (2015)

Résumé : Depuis la banlieue où elle habite, Rachel prend le train deux fois par jour pour aller à Londres. Le 8 h 04 le matin, le 17 h 56 l’après-midi. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d’un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants qu’elle voit derrière la vitre. Pour elle, ils sont Jason et Jess. Un couple qu’elle imagine parfait, heureux, comme Rachel a pu l’être par le passé avec son mari, avant qu’il ne la trompe, avant qu’il ne la quitte. Rien d’exceptionnel, non, juste un couple qui s’aime. Jusqu’à ce matin où Rachel voit un autre homme que Jason à la fenêtre. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d’en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c’est avec stupeur qu’elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu…
Avec ce thriller psychologique exceptionnel, Paula Hawkins fait figure de révélation de l’année. Il vous suffit d’ouvrir ce livre et de vous laisser entraîner dans le piège paranoïaque et jubilatoire qu’elle vous tend et vous comprendrez combien cette publication fait figure d’événement.
Mon avis : Et bien j’ai lu.. mais j’ai pas compris l’événement ! C’est lent, poussif… Les personnages ne sont pas sympathiques. Alors oui le suspense est bon, on a un magnifique roman sur les méfaits de l’alcoolisme mais c’est froid… Quand je me fiche de ce qui peut arriver aux personnages, quand je suis spectatrice externe et que je me demande « bon, c’est pas bientôt fini ces pleurnicheries… » c’est pas bon signe… Alors oui pour l’intrigue et non pour tout le reste.. Oui je sais je suis à contre-courant de la critique qui en fait « le » livre de l’été…

Extraits:
Un soleil radieux dans un ciel sans nuages, personne à voir, rien à faire. Vivre comme je le fais, c’est plus difficile l’été, avec ces journées si longues, si peu d’obscurité où se dissimuler, alors que les gens sortent se promener, leur bonheur est si évident que c’en est presque agressif.
Chaque jour, je me dis de ne pas regarder et, chaque jour, je regarde. Je ne parviens pas à m’en empêcher, même s’il n’y a rien que j’aie envie de voir, même si ce que je risque de voir ne pourra que me faire du mal
Je suis sobre, cent pour cent à jeun. Il y a des jours où je me sens tellement mal que j’ai besoin de boire ; d’autres où je me sens tellement mal que j’en suis incapable
Il est peu après sept heures, et il fait froid là, dehors, mais c’est tellement beau, comme ça, tous les jardins, ces bandes vertes bien collées les unes aux autres, qui attendent que les doigts des rayons de soleil surgissent de derrière la voie ferrée et viennent les réanimer
faut que je trouve un truc qui me passionne réellement, un truc essentiel. Je ne peux pas n’être qu’une épouse, ce n’est pas moi. Je ne comprends pas comment les autres y arrivent ; il n’y a littéralement rien d’autre à faire qu’attendre. Attendre qu’un homme rentre à la maison et vous aime. Soit ça, soit partir à la recherche d’une distraction
ce sentiment permanent d’être désœuvrée, déboussolée, du fait que je passe trop de temps dans ma tête
Je n’ai jamais compris ceux qui peuvent écarter sans le moindre remords le mal qu’ils font autour d’eux en suivant leur cœur. Qui a dit qu’il était bon de suivre son cœur ? C’est de l’égoïsme pur, un besoin égocentrique de les avoir tous à ses pieds.
Je veux lui dire quelque chose mais les mots n’arrêtent pas de s’évaporer, de disparaître du bout de ma langue avant que j’aie eu le temps de les prononcer. Je sens leur goût, mais je ne saurais dire s’ils sont doux ou amers
J’attends que les souvenirs me reviennent. Parfois ça prend un peu de temps. Parfois ils surgissent devant mes yeux en quelques secondes. Parfois ils ne reviennent pas du tout.
J’arrive presque à voir, à distinguer les mots, mais le souvenir m’échappe une nouvelle fois. Je suis incapable de m’y accrocher. Chaque fois que je crois pouvoir le saisir, il recule dans les ténèbres, hors de portée.
J’ai l’impression de rentrer chez moi, et pas uniquement de retrouver une maison, mais de retrouver une maison d’enfance, un endroit abandonné dans une vie antérieure. C’est la familiarité qu’on ressent lorsqu’on gravit un escalier en sachant à l’avance quelle marche va grincer.
J’étais encore jeune, j’avais encore du temps devant moi, mais l’échec m’a enveloppée comme un linceul, il m’a submergée, m’a entraînée vers les profondeurs, et j’ai fini par abandonner tout espoir

Je ne crois pas aux âmes sœurs, mais il y a entre nous une compréhension comme je n’en ai jamais ressenti par le passé ou, en tout cas, pas depuis longtemps. Elle naît d’un vécu partagé, de deux personnes qui savent ce que c’est de vivre brisé.
les manques dans ma vie seront éternels. Il faut grandir autour d’eux, comme les racines d’un arbre autour d’un bloc de béton ; on se façonne malgré les creux.

Mais, à force de lire les témoignages de gens qui prétendaient avoir recouvré la mémoire grâce à l’hypnose, je me suis rendu compte que la réussite m’effrayait plus que l’échec.

Je n’avais pas envie d’avoir le son, mais j’ai bien été obligée de remonter le volume – pour ne plus entendre le silence résonner dans mes oreilles.

J’ai gardé ce secret si longtemps – une décennie, plus d’un tiers de ma vie. Ce n’est pas si simple, de le laisser s’évader maintenant. Mais je sais qu’il faut que je parle maintenant. Sinon, je n’aurai peut-être jamais le courage de dire ces mots à voix haute, je risque même de les perdre, ils pourraient se coincer dans ma gorge et m’étouffer dans mon sommeil.

Le truc, c’est d’arriver à se persuader qu’on va quelque part : choisir un lieu et commencer à marcher.

on dirait qu’il sombre peu à peu dans le matelas comme dans des sables mouvants

Vous avez besoin de quelque chose ?
— J’ai besoin de quelqu’un qui ne me répète pas : « Je te l’avais bien dit. »

Me voilà dans l’essaim du vendredi soir, une esclave salariée comme une autre dans ce troupeau épuisé, qui n’aurait qu’une hâte, rentrer chez elle pour s’asseoir dans le jardin avec une bière, dîner avec les enfants puis aller se coucher tôt. C’est peut-être à cause du gin, mais c’est fou comme c’est agréable de se laisser entraîner par la foule, au milieu de ces gens, les yeux rivés sur leur téléphone, cherchant leur carte de transport dans leurs poches.

Cela aide aussi de se concentrer sur d’autres sens que la vue. Les sons, les sensations… L’odorat est singulièrement important quand il s’agit de mémoire. La musique peut aussi être un outil puissant. Si vous pensez à un cas précis, une journée en particulier, vous pouvez envisager de refaire le chemin emprunté. Revenir sur le lieu du crime, comme on dit.

Donc vous savez ce qui s’est passé, mais vous n’arrivez pas à le sentir vraiment, c’est ça ? Vous voudriez pouvoir vous en souvenir vous-même, le voir et le vivre dans votre propre mémoire afin que… Comment aviez-vous formulé ça, lors de notre première séance ? Afin que ce souvenir vous « appartienne » ?

Il semblait un peu distrait, il devait songer à son emploi du temps de la journée – les réunions, les rendez-vous, qui, quand, où. Et j’étais jalouse. Pour la toute première fois, je lui enviais le luxe de devoir s’habiller correctement et quitter la maison pour s’affairer çà et là avec un but précis et la promesse d’un salaire.

5 Replies to “Hawkins, Paula « La Fille du train » (2015)”

  1. Je suis d’accord avec toi.

    Ce n’est pas le polar de l’été car pour avoir un bon polar, il faut du suspens. Or les personnages sont tellement peu sympathiques qu’il peut leur arriver n’importe quoi, on s’en fout. Et les problèmes d’alcool de Rachel m’ont exaspérée au plus haut point.

    Pourtant l’idée de départ était bonne mais elle aurait pu être mieux exploitée, notamment en travaillant davantage les différents protagonistes, histoire d’éprouver pour eux un minimum d’empathie.

  2. Annoncé comme le « meilleur thriller de l’été », je m’attendais également à beaucoup mieux, vu les différentes critiques et toute la promo faites autour de ce livre.
    Donc déception aussi pour ma part.
    Spielberg en a d’ores et déjà acquis les droits pour le cinéma … pas sûre que j’aie voir le film !!!!

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