Gimenez-Bartlett, Alicia « Un bateau plein de riz» (2008) 453 pages (Série Petra Delicado – tome 6)
Autrice: Alicia Gimenez-Bartlett née le 10 juin 1951 à Almansa, dans la province d’Albacete, est une romancière espagnole, notamment autrice de roman policier.
Elle vit depuis 1975 à Barcelone. Diplômée de Littérature et de Philologie Moderne, elle a enseigné pendant treize ans la littérature espagnole. Avant d’obtenir en effet un énorme succès dans son pays avec les romans Rites de mort et Le jour des chiens elle a publié plusieurs livres : Una abitacion ajena, évoquant le rapport difficile entre Virginia Woolf et sa femme de chambre, lui a valu en 1997 le prix Feminino Lumen pour le meilleur écrivain espagnol féminin. En 2011, Alicia Giménez Bartlett remporte le Prix Nadal pour son roman historique Donde nadie te encuentre, qui évoque la vie de Teresa Pla Meseguer, surnommée La Pastora, une hermaphrodite humiliée par un lieutenant de la Guardia Civil en 1949 qui s’engagea ensuite dans la guérilla anti-franquiste.En 2015, elle obtient le prix Planeta pour Hombres desnudos, un roman sur la prostitution masculine
Après le succès de ses romans, elle a pu se consacrer complètement à l’écriture.
La série qui amant en scène l’inspectrice Petra Delicato, a eu un énorme succès et a fait l’objet d’une série télévisée. Elle est traduite en six langues.
Série Petra Delicado : Elle crée ainsi le personnage de Petra Delicado, une femme inspecteur de police, héroïne de plusieurs romans policiers. Cette série, qui obtient un vif succès, est traduite en plusieurs langues et lui vaut plusieurs distinctions, dont le Prix Raymond Chandler en 2008. En 1999, une série télévisée adapte les enquêtes de Petra Delicado et de son inséparable compagnon, Fermín Garzón.
La série : Rites de mort 2000 (Ritos de muerte (1996) – Le Jour des chiens 2002 (Día de perros (1997) – Les Messagers de la nuit 2003 (Mensajeros de la oscuridad (1999) – Meurtres sur papier 2004 (Muertos de papel (2000) – Des serpents au paradis 2007 (Serpientes en el paraíso (2002) – Un bateau plein de riz 2008 (Un barco cargado de arroz (2004) – Un vide à la place du cœur 2019 Nido vacío (2007) – Le Silence des cloîtres 2012 ( El silencio de los claustros (2009) – Personne ne veut savoir 2015 (Nadie quiere saber (2013) – Crímenes que no olvidaré (2015) – Mi querido asesino en serie (2017) – Sin muertos (2020)
Rivages – Rivages Noirs poche – 14.01.2009 – 453 pages (Un barco cargado de arroz – 2004) traduit par : Olivier Hamilton – Johanna Dautzenberg)
Résumé :
Le corps sans vie d’un mendiant est découvert dans un parc de Barcelone au petit matin. L’homme a été battu à mort. Touchée par sa fin solitaire et sordide, l’inspectrice Petra Delicado est bien décidée à ne pas classer l’affaire. Elle découvre que, dans une autre vie, l’anonyme SDF avait été un être brillant. Un deuxième cadavre ne laisse bientôt plus de place au doute : Petra et son adjoint Garzon sont tombés sur une histoire dont ils n’imaginaient pas l’ampleur. Au fil des romans, le monde d’Alicia Gimenez Bartlett s’enrichit ; on retrouve les figures connues, tandis que d’autres dont leur apparition, telle la jeune policière Yolanda et un psy qui ne laissera pas Petra indifférente.
Entre le 87e district d’Ed McBain et les comédies de WoodyAllen, Alicia Gimenez Bartlett a trouvé un ton libre, caustique et fantaisiste qui fait d’elle l’une des plus originales représentantes du polar féminin.
Mon avis:
Tout commence avec la découverte d’un cadavre de SDF qui porte des bottes visiblement faites sur mesure…
Petra Delicado et Garzón , ce duo d’enquêteurs toujours en proie à leurs démons intérieurs va être chargé d’enquêter par le chef, Coronas. Et cette fois-ci on va fair la connaissance de nouveaux personnages : un psychiatre, le Dr Crespo (en charge des SDF pour les services sociaux ) et la jeune policière Yolanda, belle comme le jour.
Je poursuis ma lecture de cette savoureuse série espagnole qui se situe à Barcelone.
J’aime tout dans cette série. L’évolution des personnages (important de commencer par le début), les relations entre les personnages, le coté féministe de Petra et le coté bougon de Garzón, des personnages hauts en couleur, l’humour caustique et irrévérencieux qui caractérise cette série, les thèmes abordés, les coups de gueule, les coups de griffe, les coups de coeur… et la manière d’enquêter bien particulière de la petite équipe, la manière de présenter la ville de Barcelone, loin des zones touristiques. J’adore et je savoure!
Deux fois divorcée, Petra Delicado va-t-elle succomber au charme du Dr Crespo qui veut vivre en couple avec elle ? Même si il n’y avait pas d’intrigue, je crois que je ne pourrais pas résister … j’adore tellement le personnage de Petra! Mais comme en plus il y a une enquête et le décor… L’enquête patine mais avec le temps, des pistes se dessinent… Je reconnais que ce n’est pas sa meilleure enquête mais il y a tellement de situations et d’a coté savoureux que je pardonne tout. Sans oublier le coté social et les réflexions sur la vie, les relations de couple, la tolérance, le vieillissement, les rapports parents-enfants…
Extraits:
Que pouvait-il y avoir de mal à laisser courir une petite légende à mon sujet ? Avec un peu d’intelligence, j’aurais même pu l’utiliser à mon profit : Petra Delicado, la policière originale au passé sentimental sulfureux. Mais Garzón me le répétait assez : « Vous avez de plus en plus le caractère d’un général à la retraite, inspectrice.
Pourquoi ça n’irait pas ? Je n’ai jamais eu besoin d’une bonne raison pour être désagréable, non ?
— Jamais ! Là, vous marquez un point.
Les psychiatres ne pensent pas, inspectrice, nous sommes un mur blanc contre lequel rebondissent les maux des autres.
— Petra, arrêtez, on va croire que nous sommes amants.
— On a l’air d’un couple, ce qui est encore pire.
Son adaptabilité gastronomique faisait envie : ruminant discret face à une salade, il se transformait en fauve quand il s’attaquait à une juteuse pièce de viande grillée.
Vous pensez que ça peut être une piste ?
— Une piste de patinage alors, parce qu’on ne fait que ça pour l’instant, on patine.
Je n’ai jamais été très indulgente face aux défauts des autres, mais je l’étais encore moins face à des préjugés.
Qui a dit que les fous étaient fous à plein temps ? Qui a dit que nous, les sains d’esprit, ne connaissons pas des moments de pure folie ?
L’homme essaie d’oublier par n’importe quel moyen qu’il fait partie du monde animal et du coup on habille d’un peu de spiritualité tous les stades biologiques les plus basiques : l’amour, la paternité, la famille… charmantes tournures pour ne pas dire accouplement, reproduction, clan…
— Ça me va très bien comme ça ! Et si je vous dis que je n’aspire qu’à une vie animale ?
— Le désespoir demande trop d’énergie. En plus, il faut beaucoup de courage pour le ressentir profondément, et moi je n’en ai pas. Vous savez ce que je crois ? Je deviens de plus en plus lâche.
Je me rappelai qu’après avoir feuilleté mes photos de jeunesse, j’avais découvert que la grande différence entre hier et aujourd’hui se trouvait dans le regard. C’est là qu’on conserve les véritables cicatrices de l’âge, des désillusions, des victoires ou des défaites. Il n’existe aucun remède contre cela, aucune chirurgie plastique.
— Il va nous envoyer au diable.
— Mieux vaut être en compagnie du diable, qu’habité par le doute.
Lorsque c’est une femme qui manie la diplomatie et l’art de la politique, on appelle ça de la ruse.
Le problème c’est qu’on nous oblige à porter une étiquette : comprendre, accepter les différences… Des clichés, tout ça !
— Et pouvoir exercer son droit à la liberté aussi.
— Oui, c’en est un. Autrefois on parlait de la liberté en général, aujourd’hui, tout le monde en a sa propre définition. »
La phrase claqua dans mes oreilles comme un méchant coup de fouet. J’ouvris grand les yeux, consciente des étincelles qui en jaillissaient. Je lui parlai à voix basse, déchiquetant les mots avec mes dents : […]
— Épouser un psychiatre, ce doit être comme traverser l’Atlantique avec un prof de natation, ça peut toujours être utile.
Tous les ratés ont des rêves et ceux qui ont réussi des aspirations.