Dupont-Monod, Clara « La Passion selon Juette » (2007)

Dupont-Monod, Clara « La Passion selon Juette » (2007)

Autrice : Clara Dupont-Monod, née le 7 octobre 1973 à Paris, est une femme de lettres et une journaliste française. Clara Dupont-Monod fait des études littéraires. Elle a une maîtrise d’ancien français à la Sorbonne.
Ses romans : Eova Luciole, 1998 – La Folie du roi Marc, 2000 – Histoire d’une prostituée, 2003 – La Passion selon Juette, 2007 – Bains de nuit, avec Catherine Guetta (auteur), 2008 – Nestor rend les armes, 2011- Le Roi disait que j’étais diable, 2014, – La Révolte, 2018

Résumé: Juette est née en 1158 à Huy, une petite ville de l’actuelle Belgique. Cette enfant solitaire rêveuse se marie à treize ans dans la demeure de ses riches parents. Elle est veuve cinq ans plus tard. Juette est une femme qui dit non. Non au mariage. Non aux hommes avides. Non au clergé corrompu. Violente et lucide sur la société de son temps, Juette défend la liberté de croire, mais aussi celle de vivre à sa guise. Elle n’a qu’un ami et confident, Hugues de Floreffe, un prêtre. A quelles extrémités ira-t-elle pour se perdre et se sauver ? Car l’Eglise n’aime pas les âmes fortes.

Histoire: Sainte Ivette de Huy (également connue sous le nom de Juette), née à Huy en Belgique;  une veuve devenue recluse et mystique du XIIe siècle. Sa vie nous est connue grâce au chanoine Hugues de Floreffe. Elle est fêtée le13 janvier.

Mon avis: Belle langue, belle idée avec cette histoire racontée du point de vue de Juette et de celui du prêtre mais je ne suis pas rentrée dans le livre. Juette ne m’a pas attachée, le personnage n’a pas convaincu…Elle est féministe avant l’âge, contre la dureté des hommes et l’intransigeance de l’église, mais son comportement est calqué sur eux…

A rapprocher de : « Du domaine des murmures » de Carole Martinez ( voir article sur le blog); les deux histoires se situent à la même époque, et il s’agit de femmes poussées à épouser des hommes dont elles ne veulent pas et qui entrent en résistance. Mais de manière totalement opposée. Et le style est si différent. Juette est dure et je ne me suis pas attachée au personnage.

La critique du site evene : par Claire Simon

Avec ‘La Passion selon Juette’, Clara Dupont-Monod fait le pari de l’originalité en cette rentrée littéraire. Elle choisit pour intrigue l’histoire d’une enfant au 12e siècle, au coeur de l’agitation cathare.

Dans une société profondément régie par la foi catholique, la jeune Juette a du mal à trouver sa place, entre une foi intransigeante et un monde dominé par les hommes et la corruption. Mariée à 15 ans, devenir femme lui est insupportable, le sexe et l’enfantement la déchirent. A la mort de son mari, elle se libère des conventions. En se vouant totalement aux lépreux, elle trouve sa place et s’affirme telle qu’elle est. Forte de cette nouvelle assurance et de visions mystiques, elle va incarner une religion pure et dépouillée qui fera d’elle une sainte pour certains, une menace pour d’autres.

Le livre est un récit à deux voix, celle de Juette et de son ami prêtre, Hugues de Floreffe. Cette construction offre deux façons de vivre la religion et une belle réflexion sur la foi : l’auteur illustre avec brio le conflit entre une institution et des individualités, malgré tout ferventes. On saluera également le féminisme qui teinte l’histoire de Juette car, au-delà de la religion, c’est contre la soumission à des lois d’hommes qu’elle se bat. Malgré cela, ‘La Passion selon Juette’ n’est pas de ces livres qui vous transportent. Après tout, le pari était osé…

Extraits

Pourquoi fêter la fin de l’enfance ? On ne danse pas quand quelqu’un meurt !

J’ai longtemps cru que la solitude était une inclination du cœur. Un être seul était un incroyant. Il lui manquait la présence du Christ, seul capable de le délester de l’âme humaine. Aujourd’hui je comprends que la solitude est inscrite dans les lois du monde, au même titre que les feuilles des arbres ou le sang dans le corps. La solitude n’est pas un sentiment mais un élément organique. J’ai été vaniteux de croire que je pouvais y échapper.

Juette l’ignore mais elle me montre l’essentiel de la religion : cette part d’enfance qu’il faut porter en soi pour se montrer confiant et s’en remettre à une puissance supérieure.

Personne ne peut séparer la poésie de la violence. Elles sont les deux facettes d’un élan qui pousse à vivre et qu’il serait criminel de vouloir détruire. Les vrais fous, ce sont peut-être les esprits vertueux, comme ma mère. Ils effacent la vie, aveuglés par leur désir de ressembler aux anges.

A quoi servent ces grands édifices ? Il faut être stupide pour vouloir égaler le ciel. Croire en Dieu c’est déjà se construire sa propre cathédrale invisible. On n’a pas besoin de l’extraire de soi pour la planter sur un parvis.

J’ai peur de ces choses immuables, comme la pluie, la nuit qui tombe, la mort après l’amour, l’enfer après la mort.
S’il existe une éternité, c’est celle de la souffrance toujours répétée.

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