Miller, Marceau « Le Roman de Marceau Miller » (RLH2025) 400 pages

Auteur:
Probablement né en 1978, Marceau Miller serait scénariste pour la télévision et écrivain. Mais c’est la première fois qu’il écrit un roman sous ce nom. Il vit en France et retourne régulièrement près du lac Léman, région qui exerce sur lui une puissante fascination.

Editions de la Martinière -17.01.2025 –  400 pages – 

Résumé:
Dans les paysages splendides et dangereux du lac Léman, sous l’ombre des montagnes environnantes, un écrivain renommé meurt, laissant un manuscrit derrière lui. Il s’appelle Marceau Miller. Sa vie s’est bâtie sur un mensonge. Son dernier roman sera son aveu. Le roman de Marceau Miller, jouant avec le lecteur, se nourrit de personnages touchants et d’un décor envoûtant. Il pose la question de ce que valent nos existences, nos amitiés et nos amours quand la vérité change de camp. Et surtout : qui est vraiment Marceau Miller ?

« Je m’appelle Marceau Miller. Je suis un romancier à succès.
Demain, vous pourrez lire sur ma page Wikipédia, juste en dessous de la ligne “naissance” : “Décès : 16 mai 2021 (à 40 ans)”. »

Il y a des hommes qui remettent leur vie en jeu en permanence. Marceau Miller est de ceux-là. Hanté par le souvenir de sa sœur, disparue vingt ans plus tôt, il est devenu un écrivain à succès, à l’existence rêvée, en apparence. Mais que ce soit en pilotant son Savage Bobber ou en escaladant à mains nues les montagnes qui entourent le lac Léman, l’écrivain ne cesse de défier le danger.

Jusqu’à cette chute, dont il ne réchappe pas. Du sommet de la dent du Vélan, une silhouette contemple son corps fracassé au sol.

Sa femme, Sarah, est la seule à ne pas croire à un accident. Mais connaissait-elle vraiment l’homme avec lequel elle vivait ? En découvrant que Marceau a laissé derrière lui un ultime roman où il dévoile la vérité, elle se lance dans un jeu de piste vertigineux. Où est ce manuscrit ? Et qui est vraiment Marceau Miller ?

Déjà vendu dans une dizaine de pays, Le Roman de Marceau Miller a suscité un engouement mondial avant même sa parution en France, ainsi que l’intérêt de producteurs et de plateformes télévisuelles. Marceau Miller est scénariste et écrivain. C’est la première fois qu’il écrit un roman sous ce nom.

Mon avis: ❤️❤️❤️❤️❤️

Ma région, mon lac  : Le Lac Léman . Quand un roman se passe près de chez moi, j’aime toujours découvrir la région vue par quelqu’un d’autre. Et là ce n’est pas loin de chez moi ! Marceau Miller va nous entrainer dans les environs de Thonon-les-Bains ( plus largement entre Genève et Saint-Gingolph – toute la rive du lac Léman coté France). 

J’ai beaucoup aimé ce livre. Il y a tellement de sujets abordés et on va de surprise en surprise, de rebondissement en rebondissement. Il y a les secrets du passé, l’amour, le meurtre, l’amitié, les trahisons, les enquêtes de police, la maladie ( Alzheimer de la grand-mère), le deuil, les relations humaines entre amis et famille, trans-génerationnelles. Il y a le vieux gendarme à la retraite qui enquête toujours sur une disparition d’il y a vingt ans et qui pense que la mort de l’écrivain est liée à la disparition de sa soeur vingt and plus tôt. Il y a ceux qui pensent accident et les autres qui sont persuadés qu’il y a eu crime… Il y a la nature, la montagne, le lac… et je vous laisse partir à la recherche du manuscrit envolé… La peur, le doute, la suspicion, la défiance, le climat délétère  – au sens propre et au sens figuré – qui s’installe 
Un coup de coeur pour moi tant pour le coté thriller que le coté humain…
(voir signification du prénom Marceau en 1er commentaire)

Extraits:

C’est là que j’aime être, face au Léman, mon lac, comme s’il m’appartenait.

Il a déjà recollé tant de morceaux après des bonheurs brisés. Il me fait penser à cet art japonais qui répare les céramiques cassées, le kintsugi.

Je peux presque suivre du doigt les cicatrices d’or que ses souvenirs ont laissées en lui.

Un écrivain sans rituel est un écrivain mort.

On ne se voit pas souvent, mais avec lui, c’est comme si le temps avalait les blancs et la distance. Il est toujours là, fidèle, loyal.

La vie n’est qu’une succession de petits et grands accidents. Tout repose ensuite sur nos choix, face aux coups du sort.

Un écrivain qui n’a pas peur est un écrivain fichu. Il faut toujours écrire avec la passion par-dessus de la crainte.

Est-ce que c’est mal d’en vouloir à la planète entière quand tout se dérobe tout à coup sous vos pieds et qu’il ne reste qu’un tapis de mensonges vieux comme votre histoire ?

C’est à travers le regard de l’autre que l’on prend conscience de tout ce que notre corps et notre mental essaient de nous dire.

– C’est dangereux de replonger dans le passé. Si on s’en approche trop, on ne s’en défait jamais.

Toute vérité est-elle bonne à écrire ? Comment imaginer la portée d’un récit que je n’aurai jamais dévoilé de mon vivant ?

Les amitiés vraies se bâtissent sur les épreuves, pas sur des parties de plaisir. La nôtre, d’amitié, est de celles-ci : solide, inaliénable.

On a tous un jardin secret, plus ou moins grand.

Mais qui sait combien de temps ça dure, un secret ?

Elle m’a ouvert de nouveaux espaces à survoler, dont elle me racontait l’histoire. Elle était déjà un véritable livre ouvert, et je m’attachais à chacun de ses chapitres.

On a tous un arbre qui nous correspond quelque part. J’ai trouvé le mien après plusieurs années de vagabondages. La forêt est vivante, comme nous, mais avec une intelligence bien supérieure. Elle vit à son rythme. Elle s’adapte à l’environnement, quand nous, nous cherchons à adapter l’environnement. Nous ne percevons pas le centième des animaux qui rôdent autour de nous dans les bois, à moins d’y avoir été éduqués.

Nos sens sont rouillés par la civilisation. Notre toucher ne connaîtra bientôt plus que le contact des produits industriels. Les capacités primitives de notre odorat sont en sommeil, parasitées par les fragrances chimiques puissantes, qui trompent nos interprétations. Notre acuité visuelle se réduit et ne réagit plus qu’aux pixels, injection massive de lumière artificielle dans nos rétines, informations trompeuses pour notre cerveau. Nous avons perdu le contrôle de précieuses aptitudes – défenses et repères, surtout.

La vie n’est qu’une succession de petits et de grands accidents. Tout repose ensuite sur nos choix, face aux coups du sort.

Taire la vérité quand elle touche l’âme est le poison le plus lent et le plus toxique qui soit. Surtout quand les silences et les mensonges s’accumulent. Ils ne se cachent pas les uns derrière les autres : ils se font face, comme dans un palais des miroirs, démultipliant leurs reflets malfaisants à l’infini.

La trahison, le mensonge, ils ont le goût acide des fruits pas encore mûrs.

j’ai dû apprendre à vivre avec son fantôme. Car si l’âme s’échappe, les secrets perdurent. Ils laissent sans repos ceux qui restent.

Les arbres m’entourent comme de vieux amis, leurs troncs massifs me proposent un réconfort silencieux. Je ralentis pour poser ma main sur l’écorce rugueuse d’un chêne centenaire, laissant sa force tranquille m’ancrer dans le présent. L’air est chargé d’humus et de résine, odeurs familières qui me rappellent que la vie continue son cycle immuable, malgré nos drames humains. Une brise légère fait frémir les feuilles au-dessus de nos têtes, leur bruissement semble chuchoter des secrets que je redoute d’entendre. Et pourtant, comme toujours, la forêt m’apaise, sa présence millénaire diluant comme elle peut mon mal dans son souffle éternel.

Entre réalité et fiction, les frontières peuvent se confondre, jusqu’à s’y perdre – ou se trouver