Maupeu, Philippe « Sous les pas des chevaux selon Uccello » (RLH2023) 138 pages

Maupeu, Philippe « Sous les pas des chevaux selon Uccello » (RLH2023) 138 pages

Auteur: Né en 1970, Philippe Maupeu enseigne la littérature médiévale et la rhétorique de l’image à l’université Toulouse Jean Jaurès. Ses publications portent sur l’allégorie, l’autobiographie et les rapports entre texte et image à la fin du Moyen Âge, dans les manuscrits et les premiers imprimés.
« Sous les pas des chevaux selon Uccello » est son premier roman.

Éditeur : Ateliers Henry Dougier – Collection le roman d’un chef-d’oeuvre – 19.01.2023 – 138 pages

Résumé:
Mêlant récit romanesque et enquête historique, l’auteur raconte l’histoire d’un tableau célèbre.
À la fin des années trente du Quattrocento, dans son atelier de Florence, parmi les coffres et plateaux de bois peints, Paolo di Dono, dit Paolo Uccello (« Paolo l’Oiseau ») met la dernière main au triptyque de la Bataille de San Romano, commande de Cosme de Médicis célébrant la victoire quelques années plus tôt des illustres condottieri florentins contre Sienne et ses alliés.

Antonio, fils d’un boulanger du mercato vecchio, tout juste engagé par le maître, se rêve grand peintre mais est confronté à la réalité des tâches qui incombent au commis : nettoyage, confection des pinceaux, préparation de la tempera, des colles et des mordants. Au beau milieu de cette cuisine de la peinture, et dans l’ambiance à la fois laborieuse et potache de l’atelier de Paolo, le chaos de la Bataille de San Romano prend peu à peu forme aux yeux d’Antonio. Dans la forêt des piques et des lances, dans le tumulte des armes et des chevaux, se révèle l’ordre de cette « douce chose » qu’était la perspective – à ce qu’on dit – selon Paolo Uccello.
Conçu comme la prédelle d’un retable perdu, ce récit à double point de fuite réunit les spéculations d’un génie mélancolique et fantasque, et l’imagination impatiente d’un enfant apprenti.

Mon avis :
J’aime beaucoup cette collection et j’ai été ravie de me plonger dans la Florence du Quattrocento et dans le triptyque « la bataille de San Romano » d’Uccello. Le panneau représenté sur la couverture est celui du Musée des Offices de Florence – La défaite du camp siennois illustrée par la mise hors de combat de Bernardino della Carda.
Ce roman nous parle de l’art, de l’histoire de Florence à un moment précis, du rapport réalité/légende, de l’imagination…

Dans le roman on parle aussi des techniques : la détrempe, la peinture à fresco, la décomposition du mouvement, la perspective géométrique, le spolvero …
Un petit tour à Florence en compagnie de Paolo Uccello, à l’époque de Cosme de Médicis pour qui il peint la bataille des Florentins contre les Siennois à San Romano.

Nous allons suivre Antonio, un petit jeune qui entre comme apprenti dans l’atelier de Uccello et va apprendre ce qu’il appelle « la cuisine de l’art » – préparer les plâtres, cuire les colles, fabriquer des pinceaux, broyer les couleurs.  On suivra également Andrea, le principal assistant de Uccello.

La réalisation de la fresque, les impressions de vivre la bataille à travers la peinture, mais aussi les rêves du jeune apprenti.. J’ai beaucoup aimé ce roman historique centré sur la peinture d’une bataille…

Extraits:

Les lions, c’est le symbole de Florence, le marzocco,  dit sentencieusement Andrea, et les dragons infâmes, c’est Milan : la couleuvre des Visconti.

Il se trouva jeté parmi un enchevêtrement inextricable de chevaux, de cavaliers et de lances, une houle continue de têtes et d’encolures hérissée de piques et d’arbalètes qui semblaient taillées à même la lumière. Tout sollicitait son regard. Il n’y comprenait rien. C’était un vrai maquis de couleurs et de formes, et son œil se perdit d’abord dans les détails, les turbans aux motifs en damier noir et blanc que l’on nomme les mazzocchi, les selles, les licols des chevaux et leurs harnais cloutés d’or, la forêt des lances et des cimiers hauts comme des palmes dont les panaches ressemblaient à des corolles de fleurs noir et rouge.

Un tableau d’Uccello, c’est comme un puits. Si tu t’approches, accroche-toi bien : tu pourrais tomber.

La perspective à point central, avec ses droites rectilignes tracées au cordeau, lui faisait penser à un de ces filets de chasse que tendaient les oiseleurs. Il préférait les perspectives à points de fuite multiples, où l’œil vagabonde au lieu de tomber tout droit dans le panneau.

Un tableau n’était pas une fenêtre, une portion de l’espace. C’était un morceau de temps, un moment découpé sur la ligne du temps et qui s’avance là, comme un pan devant soi, avant que reprenne la cavalcade inexorable du temps.

En le raccompagnant chez son maître, il mit en garde Antonio, qui ne les connaissait que trop, contre les ravages du vin, tout en admirant comment l’ivrognerie d’un pauvre diable pouvait se changer, le temps d’un récit, en ivresse épique.

Quand la légende est plus belle que la réalité, peins la légende.

Le travail et l’observation. Toujours. Mais l’observation de la nature vue par le prisme des formes pures de la géométrie : la sphère, le tore, le cône. Y avait-il plus douce chose que la prospettiva ? 

Informations:

Paolo Uccello : (1397-1475) : Paolo di Dono di Paolo, dit Paolo Uccello, né en 1397 à Florence et mort en 1475 dans la même ville, est un peintre florentin de la Première Renaissance.

Il fait partie des peintres du Quattrocento ayant marqué l’histoire par sa maîtrise des nouvelles règles de la perspective. Tout d’abord apprenti chez Lorenzo Ghiberti entre 1407 et 1414 environ, il y fait la connaissance d’artistes de renom tels que Masolino, Donatello et Michelozzo. Il participe à cette époque aux finitions de la porte du Baptistère de Florence réalisées par ce dernier.
Après avoir reçu les formations de peintre, sculpteur, orfèvre et architecte, il rejoint en 1424 la Compagnie des peintres de San Luca et sera appelé un an plus tard à refaire les mosaïques de la basilique de San Marco (Venise) détruites par un incendie. En 1432 c’est à la réalisation du dôme de l’église Santa Maria del Fiore qu’il travaille. Il reçoit sa première commande monumentale en 1436 et réalise donc la fresque du Monument équestre dédié au condottiere anglais John Hawkwood. Tout au long de sa vie, il fait de ses recherches sur la perspective, une vraie passion allant parfois jusqu’à l’obsession. Cela lui vaudra les critiques de ses contemporains et son surnom, Uccello (« oiseau »), sans doute pour ses lubies et son étourderie, puisque l’on prête en Toscane aux oiseaux ce caractère obstiné.  (source Wikipedia)

sur le triptyque « La Bataille de San Romano »
La Bataille de San Romano est une œuvre du peintre Paolo Uccello, peinte vers 1438-1456, en trois panneaux (dispersés aujourd’hui) d’environ 3 × 2 m. Le peintre y donne libre cours à sa passion pour la perspective mathématique et les formes géométriques

L’œuvre est vraisemblablement commandée, entre 1438 et 1456, par Lionardo Bartolini Salimbeni (1404-1479) pour décorer, à Florence, la Camera Grande de son palais, ancien Corso degli Strozzi (aujourd’hui Via Monalda). À la fin du siècle, les trois tableaux sont saisis par Laurent de Médicis pour les installer dans son palais, le Palazzo Medici-Riccardi de Florence.

Les trois parties du triptyque sont maintenant dans trois endroits différents : la National Gallery à Londres, le Louvre à Paris et le Musée des Offices à Florence. (source Wikipedia)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *