Yagisawa, Satoshi « Retour à la librairie Morisaki » 2024 – 192 pages (Série «La Librairie Morisaki » tome 2)

Auteur: Auteur japonais né à Chiba en 1977, diplômé de l’université de Nihon.
Série «La Librairie Morisaki » : « La librairie Morisaki » (tome 1) – « Retour à la librairie Morisaki » (tome 2)
Hauteville Editions – 04.09.2024 – 192 pages / Hauteville Editions Poche – 07.01.2026 – (traduit par Anne-Claire Leroux)
Résumé:
Bienvenue dans le quartier de Jinbôchô à Tokyo. C’est un endroit un peu étrange où la plupart des enseignes sont des librairies. Celle de mon oncle était une vieille bâtisse en bois à un étage, dont la façade polie par le temps criait « librairie d’occasion ». L’intérieur était étroit et on aurait eu du mal à y faire entrer plus de cinq clients à la fois. J’avais franchi son seuil pour la première fois il y a trois ans de ça.
Les jours s’écoulent doucement à la librairie Morisaki. Chaque fois qu’elle en a l’occasion, Takako vient y aider son oncle et côtoyer les habitants de Jinbôchô. Elle sait qu’une librairie n’est pas uniquement peuplée de livres, mais aussi des âmes qui y trouvent un refuge. Pour remercier son oncle de sa générosité, Takako lui offre un séjour dans des sources thermales. La voici, pour un temps, responsable des lieux. Elle invite alors son ami Wasada, espérant officialiser leur relation. Mais il n’a pas assez de temps pour elle, accaparé par son projet de roman. Existe-il, cependant, meilleur endroit que la librairie Morisaki pour partager leur amour… et surtout celui des livres ?
Mon avis :
C’est un moment de lecture plaisant, une petite déception après la lecture du tome 1 comme c’est souvent le cas dans les suites. En effet il n’y a plus la découverte du quartier de Jinbôchô à Tokyo. Les livres sont un peu en retrait dans ce tome au profit des relations humaines, mais ils sont quand même présents.
Le rythme est lent comme souvent dans les romans japonais. Il ne se passe pas grand chose ; les sujets du deuil et de l’absence sont traités avec beaucoup de pudeur et de subtilité.Il y a aussi comme thème très important la peur de faire confiance et la peur d’aimer, le manque de confiance en soi, la peur de souffrir et faire souffrir, le repli sur soi-même, la fuite dans la lecture, dans l’imaginaire des autres..
J’ai énormément apprécie le personnage de Momoko, la femme du libraire, qui était peu présente dans le tome précédent.
Extraits:
La lecture avait commencé à influencer ma vie jusque dans cet aspect-là. Toutes les formes d’amour que j’avais pu découvrir au fil des pages m’avaient fait encore plus comprendre l’importance de mes propres sentiments.
— Dis donc ! Ce n’est pas tous les jours qu’on entend ça ! Le ciel va sûrement nous tomber sur la tête.
— Toutes mes excuses s’il pleut !
Qui sait ? Le ciel allait peut-être nous prendre au mot.
Seul un chat déteste plus l’eau qu’un livre.
Les étagères étaient pleines à craquer. Elle aurait presque pu ouvrir sa propre librairie d’occasion. Explorer la bibliothèque de ses amis tient du bon sens
Quand je suis triste, je lis. Pendant des heures. En lisant, mon cœur affolé se calme… Et personne n’est blessé quand je suis plongée dans une histoire…
Tu ne trouves pas que c’est égoïste d’exiger de l’autre qu’il ouvre son cœur si tu ne lui rends pas la pareille ?
Alors que j’étais en train de réfléchir à la manière de m’adresser à elle, il avait cherché le meilleur moyen de la rassurer. Il ne servait à rien d’essayer de forcer une porte fermée intentionnellement. Il fallait attendre qu’elle s’ouvre de l’intérieur.
Même s’ils trouvent ça simplement étrange au début, les gens se lassent de quelqu’un comme moi… Donc j’ai toujours eu tendance à garder les autres à distance. Mon appartement était dans un état épouvantable la première fois, non ? Je trouve que ça me représente assez bien. J’ai beau trouver des techniques pour faire bonne figure, au fond je suis en pièces, et il n’y a rien à faire.
— Se remémorer ses souvenirs lui est insupportable pour le moment, a déclaré Wada. Mais un jour viendra où ce sont justement ces souvenirs accumulés qui en feront un endroit important pour lui.
« Les hommes oublient beaucoup de choses. Vivre, c’est oublier. Mais les émotions laissent une trace indélébile, comme les vagues sur le sable. »
Image : le quartier de Jinbôchô à Tokyo (quartier des bouquinistes)