Kessel, Joseph « La vallée des rubis » (1955) 256 pages

Kessel, Joseph « La vallée des rubis » (1955) 256 pages

Auteur: est né en Argentine le 10 février 1898. Fils de Samuel Kessel, médecin juif d’origine lituanienne (à l’époque en Russie impériale) qui vint passer son doctorat à Montpellier, puis partit exercer en Amérique du Sud, Joseph Kessel vécut en Argentine ses tous premiers mois, pour être emmené ensuite de l’autre côté de la planète, à Orenbourg, dans l’Oural, berceau de sa mère (née Lesk), où ses parents résidèrent de 1905 à 1908, avant de revenir s’installer en France.

Collection Blanche Gallimard – 1955 – 1973 – 280 pages / Folio – 24.02. 1994 – 256 pages

Résumé:
Plus secrète que La Mecque, plus difficile d’accès que Lhassa, il existe au cœur de la jungle birmane une petite cité inconnue des hommes et qui règne pourtant sur eux par ses fabuleuses richesses depuis des siècles : c’est Mogok, citadelle du rubis, la pierre précieuse la plus rare, la plus chère, la plus ensorcelante. Mogok, perdue dans un dédale de collines sauvages par-delà Mandalay. Mogok autour de laquelle rôdent les tigres. La légende assure qu’aux temps immémoriaux un aigle géant, survolant le monde, trouva dans les environs de Mogok une pierre énorme, qu’il prit d’abord pour un quartier de chair vive tant elle avait la couleur du sang le plus généreux, le plus pur. C’était une sorte de soleil empourpré. L’aigle emporta le premier rubis de l’univers sur la cime la plus aiguë de la vallée. Ainsi naquit Mogok…

Mon avis :
Cela faisait des années que je n’avais plus lu cet auteur que j’aime beaucoup (mention particulière pour « les mains du miracle ») et j’ai adoré cette lecture, ce récit de voyage de Joseph Kessel  à Mogok, en Haute Birmanie, à Mogok plus précisément , qui se situe dans une région éloignée, une région dangereuse pour les locaux et pour les voyageurs. Mogok où il y a 3 hommes blancs en tout et pour tout (3 vieillards extraordinaires et 17 blancs dans toute la Haute Birmanie depuis le départ des britanniques et l’indépendance de la Birmanie et les conditions de vie est très rudimentaires.
Moi qui aime la gemmologie , j’en ai appris beaucoup sur les pierres précieuses et semi-précieuses, que ce soit sur leur extraction, la taille, les couleurs… Depuis des siècles la méthode d’extraction n’a pas changé…
Au départ de Paris, prenons avec Kessel et son ami Jean le vol Air India et partons pour la Birmanie, via l’Inde pour rentre visite à son ami et associé Julius. Première escale : Bombay et nous avons la chance d’arriver le jour de la fête de Shivaratri (commémoration du mariage de Shiva et Parvati); nous allons aussi y voir le Gange et les brasiers funéraires entre autres choses.  Puis direction Extrême Orient avec arrivée en Birmanie. La Birmanie, ses tribus qui vivent encore comme à l’âge de pierre. On y arrive à bord d’un Dakota, on prend la route à travers un univers hostile, on y croise des éléphants qui charrient du bois… pour rejoindre Mogok, ville des rubis et des saphirs. Découvrir ce qu’est le bayon qui est considéré comme un bien national.
Cet endroit est une mosaïque de tribus et de cultures : « Birmans purs et Chans, et Karens et Chins, et Palaungs et Lishaws, et Mainghtows, et les Chinois de toutes les provinces de la Chine immense, et les Indiens de l’Inde aux tribus sans nombre, et les métis de tous les sangs ! Et deci delà, des Siamois, des Persans, des Laotiens, des Arabes. »; on va découvrir les légendes, les coutumes, les traditions, les techniques ancestrales, le mode de vie des habitants.
On va rencontrer des personnages hauts en couleur.  On va se rendre aussi dans des marchés locaux comme celui de Tchaïpin , on va passer par une fumerie d’opium…
Et bien sur, comme Jean est le spécialiste incontesté des pierres précieuses de Paris, on va négocier l’achat de rubis, de saphirs….
Une lecture passionnante, un dépaysement total, une aventure hors du commun. Je vous laisse en très bonne compagnie pour ce voyage hors du temps…

Extraits:

Tous les rubis dont parlent les textes les plus anciens, le Coran, le Cantique des Cantiques, les annales de la Chine et les sagas des Indes, tous ceux dont se sont parés depuis des temps immémoriaux princes, rois et empereurs, tous ceux qui ont enorgueilli diadèmes, tiares et couronnes, tous ceux que dissimulent encore les trésors des rajahs, tous jusqu’au dernier, jusqu’au plus antique, ils sont venus de Mogok.

Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même. On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues…

Le bazar hurlait de toutes ses clameurs, de toutes ses couleurs. Nous allions parmi les ballots de soie tissée et brodée, les cotonnades éclatantes, les saris translucides, les bois odorants, les buissons de fleurs, les figures attribuées, depuis des siècles et des siècles, aux déesses et aux dieux. Et le bazar, comme toujours et partout à Bombay, le bazar tout entier – marchands, étalages, ruelles et passages – était noyé, submergé par une foule profonde, innombrable, bariolée, tumultueuse où se mêlaient l’opulence et la misère, les étoffes les plus riches et la nudité.

Rien n’est plus émouvant que le premier échange avec une capitale exotique dont on ne sait rien, sinon par les récits et les livres. On ajuste avec bonheur ces notions abstraites à l’éclatante vie que découvrent les yeux. 

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