Kasischke, Laura « Les revenants » (2011) 663 pages

Autrice : Née le 5.12.1961, Laura Kasischke à Grand Rapids dans le Michigan, est une poétesse, nouvelliste et romancière américaine. Elle a étudié à l’Université du Michigan, elle a gagné de nombreux prix littéraires pour ses ouvrages de poésie ainsi que le Hopwood Awards ; elle a également reçu les Bourses MacDowell et Guggenheim. Ses poèmes ont été publiés dans de nombreuses revues. Laura Kasischke vit aujourd’hui dans le Michigan, où elle enseigne l’art du roman au Residential College de l’Université de Ann Arbor.
Ses romans : A Suspicious River (1999) – Un oiseau blanc dans le blizzard (2000) – La Vie devant ses yeux (2002) – Rêves de garçons (2007) – À moi pour toujours (2007) – La Couronne verte (2008) – En un monde parfait (2010) – Les Revenants (2011) – Esprit d’hiver (2013)
Recueil de nouvelles: «Si un inconnu vous aborde» (2017) – Eden Springs (2018)
« La Vie devant ses yeux » et « A suspicious river » ont été adaptés au cinéma. « Esprit d’hiver » a reçu, en 2014, le Grand Prix des Lectrices de Elle.
Christian Bourgois – 15.09.2011 – 587 pages / Livre de poche – 03.01.2013 – 663 pages Eric Chédaille (traducteur)
Résumé:
Une nuit de pleine lune, Shelly est l’unique témoin d’un accident de voiture dont sont victimes deux jeunes gens. Nicole, projetée par le choc, baigne dans son sang, et Craig, blessé et en état de choc, est retrouvé errant dans la campagne. C’est du moins ce qu’on peut lire dans les journaux mais c’est une version que conteste Shelly. Un an après, Craig ne se remet toujours pas. Il ne cesse de voir Nicole partout.
Serait-il possible que, trop jeune pour mourir, elle soit revenue ?
La presse:
« Les Revenants est une perle rare : un roman littéraire servi par une prose splendide, aussi efficace que les grandes fresques que l’on dévore d’une traite, un défilé de créatures et de situations angoissantes. C’est comme si Les raisins de la colère avaient été réécrits par H. P. Lovecraft ». Chicago Tribune
« L’écriture de Kasischke agit comme celle d’un bon poème : elle nous laisse entrevoir la possibilité d’un autre monde et nous y transporte…
Ses mots nous projettent sur une autre facette de l’existence, tout en reflets ». New York Times Book Review
« La menace plane sur chacune de ses histoires, sans que l’issue soit jamais celle que l’on pressentait. A coups de symboles discrets, de descriptions à l’acuité troublante, Laura Kasischke épand du rouge sang sur la blancheur immaculée des apparences, et la tension monte, sans que l’on puisse jamais la conjurer ».
Sabine Audrerie, La Croix
Mon avis: Petit à petit je continue à lire les romans de cette autrice que j’aime beaucoup. C’est le huitième et j’aime toujours autant. Et j’aime son écriture.
Un séminaire intitulé « La mort, mourir, et les non-morts »; une plongée dans les superstitions et pratiques funéraires, les morts qui rentrent et sortent de leurs tombes en parfait état, et provoquent d’autres morts, le folklore qui entoure les défunts, ( on y parle de la Serbie du XVIIIüme, du vaudou en Haiti…), de zombies, de thanatopraxie…
On explore le monde des universités, des associations d’étudiants (fraternités, sororités) avec des traditions et des cérémonies secrètes qui leur sont propres… Et ça fait froid dans le dos …
On apprend que dans la plupart des Universités il y a des endroits qui ont la réputation d’être hantés ( comme ici une salle d’étude ou un bâtiment )
Tout commence par un accident de voiture. Une jeune fille, Nicole est déclarée morte, son ami qui conduisait est accusé de l’avoir tuée. Il ne se rappelle de rien et est hanté par le fantôme de la jeune fille dont il était follement épris. Il y a eu un témoin de cet accident, mais personne ne veut entendre sa version des faits… Elle va insister pour témoigner et cela va lui causer bien des problèmes.. La jeune fille, Nicole, avait 18 ans et faisait partie d’une « sororité » du campus.
Une sororité très importante « Oméga Thêta Tau ». Et cette sororité va rendre la vie impossible – voire pire – à touts celles et tous ceux qui s’intéressent un peu trop à ce décès. Il fait pas bon poser des questions …
Je ne veux pas vous en dire davantage. Le suspense est présent tout au long du roman et les relations entre étudiants et professeurs pour le moins étranges…
Comme l’autrice sait si bien le faire, elle va nous parler des rapports entre adolescents, entre parents et enfants, entre adolescents et adultes… . Le tout dans une ambiance opaque, en adéquation avec une météo d’hiver …
Une fois encore je me suis laissée envelopper dans le noir et le brouillard, dans un univers fait d’ombres, de mensonges, de mystères…
Extraits:
Mon fiston, son problème, c’est qu’il a toujours un avis sur les choses avant même de les avoir vues.
En vérité, un arbre pétrifié ne ressemblait en rien à un arbre.
Ce tronc vieux de plusieurs millions d’années paraissait recouvert de diamants, saupoudré de gemmes roses et vertes. Comme si en l’ensevelissant la cendre volcanique l’avait, d’arborescent, transformé en quelque chose de céleste. La pression, le temps et l’isolement de la mort avaient complètement altéré sa nature. L’avaient rendu éternel. En avaient fait non pas seulement de la pierre, mais aussi de l’espace.
ce brouillard qui l’avait enveloppé après l’accident et qui avait duré des mois pour se dissiper mystérieusement en juillet dernier, quand à son réveil un beau matin il avait su de nouveau qui et où il était.
(…) parviendrait-il jamais à se défaire de cette impression que l’autre monde, celui où il avait séjourné plusieurs mois, était toujours là ? Et que, dans ce monde, les animaux parlaient, mais pas avec la bouche ? Que si on y regardait fixement l’herbe, elle vous balançait des messages dans le vent ?
« Dans certaines cultures, on ne doit pas prononcer le nom du défunt, parce que l’âme pourrait entendre son nom et se mettre en quête de son corps. Ou, pire, le corps pourrait se mettre en quête de son âme.
» Du reste, la pratique de la crémation, qui nous paraît être une des façons les plus modernes de traiter la dépouille mortelle, trouve là son origine. Si le corps est réduit en cendres, il ne peut y avoir de réincarnation, de retour.
vous savez, morgue vient d’un mot français qui signifie à la fois “regarder solennellement” et “braver”.
il comprit qu’elle s’apprêtait à poser la tête sur son épaule ou à nicher le visage contre sa poitrine. Il s’agissait d’un truc de Kant sur la manière dont l’esprit humain ordonne subjectivement le réel. La vieille barbe avait appelé cela le « caractère relatif et flottant de la connaissance humaine ».
Il y avait dans l’atmosphère une immobilité qui faisait paraître la neige plus froide et plus enveloppante que d’ordinaire.