Khadra, Yasmina « L’attentat » (2005)

Khadra, Yasmina « L’attentat » (2005)

Auteur : Yasmina Khadra (en arabe : ياسمينة خضراء) est le nom de plume de l’écrivain algérien Mohammed Moulessehoul (en arabe : محمّد مولسهول), né le 10 janvier 1955 à Kenadsa, dans l’actuelle wilaya de Bechar dans le Sahara algérien. Ce pseudonyme est composé des deux prénoms de son épouse. Consacré à deux reprises par l’Académie française, salué par des prix Nobel (Gabriel Garcia Marquez, J. M. Coetze, Orhan Pamuk), Yasmina Khadra est traduit dans une cinquantaine de pays et a su toucher des millions de lecteurs. Adaptés au théâtre (en Amérique latine, Europe et Afrique) et en bandes dessinées, certains de ses livres sont aussi portés à l’écran (Morituri ; Ce que le jour doit à la nuit ; L’Attentat). Les Hirondelles de Kaboul est en cours de réalisation en film d’animation par Zabou Breitman. Yasmina Khadra a aussi co-signé les scenarios de La Voie de l’ennemi, avec Forest Whitaker et Harvey Keitel, et de La Route d’Istanbul, tous deux réalisés par Rachid Bouchareb. Ce que le jour doit à la nuit a été adapté au cinéma par Alexandre Arcady en 2012. L’Attentat a reçu, entre autres, le prix des Libraires 2006 et a été traduit dans 36 pays. Son adaptation cinématographique par Ziad Doueiri est sortie sur les écrans en 2013. À 63 ans, Yasmina Khadra prône l’éveil à un monde meilleur, malgré le naufrage des consciences et le choc des mentalités.

Ses principaux écrits : Le Dingue au bistouri, 1990 – La Foire des enfoirés, 1993 – Morituri, 1997 – L’Automne des chimères, 1998, – Double blanc, 1998 – À quoi rêvent les loups, 1999 – Les Agneaux du Seigneur, 1998 – L’Écrivain, 2001 – L’Imposture des mots, 2002 –  Les Hirondelles de Kaboul, 2002 – Cousine K, 2003 – La Part du mort, 2004  – La Rose de Blida, 2005 – L’Attentat, 2005 – Les Sirènes de Bagdad, 2006 – Ce que le jour doit à la nuit, 2008 – L’Olympe des infortunes, 2010 – L’Équation africaine, 2011 –  Les anges meurent de nos blessures 2013 – Qu’attendent les singes 2014 – La Dernière Nuit du Raïs 2015 – Dieu n’habite pas La Havane 2016 – Ce que le mirage doit à l’oasis 2017 – Khalil  2018

Résumé :
Dans un restaurant bondé de Tel-Aviv, une femme fait exploser la bombe qu’elle dissimulait sous sa robe de grossesse. Toute la journée, le docteur Amine, Israëlien d’origine arabe, opère à la chaîne les innombrables victimes de cet attentat atroce. Au milieu de la nuit, on le rappelle d’urgence à l’hôpital pour lui apprendre sans ménagement que la kamikaze est sa propre femme.

Il fallait l’audace rare de Yasmina Khadra pour oser aborder un tel sujet. Dans ce roman extraordinaire, on retrouve toute la générosité d’un écrivain qui n’en finit pas d’étonner par son imaginaire et son humanisme.

Mon avis : 13 novembre 2015.. En ce jour noir sur Paris, je ne peux que remonter ce sujet.. sur ce livre que j’ai lu il y a plusieurs années et qui est toujours resté imprimé dans ma mémoire.

Un arabe nationalisé israélien , chirurgien, rentre chez lui après avoir travaillé jusqu’à l’épuisement suite à une attaque kamikaze dans un resto.
A peine rentré, il est rappelé par les flics pour identifier un corps. C’est celui de la terroriste kamikaze qui s’est fait sauter dans le fast-food, sa femme…
Pour le moment il est soupçonné d’y être mêlé et lui refuse que sa femme puisse être une meurtrière… Toujours une écriture violente, avec des phrases qui décrivent parfaitement un état d’esprit. Toujours aussi fort.
Magistral. Pourquoi devient-on kamikaze… Et jusqu’à la fin c’est mené de main de maitre. ce n’est pas de la violence avec du sang.. non .. tout joue sur la violence des sentiments, de la compréhension et de l’incompréhension…

Extraits:

Quelle fierté peut-on tirer lorsqu’on envoie des gens mourir pour que d’autres vivent libres et heureux?

Quand les rêves sont éconduits, la mort devient l’ultime salut…

On peut tout te prendre; tes biens, tes plus belles années, l’ensemble de tes joies, et l’ensemble de tes mérites, jusqu’à ta dernière chemise- il te restera toujours tes rêves pour réinventer le monde que l’on t’a confisqué.

« Si ma femme s’est donné la mort, c’est la preuve que je n’ai pas su lui faire préférer la vie. »

Mes larmes ont peut-être noyé mon chagrin, mais la colère est toujours là, telle une tumeur enfouie au tréfonds de moi, ou un monstre abyssal tapi dans les ténèbres de son repaire, guettant le moment propice de remonter à la surface terrifier son monde.

Tous les drames sont possibles lorsqu’un amour-propre est bafoué. Surtout quand on s’aperçoit qu’on n’a pas les moyens de sa dignité, qu’on est impuissant. Je crois que la meilleure école de la haine se trouve à cet endroit précis. On apprend véritablement à haïr à partir de l’instant où l’on prend conscience de son impuissance. c’est un moment tragique; le plus atroce et le plus abominable de tous.

Il n’y a que deux extrêmes dans la folie des hommes. L’instant où l’on prend conscience de son impuissance, et celui où l’on prend conscience de la vulnérabilité des autres.

Mais un attentat reste un attentat. A l’usure, on peut le gérer techniquement, pas humainement. L’émoi et l’effroi ne font pas bon ménage avec le sang-froid. Lorsque l’horreur frappe, c’est toujours le cœur qu’elle vise en premier.

En une fraction de seconde, le ciel s’est effondré, et la rue, un moment engrossée de ferveur, s’est retrouvée sans dessus-dessous. Le corps d’un homme, ou bien d’un gamin, a traversé mon vertige tel un flash obscur. Qu’est ce que c’est?…
Une crue de poussière et de feu vient de me happer, me catapultant à travers mille projectiles. j’ai le vague sentiment de m’effilocher, de me dissoudre dans le souffle de l’explosion…

« Celui qui te raconte qu’il existe symphonie plus grande que le souffle qui t’anime te ment. Il en veut à ce que tu as de plus beau : la chance de profiter de chaque instant de ta vie. Si tu pars du principe que ton pire ennemi est celui-là même qui tente de semer la haine dans ton cœur, tu auras connu la moitié du bonheur. Le reste, tu n’auras qu’à tendre la main pour le cueillir. Et rappelle-toi ceci : il n’y a rien, absolument rien au dessus de ta vie… Et ta vie n’est pas au-dessus de celle des autres. »

3 Replies to “Khadra, Yasmina « L’attentat » (2005)”

  1. [i]Les hirondelles de Kaboul[/i], [i]L’attentat[/i] et [i]Les sirènes de Bagdad[/i] : trois romans coup de poing lus il y a déjà quelques temps mais que je ne suis pas prête d’oublier.

    Je ne les ai pas encore complètement digérés d’ailleurs. C’est sans doute la raison pour laquelle je n’ai pas encore lu les autres romans de cet auteur. Mais j’y pense…

    1. tu peux lire sans avoir peur la merveille « Ce que le jour doit à la nuit »… l’écriture y est magnifique ( plus ciselée que dans l’attentat) et c’et un livre profond, émouvant et « solaire »… Une magnifique histoire d’amour, d’amitié, un regard sur l’histoire de l’Algérie, par un être déchiré entre 2 cultures…

  2. J’ai lu » l’attentat » en 2005 .très fort et très beau livre . »Ce que le jour doit à la nuit « ,magnifique et émouvant récit d’une grande tendresse fracturée par des incompréhensions douloureuses .J’ai aimé tous les livres de cet auteur ,je n’ai pas encore lu le dernier .

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