Perry, Anne : « Un traître à Kensington Palace » (2017)

Perry, Anne : « Un traître à Kensington Palace » (2017)

32 ème enquête de Thomas Pitt

Résumé : Londres, 1899. Tandis que son règne touche à sa fin, la reine Victoria veut s’assurer que son héritier, le prince de Galles, mène une existence irréprochable. Elle charge son confident John Halbert d’enquêter sur l’entourage du Prince, en particulier le riche Alan Kendrick, flambeur et séducteur impénitent. Mais lorsque le corps de John est retrouvé flottant dans une barque sur la Serpentine, la Reine n’a d’autre choix que de convoquer Thomas Pitt à Buckingham Palace pour lui confier une mission secrète : enquêter sur les circonstances douteuses de cette mort que tout le monde croit accidentelle.

Obligé d’élucider seul la plus épineuse de ses affaires, Thomas Pitt se retrouve impliqué dans une machination qui ne menace pas seulement la réputation d’un homme, mais aussi la sécurité de l’Empire.

Mon avis : Ah celui là je l’ai beaucoup aimé. Non seulement l’intrigue et le contexte politique sont passionnants mais surtout j’ai retrouvé la complicité des deux sœurs qui enquêtent en coulisses ! Le coté questionnement psychologique de Thomas se posant des questions sur l’impact moral de telles ou telles actions est aussi très intéressant et donne encore plus d’épaisseur à ce personnage qui devient de plus en plus attachant au fur et à mesure. Il a beau ne pas avoir confiance en lui car il se sent inférieur socialement à ses interlocuteurs, il compense largement par son intelligence et ses qualités. Et puis il y a son entourage qui est bien présent pour lui donner le petit coup de pouce quand il en a besoin….

 

Extraits :

Cela dit, bien sûr, si les gens savent que vous savez, vous n’avez aucun besoin de vous en servir. Le fait de savoir suffit.

Il n’a pas bougé, mais tout en lui s’est altéré. Il est devenu comme un oiseau de proie qui a repéré sa cible. Sans même élever la voix, en quelques mots, il a démoli cet homme. Puis, tout aussi rapidement, il est redevenu la gentillesse incarnée.

Il était aussi brillant et insaisissable que le mercure. Au moment où on pensait l’avoir compris, il vous échappait de nouveau.

Le pouvoir était une arme à double tranchant, car rares étaient les hommes capables de résister à la tentation de s’en servir.

il avait appris à ne pas offrir d’explications lorsqu’on n’en demandait pas.

Il semblait très ouvert, mais en réalité il était plutôt comme un de ces tombeaux égyptiens dont l’entrée est cachée derrière un mur bien lisse.
— Dans ce cas, qu’est-ce qui peut vous inciter à penser qu’il y a quelque chose derrière ? s’enquit Pitt innocemment.
— Quand on cherche des tombeaux secrets ?
Whyte arqua les sourcils et continua :
— Les mesures. Les espaces inexpliqués. L’intérieur et l’extérieur qui ne correspondent pas.
Pitt croisa son regard très bleu, se demandant combien de niveaux de lecture avait cette conversation. Whyte savait-il pertinemment qui il était ?
— Et vous croyez qu’Halberd avait en lui des espaces inexpliqués ? demanda-t-il avec curiosité.
— Et comment ! C’est en partie ce que j’aimais chez lui.
— Et les autres parties ?

L’important, ce n’est pas ce qui est dit. C’est le ton de la voix, ce que l’on tait. L’as-tu déjà oublié ?

Comme il était facile de tirer des conclusions irréfléchies alors qu’on ne savait rien du tout !

Bien entendu, nous avons parfois tendance à embellir nos souvenirs. Ils deviennent un peu plus tendres, un peu plus agréables chaque fois que nous les évoquons. Sans doute est-ce un réconfort dans les moments difficiles.

Avoir du pouvoir et être capable de ne pas s’en servir constituait à ses yeux une force admirable.

Il savait que, lorsque les gens racontent une histoire, ils se remémorent parfois non pas les faits, mais les termes dont ils se sont servis pour les relater.

Il déchiffrait les gens comme d’autres lisent un journal.

En dépit de l’éducation qu’il avait reçue, il ne possédait pas l’aisance d’un gentleman, la grâce et les manières que confère la naissance. Et il n’aurait jamais l’arrogance naturelle de qui se sait né pour diriger.

Était-elle devenue prévisible, tel un meuble favori dont on avait fini par supposer qu’il serait toujours là, dans la pièce qu’on préférait ? À quel moment s’apercevait-on subitement qu’il faisait bien triste mine ?

Pour survivre, il faut gagner plus d’argent qu’il n’en coûte de vivre. L’idéalisme peut venir après, une fois que la survie est assurée.

Comme le temps était insaisissable, aussi trompeur qu’un rai de lumière !

L’information était la matière brute de sa profession. La compréhension de la nature humaine, outre qu’elle était un sujet intéressant, intrigant, dérangeant, constituait un élément essentiel de son travail. Il aurait été beaucoup plus facile de s’autoriser à croire ce qu’on voulait et de garder ses rêves intacts.

Allait-il perdre son humanité à force de connaître des désillusions ?

… s’évanouirait comme la neige sous la pluie.
— Tu ne veux pas dire : « comme neige au soleil », plutôt ?
— Non. Le soleil ne fait pas toujours fondre la neige, tandis que la pluie, si. Tu devrais venir à la campagne plus souvent.

Les vérités déplaisantes ne disparaissent pas parce qu’on choisit de les ignorer.

Mais être veuve est toujours solitaire, car les gens ont peur de vous. Outre le fait qu’on leur rappelle que la mort peut frapper à tout moment, sans crier gare, et nous dépouiller de toutes nos certitudes, ils ne savent ni quoi dire ni comment aider, et ils font tout sauf se conduire normalement.

Au cours des siècles écoulés, ces liaisons avaient donné naissance à un certain nombre d’enfants illégitimes auxquels on donnait le nom de Fitzroy, du français « fils du roi ».

Se taire pour laisser triompher quelqu’un d’autre était un accomplissement plus important que de donner soi-même la bonne réponse.

Garder les mains propres ne valait pas une vie humaine. Ceux qui observent sans intervenir sont complices de ce qu’ils auraient pu arrêter et qu’ils ont choisi de laisser faire.

Apprendre à accepter la défaite sans en porter les marques faisait partie de la vie, même pour les enfants. Les adultes oubliaient parfois cela.

 

Perry Anne  – Série « Charlotte et Thomas Pitt : Toute la serie des « Charlotte et Thomas Pitt »

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