Nothomb, Amélie «Frappe-toi le cœur» (RL2017)

Nothomb, Amélie «Frappe-toi le cœur» (RL2017)

Auteur : nom de plume de la baronne Fabienne Claire Nothomb, née le à Etterbeek (Région de Bruxelles-Capitale, est une romancière belge d’expression française. Auteur prolifique, elle publie un ouvrage par an depuis son premier roman, Hygiène de l’assassin (). Ses romans font partie des meilleures ventes littéraires et certains sont traduits en plusieurs langues. Ce succès lui vaut d’avoir été nommée commandeur de l’ordre de la Couronne et d’avoir reçu du roi Philippe le titre personnel de baronne. Son roman Stupeur et Tremblements a remporté en 1999 le Grand prix du roman de l’Académie française. En 2015, elle est élue membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.

26ème roman d’Amélie

Résumé :   « Frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie. » – Alfred de Musset

Chroniques sur le blog : Avec régularité, elle est présente à chaque RL et moi je la suis ; «Pétronille» (08/2014) , «Le crime du comte Neville» (08/2015) , «Riquet à la houppe» (08/2016), «Frappe-toi le cœur» (08/2017), «Les prénoms épicènes» (08/2018). «Soif» (08.2019)   Et pour ces dernières Rentrées je suis aux anges car pas de romans japonisants que je n’affectionne pas particulièrement…

Mon avis :
Voici un commentaire étayé par une interview de l’auteur : Le titre est une phrase d’Alfred de Musset. Le cœur, c’est le thème central de ce livre que j’ai beaucoup apprécié ; certainement l’un de mes Amélie préférés ( mais il ne détrône pas « les Catilinaires »). Le cœur, symbole de l’amour fou, mais aussi symbole de la douleur, et cœur de la vie … Si le cœur s’arrête, c’est la fin et donc devenir cardiologue pour réparer les cœurs est une belle profession de foi pour une personne au cœur brisé…

Les prénoms ? Pour une fois ils sont beaux et normaux … Marie, Diane, Nicolas…

La mère : Marie. Une jeune fille qui va se retrouver enceinte à 19 ans. Elle est magnifique et tire son bonheur du fait qu’elle est jalousée de tous : pour sa beauté, pour le mariage qu’elle va faire … Elle EXISTE par la jalousie et l’envie des autres. Et au moment où elle va perdre sa suprématie, ou quelqu’un va lui piquer la vedette, le drame éclate. Le problème est que la beauté qui est sur le devant de la scène, c’est sa petite fille Diane. Dès le début cette petite gamine va catalyser sa haine, qui se traduira par une ignorance totale. Marie va tout simplement faire comme si elle était transparente, qu’elle n’existait pas…

La fillette ne comprend évidemment pas les raisons du comportement surprenant de sa mère et elle va se chercher des explications, essayer de trouver des raisons à ce manque total d’amour, à cette haine, mais ses raisonnements s’effondrent totalement à la naissance de sa petite sœur.  En effet pour Amélie, la question de la jalousie est partie intégrante de l’enfance ; quel enfant n’a pas demandé à sa maman ou à son Papa qui il ou elle préfère ? Difficile donc pour une fillette d’être totalement dépouillée de l’amour de sa mère. Même si elle en veut à sa mère, elle va finir par se persuader que c’est de sa faute. Elle finira par la fuir pour se protéger et se trouvera une mère de remplacement, qu’elle va aduler et diviniser… jusqu’au moment où elle se rendra compte qu’elle est pire que la précédente…

Extraits :

Il importait qu’elle ne se rendormît pas : c’était pour elle le seul moyen de s’assurer qu’elle n’avait pas rêvé.

Bref, la jalousie reposait sur une obsession de la compétition qui ne l’opposait pas uniquement aux femmes.

Tous les enfants prient sans forcément savoir à qui s’adresser.

Comment allait-elle continuer à vivre, étouffée qu’elle était par le sentiment d’une injustice démentielle ?

Ce qui brisait les cœurs, ce n’était pas la fin d’une histoire, mais la rapidité avec laquelle l’ex aimait à nouveau.

Si on formait les ingénieurs nucléaires comme on forme les cardiologues, ce serait tous les jours Tchernobyl. Quand même, il me semble que le cœur mérite autant de sérieux, sinon plus, que la radioactivité, non ?

elle avait déjà pu observer l’effarante capacité d’oubli des gens : ils oubliaient ce qui ne les arrangeait pas, ou plutôt, ils oubliaient quand cela les arrangeait, c’est-à-dire très souvent.

À quoi cela rimerait-il d’adresser des reproches à une personne incapable de s’analyser, à plus forte raison avec tant d’années de retard ?

Quel était cet écrivain qui disait que chaque existence se réduisait à un misérable petit tas de secrets ?

Mes parents ne se parlaient pas non plus. Comme je le faisais remarquer à ma mère, elle me dit : « Ma chérie, nous sommes mariés depuis trente ans. Que veux-tu que nous nous disions ? »

Elle travaillait tellement que le temps ne contenait plus de pulpe. Chaque jour était le trognon d’un jour et ce n’était pas elle qui en croquait la chair.

L’avantage de mépriser consiste à se sentir supérieur à qui l’on méprise.

One Reply to “Nothomb, Amélie «Frappe-toi le cœur» (RL2017)”

  1. Ma première impression : différent ! Marie, Diane, Olivia… Rien qu’en citant les prénoms des principaux protagonistes, on comprend que l’on sort de l’univers auquel Amélie Nothomb nous a habitués. J’ai trouvé le récit plus travaillé et la psychologie des personnages mieux développée que dans ses livres précédents. Pour moi, ce roman centré sur les relations mère-fille est l’un des plus aboutis de l’auteure.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *