Indridason, Arnaldur «Bettý» (2011)

Indridason, Arnaldur «Bettý» (2011)

Auteur : Arnaldur Indridason est né à Reykjavík le 28 janvier 1961. Diplômé en histoire, il est d’abord journaliste et critique de films pour le Morgunbladid, avant de se consacrer à l’écriture. Ses nombreux romans, traduits dans quarante langues, ont fait de lui un des écrivains de polar les plus connus en Islande et dans le monde, avec douze millions de lecteurs. Il a reçu le prix Clef de verre à deux reprises, en 2002 pour La Cité des jarres, et en 2003 pour La Femme en vert (également couronné par le Gold Dagger Award et le Prix des lectrices de Elle), le Prix du Polar européen Le Point en 2008 pour L’Homme du lac, le prix d’honneur du festival les Boréales en 2011, et le prix espagnol rba du roman noir en 2013 pour Passage des Ombres.

Douze de ses romans mettent en scène le personnage d’Erlendur Sveinsson, inspecteur de la police de Reykjavík. Plusieurs autres sont consacrés à des énigmes historiques ou des affaires d’espionnage. Dans la fascinante Trilogie des Ombres, il met en scène un nouveau couple d’enquêteurs, à l’époque de la « Situation », l’occupation américano-britannique de l’Islande à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Publication : 27/10/2011 – Nombre de pages : 214

Résumé : Dans ma cellule je pense à elle, Bettý, si belle, si libre, qui s’avançait vers moi à ce colloque pour me dire son admiration pour ma conférence. Qui aurait pu lui résister… Ensuite, que s’est-il passé ? Je n’avais pas envie de ce travail, de cette relation. J’aurais dû voir les signaux de danger. J’aurais dû comprendre bien plus tôt ce qui se passait. J’aurais dû… J’aurais dû… J’aurais dû…

Maintenant son mari a été assassiné et c’est moi qu’on accuse. La police ne cherche pas d’autre coupable. Je me remémore toute notre histoire depuis le premier regard et lentement je découvre comment ma culpabilité est indiscutable, mais je sais que je ne suis pas coupable.

Un roman noir écrit avant la série qui fit connaître le commissaire Erlendur.

Mon avis : Cela faisait longtemps qu’il était dans ma pile … Et puis, comme il a été récemment encensé par des personnes qui ont généralement un jugement auquel je me fie, je me suis lancée. Je dois dire qu’au départ cela m’a semblé bien longuet et que je me demandais bien pourquoi ce livre était si fabuleux… Et puis vers le milieu du livre… retournement de situation… je ne vais pas vous en dire plus… Roman psychologique, sans sang, surprenant… Si comme moi le debut ne vous convainc pas… continuez !  Vous ne le regretterez pas ! Machiavélique, Bettý, manipulatrice hors normes est aux manettes… et vous prendra dans sa toile… patiemment, méthodiquement, froidement…  Une construction de roman exemplaire ; le twist du milieu du roman est juste hallucinant…  Malheureusement tant la femme fatale que les autres protagonistes sont des personnages qui ne m’ont pas touché… je suis restée spectatrice de ce drame et l’absence d’empathie avec au moins un des personnages fait que ce roman, que je ne vais pas oublier, ne va pas être un coup de cœur. Trop glacé et pas assez « ressenti » pour moi …

Extraits :

Le pire, dans cet endroit, c’est le calme. Il règne un silence qui m’enveloppe comme une couverture épaisse. Tout est réglé comme du papier à musique.

Le pire, c’est le silence.

La solitude et le silence et tout ce temps qui n’en finit pas lorsqu’il ne se passe rien.

En réalité, je ne savais quasiment rien d’elle à ce moment-là, mais il y avait chez elle une telle absence de retenue et de timidité qu’il me semblait pouvoir tout lui dire, absolument tout ce que je voulais.

Elle avait un je ne sais quoi de sans retenue et d’immoral, et malgré ça de merveilleusement innocent.

Elle vivait dans l’instant présent. Le passé était derrière et n’avait aucune importance pour elle. L’avenir était un univers excitant en attente d’exploration et de conquête.

Je m’empêtrais de plus en plus dans sa toile. C’était notre lune de miel et elle m’aveuglait jusqu’à me cacher le soleil.

Lorsque je reviens en arrière et pense à nos discussions avant que tout ça ne se mette en marche jusqu’à atteindre le point de non-retour, il y a des phrases qui restent gravées dans ma mémoire et qui ressemblent à de petites mines antichar que je fais sans arrêt exploser en marchant.

Qu’est-ce qui vous rend aveugle et qui vous fait vous fourvoyer jusqu’au point de non-retour ? Qu’est-ce qui vous conduit à ignorer les signaux de danger, les erreurs, à refuser de voir ou de comprendre ce qu’on ne perçoit que lorsqu’on court à sa perte ? D’où vient ce grandiose refus ? Pourquoi fait-on le choix de ne pas voir les dangers alors qu’ils sont devant notre nez ? Est-ce que c’est ça, l’amour ? Est-ce que c’est pour ça que l’amour rend aveugle ?

Bien que je m’efforce d’éviter cela, je n’ai rien d’autre à faire pendant toutes ces longues nuits que de lutter contre mon propre ego qui est si fragile. Que de regarder en face les choses qu’il y a en moi et qui sont tellement bien enfouies que j’en ignorais même l’existence. Je ne les connais pas et je préfère n’en rien savoir.

Une question innocente peut recéler tellement de facettes différentes.

Donc, j’ai commencé à insister, comme par jeu. C’est souvent ainsi que les choses commencent. Comme par jeu.

Je n’ai jamais aussi bien connu une femme et pourtant, aucune ne m’a été autant étrangère. Elle a été pour moi comme un livre ouvert et en même temps une énigme absolument indéchiffrable.

– La question n’est pas de savoir ce que je veux, lui dis-je, mais ce que je suis.

Papa a eu le temps de faire ses adieux et de mettre ses affaires en ordre, et il a attendu pendant de longues nuits pleines de souffrance que la mort vienne le chercher. Il a réglé ses comptes avec la vie et même s’il n’était pas content d’avoir le dessous et de mourir, il savait qui était son ennemi.

 

(livre choisi pour le « challenge j’ai lu 2018 » ) : Un livre comportant un personnage LGBTQ+

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