Parot, Jean-François « Le prince de Cochinchine » (2017)

Parot, Jean-François « Le prince de Cochinchine » (2017)

Les Enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet ( XVIIIème siècle)

14ème enquête

1787 Nicolas Le Floch, en Bretagne pour la naissance de son petit-fils, fait l’objet d’un attentat. C’est le début d’une nouvelle enquête au cours de laquelle il va retrouver son ami de jeunesse Pigneau de Behaine évêque d’Adran venu négocier un traité d’alliance entre le roi de Cochinchine et la France. Dans un pays épuisé par le déficit grandissant et la faiblesse de Louis XVI – et alors que se profile une convocation des États-Généraux – des ennemis extérieurs soutenus par des complots intérieurs vont se mettre en travers des intérêts du royaume. Face à de multiples suspects, le commissaire aux affaires extraordinaires devra aussi rechercher l’auteur d’un meurtre mystérieux. Il affrontera les redoutables menées de puissances étrangères et surtout de la Triade, secte orientale liée aux adversaires du roi de Cochinchine. Il sera conduit à protéger le jeune prince Canh héritier du royaume d’Annam des menaces fomentées contre lui. Outre ses entours habituels, le héros des Lumières sera aidé par un étrange érudit jésuite, éclairé par Restif de la Bretonne et croisera Olympe de Gouges. Ainsi, une nouvelle fois Nicolas Le Floch, soutenu par la confiance du roi et par le soutien circonspect de Sartine, mobilisera ses amis pour résoudre de manière inattendue une intrigue haletante qui mélange affaires d’État et cas criminel. Il accomplira sa tâche avec succès non sans éprouver dans sa vie personnelle les états d’âme suscités par le passage du temps et les menaces de l’avenir.

Mon avis : Je me suis ruée dessus – comme toujours – mais je dois dire que ce n’est de loin pas mon préféré. Il est trop complexe, peu fluide, j’ai eu du mal parfois à m’y retrouver… Nous sommes en 1787 et la situation politique est bien instable, la vie du marquis de Ranreuil est menacée. D’ailleurs, devenu grand-père, j’ai trouvé que Nicolas devient plus mur, se pose davantage de questions sur son rang, son statut , sa position ; il analyse sa vie passée, présente et future et se pose bien des questions sur l’avenir de la France.

J’ai bien évidemment retrouvé avec plaisir Nicolas Le Floch, Noblecourt, Semacgus, Sartine et Bourdeau. Nicolas retrouve un de ses plus anciens amis et j’ai bien aimé en apprendre davantage sur la politique avec la Cochinchine …Jj’ai suivi la politique de l’époque avec intérêt, retrouvé le langage imagé de la Paulet, les recettes de cuisine…

 

Extraits :

« Il ne faut pas juger ce qui est possible et ce qui ne l’est pas selon ce qui est croyable et incroyable à notre sens. » Montaigne

J’ai chassé, plongé dans l’océan dans ma natureté, pêché…
— Oh, pour cela je vous fais confiance ! Il suffit de déplacer l’accent.

Ce fameux mur des fermiers généraux qui, murant Paris, rend Paris murmurant.

Les oreilles ont dû vous siffler. Nous chantions vos défauts.
— Je ne voudrais pas vous interrompre. Ce sont les travaux d’Hercule !

la victime candide d’une trame dans laquelle le vrai, le faux et le faux-semblant se mêlaient inextricablement.

la langue est souvent plus dangereuse que le poignard !

— Le roi a toutes les qualités du monde, sauf une : il ne sait pas vouloir.

il avance comme l’armée ottomane, deux pas en avant, un pas en arrière !

ses arguments avaient jeté le trouble dans son esprit qui, en dépit de sa malice, aimait les chemins débroussaillés.

À la cour, l’apparence n’est rien et seul compte le dessous des choses, comme les passages en bois brut derrière les chambres d’apparat.

Que déduis-tu de ces rencontres ?
— Que la raison nourrit l’intuition ; qu’il faut toujours considérer le plein pour remplir le vide et que ce qui n’est pas dit est plus important que ce qui l’est.

Au fond, quelle que soit la scène où tu parais, tu attires, comme l’aimant les poussières de fer, la sympathie et l’adhésion.

N’imaginez pas que je suis, moi encore jeune, une de ces vieilles sans pis éternelles qui n’ouïent rien et qu’on peut injurier et railler sans mesure.

Quelle curieuse alchimie, se disait-il, qu’il faille du charbon pour faire du diamant !

— Et Effendi ?
— C’est un titre de la Sublime Porte avec aga, cadi, chiaoux, tous connus à Constantinople à ce qu’il paraît pour leurs folies.

il n’en sera que plus attendri, comme le hareng dans son huile.

la plus subtile de toutes les finesses est de savoir feindre de tomber dans les pièges que l’on nous tend

je prenais toutes dispositions pour confondre les coupables de cette ténébreuse affaire et que j’allais de ce pas vous en distiller le détail, et voilà qu’à votre habitude vous apparaissez comme un diable hors de sa boîte, plein d’invectives et de soupçons. Chacun sait que vous préférez le ragoût achevé plutôt que sa préparation.

 

Sujet sur la Série Nicolas Le Floch

3 Replies to “Parot, Jean-François « Le prince de Cochinchine » (2017)”

  1. Quelle tristesse de quitter Nicolas Le Floch, pour toujours cette fois car son créateur à la si belle écriture n’est plus… 🙁

    De fait, le récit mêle des affaires bien complexes où retrouver le vrai du faux n’est pas facile. Et tout cela dans une ambiance de plus en plus lourde, nous sommes en 1787…

    Pas déçue du tout, au contraire… même si j’ai parfois dû relire quelques lignes d’avant afin de me remettre tout en tête 😉
    Vu les divers contextes évoqués, je n’ose imaginer le temps nécessaire à Jean-François Parot pour se documenter… Pfiouuu… quel travail… Et quel talent !

    Dans l’édition 10/18 Grands Détectives, parue en novembre 2018, figure une préface de la rédaction d’Historia que je n’ai pas, hélas, retrouvée quelque part sur la grande toile.
    Toutefois, en voici quelques petits extraits:

    « L’auteur avait déclaré qu’il se verrait bien écrire 24 opus de sa célèbre série, se permettant même d’imaginer un Le Floch sexagénaire, vivant sous l’Empire. Jean-François Parot nous laisse finalement 14 épisodes, ce Prince de Cochinchine venant clore de manière prématurée une des plus importantes séries en matière de littérature policière historique…
    … Nicolas restera l’éternel jeune homme qu’il est encore à l’aube de la cinquantaine. Seront ainsi épargnés au lecteur un véritable carnage et des disparitions forcément douloureuses. C’est qu’on devient sentimental à force de suivre et de voir évoluer sur près de 20 ans tout un univers de personnages récurrents, hautement sympathiques et respirant l’humanité, qui en viendraient presque à faire partie de la famille…
    … On sort de cette (dernière) enquête un peu sonné, toujours aussi surpris de constater le côté cyclique de l’Histoire de France, tant notre début de XXIe siècle semble résonner avec la fin du XVIIIe siècle… ».

    1. j’ai lu la « suite » des aventures de Nicolas Le Floch « le cadavre du Palais Royal » par Laurent Joffrin …, on n’y retrouve ni le Nicolas de Jean-François Parot, ni son style …, très déçue …, c’est un tort d’essayer de donner une suite à l’histoire d’un héros après le décès de son créateur …

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