Seskis, Tina «Six femmes» (2016)

Seskis, Tina «Six femmes» (2016)

Auteur : Tina Seskis a grandi dans le Hampshire, un comté anglais situé sur la côte sud de la Grande-Bretagne, où son père travaille pour British Airways et où sa mère exerce la profession de vendeuse.
Élevée avec un brin d’excentricité par des parents passionnés de voyages, elle parcourt les quatre coins du monde.
Avant de commencer à écrire, elle a étudié à l’Université de Bath, puis a travaillé pendant plus de vingt ans dans le marketing et la publicité digitale. Elle vit à Londres avec son mari et son fils. Partir (Le Cherche Midi, 2015) est son premier roman. Il est suivi en 2016 de Six femmes, paru chez le même éditeur.

Cherche-Midi (Le) – 10.03.2016 – 405 pages /Pocket – 16.03.2017 – 439 pages

Résumé : Elles sont six, se sont connues à l’université et se réunissent une fois par an pour un dîner, plus par habitude que par réelle amitié. Car, après vingt-cinq ans, leur parcours les a séparées et elles ont finalement aujourd’hui moins de secrets à partager que de choses à se reprocher. Cette année, les six ont organisé un pique-nique au bord de la Serpentine, la rivière de Hyde Park. Au fil des années, toutes ont connu des drames, adultère, veuvage, etc.

Certaines d’entre elles en ont trahis d’autres, les rancœurs et regrets se sont accumulés, et les secrets aussi. Au bord de la Serpentine, après plusieurs verres de vins, la tension monte peu à peu et les langues se délient, libérant leur poison. Un terrible événement va soudain faire tourner la soirée au cauchemar. La vie des anciennes amies ne sera plus jamais la même… Après Partir, Tina Sekis réussit un nouveau coup de maître avec ce thriller psychologique d’une intensité redoutable et d’une acuité psychologique rare.

Mon avis : « Siobhan l’étourdie, Natasha la fonceuse, Sissy l’indulgente, Juliette l’écorchée vive, Renée l’ironique, Camilla la mère poule », six femmes qui se sont connues à l’Université, il y a vingt-cinq ans et qui se retrouvent chaque année. Six amies – enfin il faut le dire vite – qui vont se retrouver pour leur pique-nique annuel. La tradition pour célébrer leur amitié, ou ce qu’il en reste… mais reste-t-il quelque chose ? Ce qui devait être un moment convivial va se transformer en cauchemar… Des souvenirs, certes, mais des rancœurs, des poids sur le cœur, des trahisons, des suspicions, des secrets enfouis depuis trop longtemps. Sous le coup de l’alcool, tout va sortir. Et tout va dégénérer…

Il y aura un avant et un après… enfin pas pour tout le monde… La vie des unes et des autres va être dévoilée, les mensonges et les secrets vont faire surface, les vies vont voler en éclat. Quand le vernis s’écaille, quand la façade tombe… la réalité est bien dure à affronter…

Après avoir lu ce livre, on voit les amitiés qui datent de l’enfance et les réunions sporadiques des anciens de l’école, de la fac d’un œil différent.

Petit clin d’œil à mes vieilles amies de toujours (qui se reconnaitront) : si je les fréquente toujours, c’est par plaisir et non en souvenir de notre jeunesse… On se fait un petit pique-nique au bord du lac prochainement ?

Extraits :

Ces fameux liens d’amitié n’existaient peut-être plus que dans sa tête. Si tel était le cas, à quoi bon s’évertuer à recréer sans cesse un passé révolu ?

Elle frémissait d’horreur à la perspective de manger tous les jours sur un plateau crasseux, en regardant des feuilletons sinistres comme Inspecteur Morse ou Arabesque, sans échanger un seul mot, dans une ambiance saturée de ressentiments tellement rances qu’il valait mieux les garder enfouis.

elle venait d’avoir vingt-deux ans et n’était sortie qu’avec un seul garçon avant lui, ce qu’elle estimait notoirement insuffisant pour toute une vie.

Mais elle aurait tout aussi bien pu être ailleurs. Ou nulle part. Son esprit vagabondait.

Il l’avait illuminée de l’intérieur, lui avait donné l’énergie, le courage d’être elle-même, d’exister un tant soit peu

Il y avait quelque chose dans leur petit groupe – peut-être du fait qu’elles la prenaient pour une incapable – qui renforçait sa maladresse naturelle, qui l’obligeait à se conformer à l’image qu’elles avaient d’elle depuis toujours, celle de la petite étudiante godiche.

Chose étonnante, être au courant de son infidélité la contrariait plus que la tromperie elle-même. Comment était-elle censée réagir ?

L’essentiel étant qu’elle n’en sache rien. Ce qu’on ignore ne peut vous blesser.

Pourquoi sa vie si parfaite vue de l’extérieur était-elle si toxique quand on la regardait de l’intérieur ?

Pourtant, à la longue, les techniques de manipulation, l’énergie négative qu’elle devait déployer pour vendre ses bouquins eurent raison de son équilibre nerveux.

Elle se demanda si leur belle amitié renaîtrait un jour. En cet instant, il était clair qu’elles avaient toutes besoin les unes des autres, d’une manière ou d’une autre. Peut-être leur amitié moribonde méritait-elle qu’on se batte un peu pour la sauver, après tout. Peut-être qu’il suffisait d’y mettre un peu plus de conviction.

Un physique de body-builder certes, mais avant la prise de stéroïdes.

Et au même instant, une idée lui tomba dessus comme une révélation. Pourquoi n’avait-il jamais songé à tromper sa femme auparavant ? Cela aurait résolu tellement de problèmes (tout en en causant d’autres, bien évidemment, mais pour l’heure, c’était le cadet de ses soucis). Mais comment réfléchir intelligemment quand on est enfermé dans sa propre frustration ?

Et d’abord, j’aimerais bien savoir pourquoi nous faisons semblant d’être amies. C’est insupportable. À qui la faute ? Je sais, du temps a passé, on a toutes suivi un chemin différent et on n’a pas le courage de se l’avouer.

Tant que tu ne sauras pas d’où tu viens, tu ne sauras pas où tu veux aller, susurra une voix dans sa tête.

C’était étonnant, les deux jeunes filles étaient devenues rapidement aussi proches que des amies d’enfance mais, tout à coup, une barrière se dressait qui renvoyait chacune vers son propre univers.

elles étaient ses amies, elles avaient partagé tellement de choses au fil des ans, accumulé tant de souvenirs, comme ces livres auxquels on tient et qu’on garde précieusement dans sa bibliothèque.

Un cri du cœur, mais qui sonnait faux.

Tenaillée par la peur obsessionnelle de ne plus être compétitive, elle avait passé sa vie à se battre pour s’améliorer, progresser. Peut-être aurait-elle dû se consacrer davantage à son couple… mais elle avait toujours eu besoin de toutes ses forces, de toute sa volonté pour échapper à l’avenir médiocre qui lui était promis, ne serait-ce que pour entrer à l’université et ne plus remettre les pieds à Glasgow. Son ambition avait tout emporté sur son passage.

Il y avait dans l’air cette note piquante qui annonce la fin de l’été mais les rayons du soleil réchauffaient le visage des deux femmes assises côte à côte. Une position bien commode pour discuter sans se regarder.

Ses relations de couple étaient basées sur un amour véritable, un respect mutuel. Chacun acceptait l’autre dans sa différence. Ils pratiquaient la tolérance, la générosité, au lieu de considérer la vie à deux comme un perpétuel marchandage

À chaque séquence de son viol correspondait un ou plusieurs termes : par exemple, « impuissance », « incrédulité », au moment où Stephen l’avait renversée par terre ; « peur », « répulsion », quand il l’avait pénétrée ; « colère », « rage », quand elle avait voulu le repousser en lui martelant le torse avec les poings ; « répugnance », « dégoût », quand il avait éjaculé en elle, le visage déformé par la jouissance ; « humiliation », « écœurement », lorsqu’elle s’était relevée en titubant pour s’enfermer dans la salle de bains, puis, dans un deuxième temps, « culpabilité »

Elle était trop occupée à rechercher le mot suprême, celui qui résumait tous les autres, qui englobait l’ensemble de ses émotions. Il finit par s’imposer de manière irréfutable, et c’était le mot honte.

One Reply to “Seskis, Tina «Six femmes» (2016)”

  1. Bien que n’ayant pas trop le goût des retrouvailles de ce type ,j’ai envie de lire ce livre (je le mets sur ma liste ) Peut-être pour me donner raison d’avoir refusé d’assister à la réunion des anciennes de ma promotion !!! Pour souhaiter nos ……..55ans !!J’y suis allée 2 fois et chaque fois elles m’ont démoralisé . Mais j’ai des amies plus anciennes du lycée que je vois toujours!!
    Ce n’est pas la même relation je trouve.

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