McCarthy, Cormac «La route» (2008)

McCarthy, Cormac «La route» (2008)

Auteur :

Cormac McCarthy est né le 20 juillet 1933 à Providence. Dès ses premiers livres (L’Obscurité du dehors, Actes Sud, 1991, Un enfant de Dieu, Actes Sud, 1992, Méridien de sang, 1998), il est comparé à Herman Melville, James Joyce et William Faulkner, alternant entre western métaphysique et thriller rural. On découvre en 1993 De si jolis chevaux, premier volume de La Trilogie des confins (Actes Sud). Le livre remporte le National Book Award en 1992. Les deux autres volumes, Le Grand Passage et Des villes dans la plaine, ont parus aux Éditions de l’Olivier en 1997 et en 1999. Cormac McCarthy a également publié Suttree (Actes Sud, 1994) ou encore Le Gardien du verger (1996). De si jolis chevaux a été adapté au cinéma par Billy Bob Thornton avec Matt Damon et Penelope Cruz. Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme, paru en 2007 aux Éditions de l’Olivier, a été adapté au cinéma par les frères Coen. La Route, son dernier roman, a été couronné par le prix Pulitzer

Editions de l’Olivier 03.01.2008 – 244 pages / Points – 07.05.2009 – 251 pages – « The road » 2006  (Traducteur : François Hirsch) – Prix James Tait Black Memorial – Prix Pulitzer de la fiction en 2007 - Prix des libraires du Québec en 2009

Résumé : L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un Caddie rempli d’objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l’humanité. Survivront-ils à leur voyage ?

Mon avis :

Une merveille en gris et noir… une quête, une vision d’horreur, une réflexion sur la survie, sur la destruction de notre monde, tant d’un point de vue environnemental qu’au niveau de l’être humain.

Dès la première page, on se retrouve sur la route, confrontés à la faim, la soif, le froid, la peur, sans trop savoir quel a été l’événement déclencheur, qui n’a pas une grande importance. On plonge dans l’horreur, on tente de survivre avec l’homme et l’enfant (qui n’ont pas de nom), on vibre avec eux. On marche, on marche, on fuit le Nord, on va vers le Sud, vers la chaleur, vers la mer, mais de fait, où va-t-on ? Et on se cache, car on risque la mort si quelqu’un nous voit. Dans ce monde dévasté et où on ne croise que de rares survivants, où la faim règne en maître, le simple fait d’exister est un danger de se voir désigné comme proie : soit pour se faire voler, soit pire mais envisageable, pour devenir nourriture. En effet la survie passe par la nourriture et la recherche de nourriture ui fait avancer toutes les ombres que l’on croise dans le roman ; et comme il n’y a plus d’animaux, que la nature est détruite, il ne reste plus que des vagues restes d’avant la catastrophe ou les humains survivants. L’homme essaie bien de cacher certaines visions d’horreur au petit, mais la réalité ne peut être toujours occultée et le petit verra.

Ce roman est aussi un cri d’alerte à nous, les humains qui détruisons la nature, éliminons les espèces, polluons l’atmosphère à rendre le ciel gris a cause de la pollution. Il y a les bons et les méchants, le bien et le mal, la noirceur de la nature humaine et les ténèbres qui recouvrent toute la vie sur terre.

Un style magnifique, un magnifique moment de lecture avec toutefois un léger bémol : il m’a manqué un petit quelque chose ; je me suis sentie un peu abandonnée en cours de route… suis restée sur le bas-côté et je n’ai pas fini mon voyage. Un livre qui frappe au cœur et que je ne risque pas d’oublier.

 

Extraits :

Les nuits obscures au-delà de l’obscur et les jours chaque jour plus gris que celui d’avant.

Puis ils repartirent le long du macadam dans la lumière couleur métal de fusil, pataugeant dans la cendre, chacun tout l’univers de l’autre.

De la roche nue, par ici. Le froid et le silence. Les cendres du monde défunt emportées çà et là dans le vide sur les vents froids et profanes. Emportées au loin et dispersées et emportées encore plus loin. Toute chose coupée de son fondement. Sans support dans l’air chargé de cendre. Soutenue par un souffle, tremblante et brève. Si seulement mon cœur était de pierre.

Rappelle-toi que les choses que tu te mets dans la tête y sont pour toujours, dit-il. Il faudra peut-être que t’y penses.
Il y a des choses qu’on oublie, non ?
Oui. On oublie ce qu’on a besoin de se rappeler et on se souvient de ce qu’il faut oublier.

Quelle différence y a-t-il entre ne sera jamais et n’a jamais été ?

Demain peut-être. Demain arrivait et repartait.

D’une longue suite de pareilles nuits ce fut une des plus longues de toutes celles dont il pouvait se souvenir.

Si je ne suis plus ici tu pourras encore me parler.
Tu pourras me parler et je te parlerai. Tu verras.
Et je t’entendrai ?
Oui. Tu m’entendras. Il faut que tu fasses comme si c’était une conversation que tu imagines. Et tu m’entendras.

7 Replies to “McCarthy, Cormac «La route» (2008)”

  1. On me suggère de lire/relire « Malevil » de Robert Merle, « Ravage » de René Barjavel,
    « 2169. Destination Pluton » de Marcel Battin

  2. Oui Ravage de Barjavel, c’est sûr !
    Je suis étonnée que tu n’avais pas encore lu La route tant ce livre est devenu célèbre et encore plus étonnée que moi aussi je ne l’ai pas encore lu, MDR…

    1. Oh souvent je ne lis pas tout de suite les livres encensés par tout le monde.. et après.. j’oublie que je voulais quand même les livres et je les lis bien longtemps après si quelqu’un en reparle…

  3. Je sais pourquoi je ne l’ai pas encore lu : c’est parce-qu’il a été adapté en film et que je l’ai vu. Mais ton commentaire me pousse à en faire l’impasse.

    1. ah ? je croyais que tu allais faire l’impasse… et je vois ton commentaire ! trop contente de t’avoir incitée à le lire aussi …

  4. Je suis bouleversée, tourneboulée, j’ai posé ce livre presque pantelante. Alors voici mon jet dans une inspiration spontanée.

    La fin du monde. Un homme et son fils sur la route, errant, survivants d’un monde qui n’existe plus, soufflé par le feu, ne laissant qu’un paysage de cendres, milieu hostile, noir où les autres peuvent être une menace. Et pourtant ?! Oui et pourtant, dans ce noir absolu, vide de sens et d’avenir c’est toute l’humanité de l’homme qui s’exprime à travers les yeux de l’homme pour son fils. Il le protège, tuerait pour lui, avance toujours, pour lui malgré la mort qui les poursuit, qui les attend. Et dans cette mort noire, attendue, c’est l’amour qui triomphe à travers le geste du père qui ajuste la mèche du front fiévreux de l’enfant, c’est l’amour qui triomphe dans la couverture qu’il ajuste, c’est l’amour qui triomphe au regard posé qui veille sur l’enfant endormi, c’est l’amour qui triomphe et qui reste, solitaire et unique comme le seul survivant de ce monde englouti, c’est l’amour qui triomphe et qui reste quand j’ai refermé le livre, groggy d’avoir vu moi aussi la fin du monde.
    Magistral !!!!

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