Thiéry, Danielle « La petite fille de Marie Gare» (1997)

Thiéry, Danielle « La petite fille de Marie Gare» (1997)

Auteure : Danielle Thiéry est la première femme dans l’histoire de la police française à avoir atteint le grade de commissaire divisionnaire. Auteur reconnu de romans policiers, elle s’appuie sur son expérience et sur une documentation sans faille pour donner à ses intrigues une crédibilité déroutante.

Romans policiers : Mauvaise graine La Petite Fille de Marie Gare – La guerre des nains – J’irai cracher dans vos soupes – Des clous dans le coeur (Prix du Quai des orfèvres 2013) – Faits divers.
Enquêtes du commissaire Edwige Marion : Le Sang du bourreau – Mises à mort – Et pire, si affinités – Origine inconnue – Affaire classée – Le festin des anges – L’ombre des morts – Crimes de Seine – Le jour de gloire – Echanges – Dérapages – Tabous – Féroce – Sex Doll  ( voir : le site « grandsdetectives.fr »)

Robert Laffont – 02.01. 1997 / Versilio10.01.2013

Résumé

Quand le commissaire Danielle Thiéry prend la tête de la brigade des chemins de fer, en 1985, elle savoure la coïncidence : prononcer des dizaines de fois par jour le nom de son arrière-grand-mère, une enfant trouvée nommée Marie Gare parce qu’elle a été abandonnée dans la gare de Dijon. De quoi donner à Danielle Thiéry l’envie d’enquêter sur cette mystérieuse aïeule, et des prédispositions pour diriger la police des trains…
Dans une fresque parfois joyeuse, parfois sordide mais toujours optimiste, Danielle Thiéry raconte ses vingt-cinq ans de « femme flic » : la brigade des mineurs, ses fugueurs récidivistes et ses enfants exploités, maltraités ; la brigade des stups, où en tant que femme fraîchement entrée dans la police, donc inconnue du Milieu, elle servit de « chèvre » pour l’enquête sur un dealer insaisissable ; enfin la police des trains, microcosme de tous les problèmes qui frappent la France. De par sa position stratégique, Danielle Thiéry s’est retrouvée au coeur des attentats de 1986, puis elle a dû gérer tant bien que mal la dégradation des banlieues, la délinquance des toxicomanes, la prostitution, le mal-être des policiers…
La tumultueuse vie professionnelle d’une « madame le commissaire » à la plume virevoltante et au caractère bien trempé.
Première femme commissaire divisionnaire de l’histoire de la police française, Danielle Thiéry connaît le milieu policier de l’intérieur. Récompensée par le Prix Polar à Cognac, le Prix Exbrayat, et le Prix du Quai des Orfèvres 2013, elle s’est imposée comme une grande figure féminine sur la scène du polar, notamment avec Affaire classée (vendu à près de 100 000 exemplaires).

Mon avis : Elle est passée par un stage d’éducatrice spécialisés, par la brigade des mineurs, les Stups de Lyon, c’est l’une des premières femmes flic de France, puis l’une des premières commissaires, la toute première femme commissaire divisionnaire. Elle a assuré la sécurité des aéroports, la sécurisation du tunnel sous la Manche, de sécurité des chemins de fer, elle a collaboré à l’écriture de la série télévisées « Quai n° 1 » ; Avant de continuer à lire les romans qu’elle a écrit, j’ai trouvé intéressant de lire cette autobiographie qui m’est tombée par hasard sous la main..
Mais avant tout cela. Il y a un retour sur la vie de sa famille… et comment la boucle « Gare – SNCF » sera bouclée.
Bien sûr ce n’est pas impératif de connaitre son parcours mais cela remet ses romans dans le contexte. Et comme le livre se lit vite… Bien aimé

Extraits :

En France, mais surtout à Paris, tous les flics appellent les commissaires « patron ». Je suis commissaire de police. Je suis un « patron ».
Il croit bon d’insister, lourdement me semble-t-il :
– Même les femmes ?

L’autorité ne se décrète pas, elle se gagne, comme les galons, sur le bitume et de face.

Heureusement pour elle, elle ne fut pas abandonnée près d’un hôpital, un cimetière, une prison ou une maison close, il y a des noms terribles à assumer…

Enquêter, c’est comme une seconde nature chez un flic, le besoin de savoir, de décortiquer la vie des gens, d’aller regarder derrière les miroirs. Au bout d’un certain temps, c’est devenu un réflexe, une manie, une obsession.

Toute bonne enquête commence par les archives. C’est dans le passé qu’on lit le présent des gens et parfois leur avenir. Je n’ai pas de méthode, je suis mon instinct.

Marie Gare fréquenta l’école du village ; elle apprit à lire et à écrire. C’était alors un exploit, les filles n’étant pas destinées a priori à aller « aux écoles », et Marie dut cet avantage à son statut d’élève des hospices qui veillaient à ce que leurs pupilles reçoivent cet élémentaire bagage en compensation de leur détresse d’enfant abandonné. Paradoxal privilège…

Elle prétendait qu’il y avait trois éléments indispensables dans un jardin : le sureau qui purifie tout, le lis blanc dont l’oignon cicatrise les plaies et… un homme pour bêcher !

Après avoir vécu près d’une basse-cour, ma mère fut donc femme de poulet avant de devenir mère poule de quatre poussins dont deux devinrent poulets à leur tour…

J’assouvissais ma passion pour les livres, c’était devenu comme une toxicomanie, l’appel irrésistible des vieux cuirs, de l’odeur d’encre fanée et de papier jauni. Je traîne cette fascination depuis l’enfance et, dans un livre, j’aime à égalité le contenant et le contenu. Avant d’en commencer un, j’enfouis mon nez dedans, je le caresse, l’apprivoise, le tourne et le retourne, comme un chat qui cherche la bonne position avant de s’endormir dans son panier. Puis la délectation commence et j’ai toujours le même regret de voir petit à petit s’inverser le volume des pages lues et celui des pages à lire.

La traboule est un passage secret entre deux rues, au rez-de-chaussée ou au premier étage, tout à fait dans l’esprit compliqué et hypocrite des Lyonnais qui l’ont conçue. Car ces traboules dissimulaient, dans le passé, des lieux accueillants, bars, maisons galantes, lieux de culte interdits, ou les nombreuses loges maçonniques dont la ville est encore grandement pourvue. Les façades austères et innocentes affichaient un irréprochable sérieux et les astucieuses traboules autorisaient les interdits en sauvant la face et les apparences.

Un aéroport est un microcosme social qui présente les caractéristiques d’une ville à la différence près que les gens n’y habitent pas. Sinon, il s’y passe tout, les querelles de voisinage, de jalousie, les adultères, les petites et les grandes histoires de la vie.

Une « taulière » comme on dit, avec beaucoup de tact, dans le microcosme policier parisien. Ce microcosme parisien plutôt fermé sur lui-même, qui considère avec un rien de mépris ceux de la province comme de lointains cousins un peu attardés.

J’utilise les temps morts pour lire et écrire. Mon courrier, les notes de service, les notations des gars, les premières pages d’un roman encore inachevé, des notes d’ambiance pour celui qu’inévitablement un jour j’écrirai…

les voyageurs dorment, et même profondément, dans leurs couchettes. Les voleurs utilisent un système simple ; après avoir pénétré dans le compartiment, ils promènent le faisceau d’une minuscule lampe de poche sur le visage du voyageur et, si celui-ci se réveille ou ne dort pas, il marmonne une vague excuse, genre « c’est le contrôleur, dormez braves gens, je veille ». S’il n’y a aucune réaction, il peut agir en toute quiétude.

Pendant la lune de miel, tu peux tout demander. Il faut juste se rappeler une chose : ça ne dure pas longtemps. » Alors je fonce, je demande. En jargon policier, on appelle cela « bourrer la chaussette », une façon de se presser d’emmagasiner des réserves avant l’hiver.

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