Lange, Éric «Le Sauveteur de touristes» (03.2015)

Lange, Éric «Le Sauveteur de touristes» (03.2015)

Lange, Éric – «Le Sauveteur de touristes» (03.2015)

L’auteur : Éric Lange est animateur-journaliste-chroniqueur radiophonique depuis une trentaine d’années. On l’a croisé sur RFM, Skyrock, Europe 2, Fun Radio, Médi 1 et plus récemment sur Le Mouv’ et France Inter pour l’émission « Allô la Planète ». Il a parcouru le monde en tous sens, en a fait le tour plusieurs fois, s’est posé à Tanger, New York et Paris.

Avec « Le Sauveteur de touristes », il nous livre une histoire au croisement du thriller, du carnet de route et de l’aventure.

Résumé : Je suis le sauveteur de touristes. C’est mon métier, une sorte de détective privé ne travaillant que sur des affaires de touristes en perdition. Les cas les plus courants sont les emprisonnements pour trafic et consommation de drogues illégales, mais les plus intéressants sont les disparitions, volontaires ou non. Cette histoire est celle de ma première enquête. Elle m’entraîne à New York, Bangkok, Goa, Tanger et Alice Springs, à la recherche d’Émilie. Émilie, la fille qui peut détruire notre monde. Si elle le veut.

Mon avis : Catalogué «Thriller». Ca commence fort ! Dans le feu de l’action dès le début  : un journaliste de terrain se trouve sur place au moment où un attentat à la voiture piégée se produit… carnage. A ce moment précis il se voyait proposer un « scoop » filmé par un combattant. Le décalage entre le reporter et la suffisance complaisante du patron de presse qui voit dans ces images autre chose que le témoignage de la réalité, pour qui ce n’est pas de l’information mais un moyen d’influencer, de manipuler, de gagner de l’argent va faire disjoncter le journaliste. Celui qui s’attaque au système a le choix : être écarté à vie et réduit au silence ou être broyé … Mis sur la touche, seul, privé de ses amis et de son moyen de subsistance, il va se relever et changer de voie. Et la solution lui est proposée par un agent secret : au lieu d’enquêter pour la presse, il va le faire pour le compte de privés. Même job, mêmes contacts, bien payé… Direction Bangkok. Et comme l’auteur est un bourlingueur, il commente les pays qu’il traverse pour son enquête et ne mâche pas ses mots, soulevant le joli voile pour touristes afin de révéler la vérité qu’il y a derrière…Les descriptions des lieux sont évocatrices et on voit la « photo » de ce qu’il décrit..
On parcourt …en 200 pages on passe des Balkans à la Thaïlande, puis on passe par New York et on atterrit en Inde, à Goa, on passe par le Maroc (Tanger) , l’Australie… (et à chaque fois un mini cours d’histoire- les bordels thaïs, les douanes américaines, les géants de l’informatique, les hippies, les différentes sortes de drogues, d’hallucinations, de croyances – pas top l’envers du décor des destinations qui font rêver le touriste lambda. Le tout mené sur un rythme d’enfer. Pas le temps de se remettre du décalage horaire … L’enquête n’attend pas… 15 jours pour la boucler. On croise des personnages atypiques qui font le sel de l’histoire (des anciens journalistes, des siamois hackers de génie, une sorte de chaman,  « le sâdhu », ) .
Les personnages sont tous décrits, avec des petites touches locales qui nous mettent dans le bain.
Et partout l’importance de l’informatique, des réseaux sociaux, de l’argent ; et aussi l’importance de la déconnection, des archives manuelles, de la foi en l’homme, de l’importance de la confiance, des traditions, des croyances, de la connaissance du terrain et des mœurs locales, et des esprits… présents et connectés avec l’humain, la terre, le ciel, l’univers..
Passé un très bon moment. Ce qui est prometteur c’est que ce premier roman pourrait bien déboucher sur une série…

Extraits :

Il ne connaît pas la langue du pays, ses lois, ses réalités sociales ou politiques, la valeur de l’argent, il ne sait rien, c’est un enfant équipé d’une carte de crédit et du numéro gratuit de Mondial Assistance collé dans son portefeuille.

Je décide de me recoucher, profiter du calme qui s’annonce pour grignoter du repos

Elle est éparpillée, la foule. Au sens propre. Des membres jonchent la chaussée.

Il existe un taux de dangerosité sur les champs de bataille, sans doute fixé par les compagnies d’assurances, au-delà duquel les dirigeants des médias, comme ceux des autres sociétés étrangères implantées dans le pays concerné, rapatrient leurs salariés et de toute évidence, nous l’avions atteint.

La barbarie passe mieux quand elle est lointaine, quand les autres la pratiquent, des Noirs ou des Arabes, des Asiatiques aussi, on se sent moins concernés, protégés par notre différence.

C’est une caractéristique de son métier, on ne le remarque pas. Ils sont sûrement formés pour ça dans les centres où l’on fabrique des agents, ils savent comment se vêtir, se tenir, se coiffer pour se fondre dans le décor.

Nous avons tous une existence numérique et comme dans la vie réelle, effacer complètement cette existence est impossible, il reste forcément des traces, sinon des éléments oubliés, au moins des indices permettant de savoir si l’effacement a été réalisé.

J’entre dans le film, dans les centaines de films vus et revus depuis l’enfance utilisant cette ville comme décor, et quand on y déambule « pour de vrai », elle offre la délicieuse sensation d’être soi-même un héros de cinéma.

L’élite est formée d’un mélange ethnique, mais uniformisé par les apparences vestimentaires, car les élus mâles et femelles venus du monde entier et de toutes les teintes possibles, gomment leurs différences derrière des costumes Armani et des ensembles Prada.

Goa est une légende, une terre pour les Dieux que les hommes ont volée.

C’est l’Inde qui me sauve. Elle est faite comme un mille-feuille. Chaque époque se posant sur la précédente sans l’effacer complètement. Vivre dans ce pays, c’est côtoyer tous ces mondes qui cohabitent bizarrement.

Vous devez comprendre que le hasard est une invention occidentale

Tanger, la ville bien placée, tout en haut de l’Afrique, juste en face de l’Europe, porte entre les deux mondes, point de passage obligé pour tous les trafics d’un continent à l’autre, l’alcool, l’argent, la traite des êtres humains, les armes, le hachisch jusqu’aux producteurs de cocaïne sud-américains qui profitent à leur tour des ancestraux canaux africains pour pénétrer le vieux monde.

 

L’adrénaline est magique, elle débranche les émotions, la réflexion et renforce la décision immédiate, on agit sans hésiter, sans penser et on ne faiblit pas, le corps obéit aux injonctions de l’instant.

Il se précipite doucement, manœuvre pas évidente que les loufiats de luxe maîtrisent parfaitement.

D’où ma théorie : quelque part dans l’univers, une planète a explosé et un morceau est venu jusqu’à nous après un voyage dans le grand vide de l’espace. Il est tombé dans le Pacifique et c’est l’Australie. Si la terre est parfois si rouge, les arbres bleus et les animaux étranges, c’est parce que la vie s’y est fabriquée avec des éléments venus d’ailleurs. Voilà.

Ce sont des esprits qui ont façonné la terre et tout ce qui y vit. Ces esprits vivent dans le monde des rêves et nous sommes connectés à eux. Chaque créature, chaque brin d’herbe, chaque pierre vient du monde des rêves et existe parce qu’un rêve de chacun existe…

« Et il te suffit de trouver le rêve dont tu es issu. »

C’est toujours la même histoire avec les déserts. Ils sont censés être vides mais on croise du monde tout le temps.

Je suis à Doha, au Qatar.
Rien ne semble vrai ici, c’est un décor posé sur le désert.

2 Replies to “Lange, Éric «Le Sauveteur de touristes» (03.2015)”

  1. Tu m’as donné envie de le découvrir. Eric Lange est quelqu’un que je suis régulièrement à la radio. Son émission Allô la Planète nous faisait partager des voyages (les siens et eux des auditeurs) d’une autre oreille. Je reviendrai commenter quand je l’aurai lu.
    Merci

    1. Contente de t’avoir donné envie de le lire. Tu verras, il est rythmé et différent des autres polars.. Je me réjouis d’avoir ton opinion…

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