Gougaud, Aurélien «Lithium» (RL2016)

Gougaud, Aurélien «Lithium» (RL2016)

Résumé :  Elle, vingt-trois ans, enfant de la consommation et des réseaux sociaux, noie ses craintes dans l’alcool, le sexe et la fête, sans se préoccuper du lendemain, un principe de vie.

Il vient de terminer ses études et travaille sans passion dans une société où l’argent est roi. Pour eux, ni passé ni avenir. Perdus et désenchantés, deux jeunes d’aujourd’hui qui cherchent à se réinventer.  Dans un texte crépusculaire, Aurélien Gougaud entremêle leurs voix, leurs errances, leur soif de vivre, touchant au plus près la vérité d’une génération en quête de repères. Un premier roman d’une surprenante maturité, qui révèle le talent d’un jeune auteur de vingt-cinq ans

Lithium, est en lice pour le Prix de la Vocation, ainsi que pour le Prix Révélations de la Société des Gens de lettres.

Mon avis : en 1991, Mylène Farmer chantait « Génération désenchantée » … c’est à cela que m’a fait penser ce roman… Il, Elle … deux jeunes sans attaches véritables, dans la mouvance Bobo… ils s’ennuient, n’aiment pas grand-chose, ne s’intéressent pas à rien … Ils bossent, désabusés, et le reste du temps. Ils s’occupent à faire passer les heures… Ils appellent cela vivre mais en fait ils ne vivent pas. Ils tuent le temps, essaient de le faire passer… Le week-end : c’est sortie .. Le dimanche c’est récup… le lundi c’est boulot… Un boulot qui les ennuie… dans lequel ils ne s’impliquent pas car ils ont l’impression d’être des pions, exploités… Elle travaille à la radio, un monde qui la faisait rêver mais elle sature. Lui exploite les personnes faibles pour atteindre ses objectifs financiers…

Le livre se déroule sur une semaine, avec en alternance la vie de Lui et d’Elle. Peur du futur, peur de s’engager, aucune passion, pas d’envie véritable… C’est surtout une histoire d’ennui… deux histoires d’ennui… Le malaise, le mal-être suinte à chaque page… Un témoignage d’un jeune auteur de 25 ans sur la jeunesse qui l’entoure… Mon Dieu que c’est triste d’être jeunes si on est jeunes comme cela à Paris… Alcool, clopes, drogues, sexe (mais pas amour …) ben non … on ne va pas s’impliquer…. Heureusement qu’il y a les écrans pour s’affaler devant et gober ce qui passe… et Internet pour vivre la vie des autres… L’important c’est d’être au-dessus des autres, peu importe le moyen d’y arriver… surtout ne pas se faire exploiter… J’ai beaucoup aimé dans l’épilogue la description du chauffeur de taxi..

Ce que je peux dire c’et que je suis contente de ne pas être jeune à paris maintenant si c’est comme ça…  En même temps, cela dépend du caractère de chaque individu .. Et l’auteur laisse la porte ouverte … et je vous laisse essayer de deviner la fin… Selon votre perception de l’histoire, ce sera soit déprimant soit une lueur d’espoir en l’avenir… Vous me direz.. On s’assied et on pleure? On se flingue tout de suite? ou alors on se motive, on y croit, on bouge, on vit quoi !

Extraits :

On verra bien. Plus qu’un slogan facile, c’est un état d’esprit, un de ces principes qu’il serait trop éprouvant de devoir remettre en question. Comme un vote pour un parti politique, ou une formule de politesse bien assimilée. On verra bien. La facilité érigée en philosophie. Autrement dit, ne rien faire en espérant que le temps, l’autre ou une force abstraite – que l’on appellera au choix Dieu ou hasard – fasse pour nous.

Trop focalisé sur ses aspirations pour remettre en question ses à priori, il se complaît dans ce qu’il fait le mieux : semblant.

La télévision a toujours le dernier mot. On ferme sa gueule, on écoute, on regarde pour ne pas voir. Aspirés par ce néant pixélisé, ils végètent quelques heures, …

Évoluer dans un milieu qu’elle aimerait fuir, devenir lentement ce qu’elle déteste en prenant son choix pour une fatalité, ce n’est pas de la détermination, c’est du masochisme.

On est ce que l’on fait. Au pire, ce que l’on souhaite faire. Que faire quand on ne sait plus ?

Sortons. Imbibons-nous d’alcool et d’insouciance afin que nos craintes cicatrisent.

– Mon pays c’est pas la France, c’est
– C’est Paris ?
– C’est la ville. Je suis plus proche d’un Londonien que d’un Auxerrois. Mon pays, c’est les immeubles, la pollution, l’activité.

Pas le temps de faire des concessions pour les autres ! On est que des étoiles filantes. Des putains d’étoiles filantes. La vie est trop courte pour la passer à trouver le temps long, enfermé dans un job de merde, à rêver de congés payés et de…

Un thé, un MacBook, elle s’installe face au reste du monde. Internet. En deux mots : Facebook, Google. La vie des autres et la science infuse.

Exposer son inexistence, se nourrir de celle du voisin. Virtuellement.

Connecté à tout en étant proche de rien. Cette ouverture au monde, ce n’est que de la solitude sophistiquée.

Le sort d’un sans-abri l’indiffère plus que celui d’un koala.

Un verre ou un joint ? Deux déviances du même ordre… Et pourtant. L’un est illégal, là ou l’autre est institutionnalisé.

Qu’elles soient sociales, géographiques, religieuses, le football EST une religion. Avec son lot d’adeptes convaincus, de pratiquants épisodiques, de fanatiques, d’abrutis, d’intellectuels. Miroir, à son insu, d’une société plurielle.

Un chauffeur de taxi, c’est d’abord un témoin. L’humanité défile dans son rétroviseur.

Deux vases qui ne communiquent que lorsque l’un déborde.

 

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