Belinda Bauer « L’Appel des ombres » (02/2012)
Autrice : Belinda Bauer grandit en Angleterre et en Afrique du Sud. Elle s’installe à Cardiff où elle travaille comme journaliste et scénariste pour la BBC. En France, ses livres sont publiés chez Fleuve noir et 10/18. Elle publie en 2009 son premier roman, Blacklands (Sous les bruyères) avec lequel elle remporte le Gold Dagger Award en 2010. Elle a publié « Sous les bruyères » (2009,) « L’Appel des ombres » (2012), « Le Voleur d’enfants tristes » ( 2013), « Cadavre 19 » (2014), « Arrêt d’urgence » (2019)
Deuxième volet des enquêtes de Jonas Holly
Résumé : Des meurtres sans motif apparent, perpétrés contre les plus faibles de la communauté. La petite bourgade de Shipcott, nichée au creux des collines sombres d’Exmoor et coupée du monde par ce mois de janvier impitoyable, est sous le choc. Ici, tout le monde se connaît. Tout le monde s’entraide. Et tout étranger est immédiatement repéré… Pourtant, quelqu’un décime sans merci ceux qui ne peuvent se défendre. Le policier Jonas Holly, chargé de l’enquête, sent la panique l’envahir. Il devrait protéger ces hommes et ces femmes, c’est son job. Seulement, les meurtres continuent et le tueur semble le narguer, en lui adressant des messages provocateurs et menaçants. Et pendant qu’il chasse cette ombre insaisissable, qui veillera sur Lucy, sa femme, cette victime idéale qui ne peut quitter la maison seule ? Chasseur ou proie ? Dans un petit village isolé, sous un linceul de neige, les frontières s’estompent…
Mon avis : Une fois encore j’ai été fascinée par le talent de Belinda Bauer. Ca commence doucement, ça gonfle en intensité ; on est pris , on se pose des questions, on fait les avancées et les reculades en même temps que les personnages.. Connaissance est faire avec le deuxième protagoniste qui prendra toute sa dimension dans le troisième tome. Construction élaborée, ambiance intimiste et d’autant plus angoissante, personnages interessants, une série qui me plait de plus en plus.
Extraits :
Il sentit en lui un relâchement de tension, comme exploserait une vieille montre, dispersant des milliers de pièces et envoyant ses ressorts subitement détendus valser en tous sens.
au cours de la nuit, par un étrange tour de passe-passe, la vie avait fait place au trépas, le chaud, au froid, et ce monde, au suivant
les brèves rafales de neige de la nuit passée semblaient s’être immiscées dans les ondes télévisées parce que même les rares chaînes accessibles n’étaient désormais plus visibles qu’à travers un tourbillon blanc de parasites
La matinée était belle – la météo, en tout cas
Parfois elle se le rappelait, elle aussi. Comment elle avait été. C’était ça le pire, tu sais ? Pas qu’elle perde la boule, mais qu’elle sache qu’elle la perdait
En faisant abstraction du drame, le monde n’était que beauté.
le souvenir était bien là, à peine refoulé, tout prêt à affleurer, déchirer les chairs, rouvrir de vieilles blessures et les faire saigner de nouveau. Et il n’y avait pas que les plaies. Il y avait le souvenir de la terreur qui faisait trembler, pisser, chaque fois qu’un humain approchait et que s’avançait une main, au cas où elle contiendrait non pas des bons morceaux mais une soudaine douleur aiguë, infligée par un égoïste
Les premiers flocons voltigèrent depuis le ciel de velours noir telles de petites étoiles égarées, et en quelques minutes à peine, les galaxies elles-mêmes pleuvaient
Il avait tellement l’habitude de son Land Rover et de ses quatre roues motrices avec son dispositif de freins anti-blocage, que la Volkswagen lui faisait l’effet d’être en rollers dans la neige.
Les maisons étaient plantées là où elles étaient tombées – quelques-unes par ci, quelques autres par là, une douzaine éparpillée le long de la rivière de part et d’autre d’un pont en pierre en dos d’âne sournois qui ne laissait passer qu’une voiture à la fois, en dépit des larges voies d’accès.
Elle s’effondra sous ses yeux, tandis que des larmes coulèrent si fort sur ses joues qu’elles rebondirent sur la table comme tombées d’un robinet défectueux
Parfois, il fallait accepter de n’être que ce qu’on était. Et ce qu’on ne serait jamais
Il avait passé la plus grande partie d’une nuit blanche à arpenter les allées des pourquoi ? Et ce n’est qu’en redescendant la colline en direction du village qu’il avait pris conscience que la seule question à laquelle il devait réellement s’attacher était : qui ?
Il ne savait plus où l’on pouvait tirer un trait entre le passé et le présent, le bon et le mauvais, le bien et le mal
De l’endroit terrifiant où les souvenirs remontaient comme des poissons morts, pour rompre la calme surface de ses pensées.
Il savait aussi, dans le secret de son cœur, que s’il n’était pas tenu de sortir chaque jour, il se pourrait bien qu’il ne sorte plus jamais de chez lui ; qu’il risquait de se replier entre les murs de la maison et de trop repenser à ce qui avait failli se produire, à quel point la chose avait été évitée de peu.
Mais bon, peut-être sa vérité n’était-elle pas la vérité
4 Replies to “Belinda Bauer « L’Appel des ombres » (02/2012)”
« Sous les bruyères », « L’appel des ombres » et « Le voleur d’enfants tristes » sont dans ma liseuse, prêts à être dévorés. Et c’est de ta faute !
et c’est le but ! En même temps c’est un rendu pour un prêté, car le nombre de livres que je découvre grâce à toi… 😉
J’ai eu du mal à entrer dans l’histoire et la conclusion m’a un peu déçue. Mais le premier volume (« Sous les bruyères ») m’avait beaucoup plu et je dois reconnaître que Belinda Bauer a un réel don pour décrire les paysages et restituer les ambiances, aussi oppressantes soient-elles.
Je vais donc poursuivre avec « Le voleur d’enfants tristes ».
Moi j’ai commencé par la fin ( le voleur d’enfants tristes) et c’est ce livre qui m’a donné envie de lire les deux premiers.. Alors j’espère que tu vas aimer…