Bauer, Bélinda «Arrêt d’urgence» (2019)

Bauer, Bélinda «Arrêt d’urgence» (2019)

Autrice : Belinda Bauer grandit en Angleterre et en Afrique du Sud. Elle s’installe à Cardiff où elle travaille comme journaliste et scénariste pour la BBC. En France, ses livres sont publiés chez Fleuve noir et 10/18. Elle publie en 2009 son premier roman, Blacklands (Sous les bruyères) avec lequel elle remporte le Gold Dagger Award en 2010. Elle a publié « Sous les bruyères » (2009,) « L’Appel des ombres » (2012), « Le Voleur d’enfants tristes » ( 2013), « Cadavre 19 » (2014), « Arrêt d’urgence » (2019)

France Loisirs – 01.06.2019 – 504 pages – /Belfond noir – 11.06.2020 – 400 pages

Résumé : Renouant avec l’inoubliable Sous les bruyères, Belinda Bauer livre un roman aux multiples nuances de noir pour conter la fin de l’innocence et la perversité infinie des hommes dans l’Angleterre des oubliés. Une pépite sélectionnée pour le prestigieux Man Booker Prize.
Boucles d’Or. C’est ainsi que la police a surnommé cet insaisissable cambrioleur. Une référence à l’étrange habitude qu’il a de passer quelques heures dans la chaleur des foyers qu’il visite, avant de dévaliser leur frigo.
Boucles d’Or, c’est Jack, quinze ans. Un orphelin qui fait de son mieux pour veiller sur ses deux petites sœurs sans l’aide des services sociaux. Ne laisser personne les séparer : telle est la promesse qu’il a faite devant le cadavre mutilé de leur mère, trois ans plus tôt. Jusqu’à ce qu’il s’introduise dans cette maison. Près du lit de la propriétaire, enceinte et seule, une note : « J’aurais pu vous tuer. » Et un couteau effilé.
Jack le sent : le tueur de sa mère est toujours à l’œuvre. Mais qui croira les élucubrations d’un gamin ? Et, surtout, comment donner l’alerte sans se mettre lui-même, et le peu de famille qui lui reste, en danger ?

Mon avis :  C’est vraiment une romancière que j’aime énormément. J’ai lu tous ses romans et j’ai toujours accroché. Ces personnages sont attachants, en règle générale des jeunes et toujours atypiques… J’ai comme l’impression de faire un copier-coller de mes impressions sur les précédents… Toujours une construction élaborée, des enfants, des disparitions. Le point de départ : la disparition d’une femme enceinte ( c’est un fait réel : Marie Wilks a été assassinée en 1988 sur l’autoroute M50 – voir article en anglais)
C’est un livre qui parle de stress post-traumatique, de la culpabilité du survivant, de l’abandon ressenti et/ou réel. Ayant été chargé par sa mère de veiller sur ses sœurs alors qu’elle allait chercher de l’aide suite à une panne de voiture, Jack va se sentir responsable de ses sœurs. Après sa mère, son père disparait à son tour et il va se débrouiller comme il peut pour continuer à vivre dans la maison avec les deux fillettes, sans éveiller les soupçons des voisins, en volant pour se procurer de l’argent et avec deux objectifs dans la vie : garder sa petite famille groupée et trouver l’assassin de sa mère… Quand il croit avoir retrouvé l’identité de l’assassin qui n’avait jamais été arrêté malgré les enquêtes de police, les choses se compliquent.
Tant Jack que la police ont des méthodes très peu conventionnelles… C’est surprenant, je ne me suis pas ennuyée un seul instant et une fois encore j’ai beaucoup aimé …
Cinq livres lus de cette autrice et aimé les cinq…

Extraits :

Ils appartenaient à leur deuxième cercle d’amis – ceux qu’on invitait, mais avec qui l’on ne nouait pas de relation à long terme.

Les rêves disparaissaient, mais le cauchemar de la réalité continuait. Il avait parfois du mal à distinguer les premiers du second car, éveillé ou endormi, Jack était hanté par le passé et ses variantes incomplètes. Il arrivait que ses souvenirs soient tellement sombres qu’il ne parvenait pas à les discerner – et ne voulait pas essayer.

S’agissant de cambriolage, il était réaliste et considérait que son rôle consistait à assurer ce qu’il appelait « les 2 R » : Recevoir les plaintes et Rassurer les gens. Le troisième « R », Retrouver les objets volés, ne se produisait qu’à la télé.

L’espoir était une denrée rare, et une dose même infime permettait de tenir longtemps.

Catherine avait bien essayé au départ, mais elle n’avait tout simplement plus envie de s’embêter à entretenir les bribes de conversation lancées en l’air pour éviter qu’elles n’éclatent comme des bulles de savon, alors qu’une vérité bien plus obscure bouillonnait en elle.

Faire les courses n’était plus un plaisir depuis qu’elle était obligée de résister systématiquement à la tentation. Son caddie contenait tellement de verdure qu’elle avait l’impression de pousser une serre miniature à travers le supermarché.

Les responsabilités, c’était écrasant.
Pas étonnant que son père ait renoncé.

Il se demanda tout à coup si c’était ainsi que tous les gens construisaient leur passé – à partir du vécu des autres, de photos, de gros titres et de bribes de réalité, qu’ils mélangeaient pour composer des souvenirs qu’ils affirmaient être les leurs.

— Quelquefois, les impressions sont bel et bien des faits !

Mais au fil des années, il s’était aperçu que, dans ces situations, il n’était guère utile d’être honnête avec les gens ; mieux valait leur dire exactement ce qu’ils voulaient entendre s’il voulait avoir la moindre chance d’obtenir ce qu’il voulait entendre, lui.

Enquêter sur un meurtre revenait à assembler un puzzle dans le noir ; on n’en avait jamais fini de tâtonner, de tester, de retourner les pièces – de les prendre, de les reposer, et de les reprendre.

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