Duchêne, Annette «Le syndrome» (2020)

Duchêne, Annette «Le syndrome» (2020)

Autrice : Annette Duchêne est née à Genève. Elle a successivement étudié les sciences et la musique et s’est ensuite dirigée vers l’enseignement. Simultanément, elle a été amenée à relire et corriger plusieurs livres, ce qui a éveillé son intérêt pour l’écriture.

Editions Slatkine – 09.03.2020 – 280 pages

Résumé :  Maurice Perret, PDG d’une grande compagnie d’assurances, est victime de harcèlement. Trop serviable, il se retrouve pris au piège pendant plus de vingt-cinq ans.
Inès Lavigny, elle, est juriste. Amoureuse incomprise, sa vie se transforme en enfer quand l’objet de son obsession la rejette.
Deux vies parallèles, deux voix inconciliables.

Mon avis :
Un harcèlement pas comme les autres : pour une fois la victime est l’homme et la harceleuse est une femme atteinte d’un trouble psychiatrique connu sous le nom de «syndrome de Clérambault » 
L’histoire se déroule dans un pays, la Suisse, où les lois en matière de harcèlement sexuel sont pour ainsi dire, voire totalement inexistantes. Lui, c’est Maurice : un Suisse-romand nommé à la tête d’une des plus grandes compagnies d’assurance du pays. C’est dire son niveau intellectuel car les Romands dans les postes très importants en Suisse Alémanique ne sont pas légion. Il est agréable, humain, serviable, empathique, avenant et célibataire…
Elle, c’est Inès : hautaine, méprisante, imbue de sa personne, nocive, un vrai « poison » – comme le nom du parfum qu’elle porte : agressif, entêtant, tenace, dérangeant – ; elle fait penser à une araignée qui tisse sa toile ; et malheureusement, elle est intelligente et obstinée…
Ce roman à deux voix donne tour à tour la parole à Maurice et Inès. J’ai trouvé extrêmement intéressant d’avoir la vision de chacun des protagonistes sur les éléments qui vont les lier pendant près d’un quart de siècle.
Nous allons vivre à la fois le processus de harcèlement qui touche la femme et les répercussions sur sa vie à elle, l’évolution de sa maladie et le cauchemar de l’homme qui tente de lui échapper, les effets collatéraux qui le guettent, comme la déprime, la peur d’avoir une relation avec autrui, l’angoisse de se sentir constamment sous pression. Une seule ligne de conduite : aucune ambiguïté, beaucoup de calme, de rigueur, un esprit de synthèse, aucun relâchement, pas de pitié … Plus facile à dire qu’à appliquer.
L’auteur réussit le tour de force de rendre tous les personnages attachants (les personnages secondaires sont aussi très importants) ; même si Inès est juste impossible et infernale, on ne peut s’empêcher de la plaindre…
Moi qui aime les romans psycho-psychiatriques, je recommande vivement ce livre écrit par une genevoise.
Un grand merci aux Editions Slatkine qui m’ont permis de découvrir ce livre. ( en cette période de coronavirus, je rappelle qu’il est possible de commander les livres directement sur leur site )

Extraits :

« Aucune phrase ne doit prêter à diverses interprétations, aucune : JAMAIS, vous m’avez bien compris » ?

Je n’avais pas toujours le dessus… mais j’usais ses nerfs, et ça, c’était bon, jouissif !

Info :  Bien plus qu’une manie, l’érotomanie est un trouble délirant caractérisé par le fait d’être persuadé qu’un autre individu est amoureux de soi. Cette pathologie peut entraîner des comportements agressifs, voire dangereux. D’autant que le sujet de désir de l’érotomane est souvent un inconnu, ou parfois même une personnalité célèbre !
L’érotomanie est un trouble psychiatrique révélant souvent un manque affectif. C’est Gaëtan Gatian de Clérambault qui, en 1921, décrit pour la première fois l’érotomanie. Laquelle est également appelée syndrome de Clérambault. Cette psychose passionnelle est difficile et longue à traiter. Elle nécessite une prise en charge psychiatrique spécialisée.
Cette pathologie touche plus fréquemment les femmes. Un érotomane est intimement convaincu que l’objet de son attirance est profondément amoureux d’elle. Dans son illusion délirante d’être aimé, le malade est capable de comportements intrusifs à l’encontre de sa victime. (Source : interview de Catherine Héry, psychologue clinicienne au CHU de Nantes, 22 juillet 2013 – www.futura-sciences.com )

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