Mayeras, Maud « Reflex » (2013)

Mayeras, Maud « Reflex » (2013)

Auteur : Maud Mayeras est une romancière française, Elle est née le 6.10.1981 à Limoges où elle vit toujours. Son premier livre, « Hématome » est paru aux éditions Calmann-Lévy dans la collection Suspense en 2006. Sept ans plus tard, son second roman intitulé « Reflex » est édité aux éditions Anne Carrière. En 2016 elle publie « Lux »

Anne Carrière – 03.10.2013 – 365 pages / Pocket – 12.03.2015 – 480 pages

Résumé : Iris Baudry est photographe de l’identité judiciaire. Disponible nuit et jour, elle est appelée sur des scènes de crime pour immortaliser les corps martyrisés des victimes. Iris est discrète, obsessionnelle, déterminée. Elle shoote en rafales des cadavres pour oublier celui de son fils, sauvagement assassiné onze ans auparavant. Mais une nouvelle affaire va la ramener au coeur de son cauchemar : dans cette ville maudite où son fils a disparu, là où son croque-mitaine de mère garde quelques hideux secrets enfouis dans sa démence, là ou sévit un tueur en série dont la façon d’écorcher ses victimes en rappelle une autre.

La canicule assèche la ville, détrempe les corps et échauffe les esprits, les monstres se révèlent et le brasier qu’Iris croyait éteint va s’enflammer à nouveau dans l’objectif de son reflex.

Mon avis : Noir c’est noir ! Quelle maestria ! Un thriller psycho- psychologique comme je n’en ai pas lu souvent. J’avais dejà fait la connaissance de cette autrice en lisant, « Hématome » mais là c’est encore un cran au-dessus. On plonge dans l’horreur, dans le glauque, dans l’inimaginable, dans le suspense (et là elle fait très fort jusqu’au pont final). Les relations familiales sont loin d’etre faciles et les années qui passent n’y changent pas grand-chose… Plusieurs histoires se mélangent, et les pièces de ce puzzle finissent par se mettre en place. Machiavélique et diabolique, hautement addictif et c’est un roman que j’ai commencé et que je n’ai pas pu lâcher ! Moi qui lis généralement plusieurs livres à la fois, cette fois-ci, impossible de décoller ! Il faut quand même avoir l’estomac bien accroché… Ce qui s’imprime dans la pellicule de l’appareil photo s’imprime dans  l’iris de l’œil et dans la mémoire d’Iris..

Extraits :

[Les photographies] sont la preuve que quelque chose a été là et n’est plus. Comme une tache. Et leur immobilité est déroutante. On peut leur tourner dos, mais quand on revient, elles sont toujours là en train de vous regarder.

Je n’aime pas le bruit de mes pas sur les pavés secs. Cet autre cœur qui fait semblant de battre près de moi et qui n’existe pas.

Je n’aime pas le silence, il appelle les mauvaises pensées.
Je laisse souvent entrer les bruits. Le ronflement des moteurs et les mots roturiers des piétons. Ils pénètrent par la fenêtre et me rassurent.

Les riverains nous attendaient, des femmes surtout, pour la plupart encore en robe de chambre. Un chien hargneux dans les bras de l’une, du vide à serrer dans les bras de l’autre. De la curiosité dans tous les yeux avides, qui voulaient voir l’horreur, qui cherchaient des histoires à raconter autour du gigot du dimanche.

Pour oublier son rire, j’ai tenté de comprendre ceux qui avaient cherché à l’effacer. Pour oublier son visage, j’en ai cherché d’autres plus abîmés. Pour oublier la douceur de sa peau, je me suis entourée de corps froids. Et, pour oublier son odeur, j’ai choisi la puanteur de la mort.

J’ai vu les dessins creusés par les larmes, comme deux blessures sur ses joues. Elles avaient coulé, jusqu’à ce que ses yeux soient vides.

Je n’aime pas le souffle des fantômes. Souvent prisonniers des murs que je visite, ils caressent mes épaules. Ils m’invitent à rester. Ils tirent sur mes manches et mendient mon temps.

Je n’aime pas les au revoir, ils m’obligent à mentir presque chaque fois.

Un nouveau bleu sur mon corps. Un de plus, parmi les autres qui vont et viennent depuis des années. À l’extérieur. À l’intérieur.

Les contes pour enfants sont terrifiants et merveilleux, on y souffre, on y saigne, on y meurt et, parfois, on y vit heureux.

J’essaie simplement de comprendre ce qui peut pousser un esprit à se tordre à tel point qu’il devient capable de ces choses-là. Je tente juste de mettre le doigt sur les raisons qui rendent capable de franchir la limite fragile entre le bien et le mal, les raisons qui permettent de commettre de pareilles horreurs.

L’averse, dehors, rend la fenêtre aveugle. Je ne vois plus que ce rideau humide qui recouvre les rues, les toits et les derniers passants.

Des petits pas de vieux et des mains qui sucraient les fraises entre les menottes. Martin se rappelait les avoir entendues tinter durant tout le trajet. Cling clang, cling clang. Comme le traîneau du Père Noël.

Je n’aime pas les adieux. Ils ne me font rien. Ni bien ni mal. Que dalle. Les adieux sont une foutue perte de temps.

 

 

 

 

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