Henry, Natacha «L’affaire des fées de Cottingley» (RL2020)

Henry, Natacha «L’affaire des fées de Cottingley» (RL2020)

Autrice : née le 28 février 19681 est une essayiste féministe, historienne et journaliste franco-britannique.

Editeur Rageot – 26.08.2020 – 192 pages

Résumé : Le roman, inspiré de faits réels, se déroule durant l’été 1917 en Angleterre, à Cottingley. Elsie, 16 ans, s’occupe de sa cousine Frances, 9 ans, venue vivre chez elle avec sa mère, le temps que la guerre se termine. Un jour, réprimandées après une promenade, les cousines inventent une excuse : elles ont vu des fées près du ruisseau ! Pour le prouver, Elsie, passionnée de photographie, prend en photo Frances posant devant des fées en carton.
Le truquage est si réussi que leurs mères, émerveillées, les croient. Elles décident de prendre une autre photo…

Mon avis : Une amie m’a demandé de lire ce petit livre pour voir s’il serait adapté à une fillette de 11 ans. Ma réponse est oui. Une jolie lecture pour une enfant.  Surtout pour une fillette (non je ne fais pas de sexisme mais c’est nettement plus une histoire de filles)

Inspirée de faits réels – les personnages ont existé et l’histoire est véridique – cette affaire de fées se déroule pendant la Première Guerre Mondiale en Angleterre. Comment deux fillettes de 16 et 9 ans ont mystifié toute la communauté scientifique de l’époque …

C’est une jolie histoire et aussi l’histoire d’une passion : la photographie, une passion qui lie un père et une fille. La jeune fille de seize ans effectue un stage de retoucheuse chez un photographe, et rêve de devenir artiste et photographe. Son père possède un appareil photo (un Midge) et il a chez lui une chambre noire dans laquelle il développe ses propres tirages.
C’est un livre sur l’importance de l’imaginaire pour s’évader et échapper au quotidien. Des histoires de fée et de gnomes et créatures magiques qui lient deux cousines. La plus grande comprend que la petite s’accroche au monde merveilleux des fées – tout en y croyant pas – pour s’évader du quotidien qu’elle a du mal à supporter (son père étant soldat au front elle a besoin d’un dérivatif). Ce qui est plus surprenant c’st que les mères croient à l’existence du monde des fées, lutins, gnomes et autres créatures. C’est aussi un livre sur l’amitié.
C’est un roman sur la tolérance, sur le père qui va accepter ce qu’il trouve aberrant : lui qui croit à la science et à ce qu’il voit, il va prendre sur lui pour ne pas mettre en péril son couple..
C’est également un livre sur les conséquences d’un mensonge qui paraissait anodin, sur les limites des connaissances des experts, sur engrenage dans lequel on peut se retrouver pris et comme il devient compliqué de se dépêtrer d’une situation inextricable, sur la manière insolite de révéler un talent d’artiste. Quand le jeu se mue en réalité, ce n’est pas évident de faire marche arrière… Surtout quand la presse commence à s’emparer de l’affaire et que des grands noms se font l’écho de la découverte que tout le monde rêve de faire depuis le Moyen Âge !  Ce qui est incroyable c’est de voir comment presque tout le monde a marché dans cette histoire!
La deuxième partie du livre présente les documents originaux de cette histoire, les acteurs/actrices de cette affaire de fées (Elsie Wright – Frances Griffiths – les photos – les articles de presse)

Extraits :

Entraîne-toi à regarder l’image et à en comprendre la composition.

– Les fées n’apparaissent qu’aux enfants, a précisé ma mère sur un ton docte à l’intention de mon père. Elles vivent près des villages et des maisons, s’il y a un étang ou une rivière, et sortent surtout en été.

– La précipitation est cause de toutes les catastrophes, en art comme dans la vie, a-t-il dit.

Nous étions des artistes, elles nous prenaient pour des reporters.

Et nous avons dit aux adultes « Désolées, seuls les enfants et les adolescents peuvent voir les fées. Tout le monde le sait ». Ce jour-là j’ai compris que les fées, pour Frances, n’étaient pas qu’un mensonge idiot et un cliché réussi. C’était notre jardin secret vers lequel elle pouvait s’évader, pour ne plus ressentir, l’espace d’un instant, l’absence de son père à la guerre. Je me suis juré de ne pas la décevoir. S’il fallait continuer à faire croire à nos mères que nous avions vu et photographié des fées, alors j’irais jusqu’au bout.

Dans cette maison, finalement, chacun était libre de penser ce qu’il voulait, tant que cela ne causait du tort à personne. On n’allait pas se brouiller pour des histoires de fées et de ruisseaux !

Image : Photo prise par Elsie  ( Musée national des sciences et des médias de Bradford, dans le Yorkshire)

 

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