Oates, Joyce Carol « Zombi » (2011)

Oates, Joyce Carol « Zombi » (2011)

Autrice : Joyce Carol Oates, née le 16 juin 1938 à Lockport dans l’État de New York, est une femme de lettres américaine, à la fois poétesse, romancière, nouvelliste, dramaturge et essayiste. Elle a également publié plusieurs romans policiers sous les pseudonymes Rosamond Smith et Lauren Kelly.
Elle a remporté de nombreux prix pour ses écrits, y compris le National Book Award, pour son roman Eux (1969), deux O. Henry Awards, la National Humanities Medal et le Jerusalem Prize (2019). Ses romans Reflets en eau trouble (1992), Corky (1994) et Blonde (2000) et ses recueils de nouvelles La Roue de l’amour (1970) et Lovely, Dark, Deep: Stories (2014) ont chacun été finalistes pour le prix Pulitzer.

Stock – 4.5.2011 -209 pages / Livre de poche – 03.12.2014 – 210 pages (titre original Zombie (1995) – Claude Seban (Traducteur)

Résumé :
Il pose bien un peu problème à son professeur de père, et à sa mère – qui l’adore – mais ni l’un ni l’autre ne croient une seconde à l’accusation d’agression sexuelle sur un mineur dont il est l’objet. Il est un cas pour le psychiatre-expert auprès des tribunaux chargé de le suivre, qui se sent néanmoins encouragé par la nature toujours plus positive de ses rêves et sa franchise à en discuter. Il est le plus exquis et le plus attentif des garçons pour sa riche grand-mère de moins en moins capable de lui refuser quoi que ce soit. Il est le plus vrai et le plus abominablement terrifiant des tueurs-psychopathes jamais imaginés dans un roman dont on se demande par instants comment l’auteur a pu trouver les mots pour l’écrire. Joyce Carol Oates nous offre encore une fois avec Zombi la preuve de son immense talent.
En donnant la voix à une âme des plus noires, elle plonge dans l’ignominie, et le lecteur avec elle de pénétrer l’innommable.

Mon avis : Première fois que je lis un livre de cette autrice. Je ne sais pas à quoi je m’attendais, mais certainement pas à ça ! Surtout que je savais que l’autrice est une poétesse. Et bien pas dans ce livre-ci !
A côté de ce livre, les livres d’auteurs réputés être les maîtres de l’Horreur comme Stephen King ou Graham Masterton sont des romances pour enfants ! J’ai juste ha-llu-ci-né !
Heureusement que le livre est court car c’est juste hyper malsain (mais remarquablement bien rendu). L’idée de Quentin est de créer un « zombi » pour assouvir ses fantasmes sexuels… Pour cela il ne faut qu’un simple pic-à-glace et un sujet à lobotomiser…  Simplement ça…
Le style de l’autrice est extrêmement intéressant. Le livre est à la fois factuel, tranchant et froid et à la fois dérangeant par les & et les petites illustrations qui déstabilisent.
Autour de lui, la famille est loin d’imaginer les actions de ce jeune homme si adorable… même s’il a fait l’objet d’une incarcération pour agression sexuelle sur un mineur, que la famille qualifie d’erreur. Mais le pire est que le jeune Quentin ne considère pas ses « sujets d’expérience » comme des humains et sa façon de les appréhender fait froid dans le dos, même si ils les appelle avec des jolis noms qui correspondent à un vocabulaire imagé d’enfant..
Et derrière une critique sociale qui tendrait à dénoncer le fait que la justice n’set pas la même pour les blancs et pour les noirs… Mais qui en doute encore ?

Extraits :

Le temps est-il au-dehors de moi. C’est ce que j’ai commencé à me demander au collège, quand les choses se sont mises à aller vite. Ou est-ce qu’il est au-dedans.
S’il est AU-DEHORS, il faut suivre l’allure de ces putains d’horloges & de calendriers. Pas question de se relâcher. S’il est AU-DEDANS, on fait ce qu’on veut. Tout ce qu’on veut. On crée son propre Temps.

Merde au PASSÉ, ce n’est PAS MAINTENANT. Rien de ce qui n’est PAS MAINTENANT n’est réel.

Papa & Maman avaient espéré que je devienne un scientifique comme Papa, ou un médecin. Mais les choses avaient tourné autrement. Je savais que j’étais capable de pratiquer une lobotomie transorbitale même si cela devait rester secret. Tout ce qu’il me fallait, c’était un pic à glace. & un spécimen.

Il n’y a pas de PASSÉ où l’on puisse aller, pour changer les choses ou même pour savoir ce qu’elles étaient mais il y a incontestablement un avenir, on y est déjà.

C’est superstitieux & rétro de penser en termes de faute, de responsabilité, de culpabilité.

Ses yeux délavés sans couleur & dedans l’impression bizarre de voir des QUENTIN miniatures se refléter ! Car quand ils vous ont aimé comme leur enfant, leur propre chair étrange née de leur corps ou du corps de leurs enfants, vous restez toujours BÉBÉ à leurs yeux.

Parce qu’un vrai ZOMBI ne pourrait pas dire quelque chose qui n’est pas, seulement quelque chose qui est. Ses yeux seraient ouverts & transparents mais il n’y aurait rien à l’intérieur qui voie. & rien derrière qui pense. Rien qui juge.

Est-ce que les os flottent ?
& si oui, mais sans chair dessus, & les os eux-mêmes éparpillés & perdus les uns pour les autres, quelle identité y a-t-il. Je n’y pense jamais.

3 Replies to “Oates, Joyce Carol « Zombi » (2011)”

  1. Je suis presque étonnée de voir que tu n’as lu qu’un seul livre de cette auteure, ce n’est pas un reproche, tu te doutes en aucun cas Mais sa plume, son univers est si riche, je le découvre au fil de ces livres et elle est inattendue. Je n’ai pas lu celui dont tu commmentes mais il me conforte dans ce sentiment d’un univers très vaste propre à ces grands écrivains. Elle est considérée comme une des plumes contemporaines avec laquelle il faut compter, je n’en doute pas. Je viens de terminer Les chutes et malgré quelques digressions c’est un livre dont l’écriture, l’architecture, la façon d’amener le lecteur à découvrir le personnage presque à grandir avec lui, est bluffante. Je recommande chaleureusement cette auteure, à n’en pas douter à découvrir absolument !

    1. Tellement pas aimé Zombi que j’avoue que je n’ai pas trop envie d’y replonger…. Il y a tant de belles plumes… Mais je vais peut-être retenter l’expérience… Un conseil ?

  2. Un conseil, c’est délicat car son oeuvre est tellement vaste. Je dirai : « Nous étions les Mulvaney » ou « les chutes » (que je viens de terminer) ou « Blonde ». Par contre j’ai beaucoup moins aimé « Carthage ». Mais je ne suis pas non plus une experte sur cette auteure mais ce qui me subjugue toujours chez elle, c’est la forme, tout un art, une sacrée écrivaine tout de même !

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